Ghouini limogé par son Majliss Choura
C’est la crise au sein du parti islamiste El-Islah. C’est ainsi qu’on apprend que le secrétaire général du Mouvement, Ghouini Filali a été destitué par le Majliss Choura du parti, lors d’une session extraordinaire tenue presque secrètement dans une wilaya de l’intérieur du pays.
Selon des affirmations de cadres du mouvement, l’intérim aurait été accepté par l’ancien SG Djahid Younsi. Un communiqué officiel serait bientôt diffusé à la presse pour expliquer les raisons de ce changement.
En fait, la crise interne couvait depuis plusieurs mois entre Ghouini et une bonne partie des membres de son Majliss Choura. Ces derniers reprochaient à leur leader sa propension à faire cavalier seul dans la gestion des affaires du parti, ses actions contraires au règlement intérieur et aux statuts du parti et surtout sa marginalisation des instances politiques de la formation dans les grandes décisions nationales.
Selon des sources, le conflit aurait pris des proportions graves quand Ghouini lança des critiques acerbes à l’encontre de certains membres influents du Majliss Choura, allant jusqu’à les qualifier avec des quolibets « dégradants ». C’est sans doute ces derniers dérapages qui auraitent poussé le majliss à « limoger » le SG et lui imposer le retrait de confiance.
Pourtant, des signes de réconciliation ont été perçus avant le mois du ramadhan, après de longs efforts de négociation et des tentatives de rapprochement.
Le contexte politique national et surtout les enjeux de la conjoncture devaient inciter les responsables du parti à dépasser les conflits internes, d’autant qu’en face le MSP et Ennahdha insistent sur la reconduction d’une alliance islamiste parlementaire et l’engagement d’une réflexion sur un autre projet politique d’envergure qui rassemblerait toute la mouvance autour d’objectifs précis.
D’ailleurs, les islamistes cherchent à anticiper sur l’échec et l’éclatement de la coordination nationale des libertés (CNLTD) depuis que des divergences profondes ont éclaté récemment.
A l’occasion d’une session ordinaire de ce conseil consultatif, tenue en mai dernier, il semblait que les choses au sein d’El Islah allait revenir à la normale. Or, la trêve n’aura pas duré longtemps. Selon des indiscrétions, Ghouini aurait commis l’irréparable au début du mois de juillet, sans consulter personne, allant jusqu’à fermer le siège du parti à Alger et à changer les clés.
Ce sont ces « dérapages » qui ont poussé le président du majlis Hamlaoui Akkouchi à prendre l’initiative, invitant les membres à une session extraordinaire tenue lundi dernier au siège du parti à Bordj Bou Arréridj.
Le retour de Djahid Younsi, un an après sa démission à la tête du parti, va t-il consacrer le début d’une nouvelle guerre intestine ? Ghouini va t-il baisser les bras facilement ? Quel avenir politique pour ce parti, dont une bonne partie de ses cadres sont d’anciens partisans de Djaballah et qui ont fait scission en 2004 ?