Ghardaïa: Un immense potentiel touristique à mettre en valeur
La wilaya de Ghardaïa, située à 600 km de la mer, constitue un arrière-pays doté d’un immense potentiel de haute facture touristique. C’est une offrande divine, une source à divers pôles d’excellence pouvant s’intégrer dans un développement durable. Ses paysages sont de véritables vitrines pour la destination Algérie, avec une architecture unique au monde, des attributs de durabilité, de compétitivité et d’originalité.
Le schéma directeur local élaboré depuis les années 1970 instaure une vision axée sur une interactivité de l’organisation structurelle de l’offre touristique vers les marchés interne et externe, la valorisation des atouts du territoire et la hiérarchisation des actions de prospective du secteur sur les segments du tourisme urbain, culturel, historique, thermal ou encore l’écotourisme dans sa diversité.
Le plan d’action sur ce schéma directeur est singularisé autour de nombreux sites naturels de la wilaya qui, par leur envergure, accentuent sa seconde vocation après l’agriculture, et ce pour l’aiguiller sur le développement du tourisme thermal, de santé et de bien-être, eu égard aux gigantesques réserves thermo-minérales de Zelfana, suivi du tourisme rural et culturel adossés à la richesse des vestiges historiques.
La wilaya de Ghardaïa évolue depuis bien longtemps dans un schéma directeur de l’aménagement territorial qui se fond dans l’échiquier touristique national, à partir de la zone sud-sud du pays qui englobe vingt wilayas : Nâama, Laghouat, Biskra, El-Oued, El-Bayad, Ghardaïa, Touggourt, Béchar, Ouargla, El-Menia, Béni Abbas, Timimoun, Tindouf, Adrar, Aïn Salah, Illizi, Bordj Badji Mokhtar, Tamanrasset, Djanet et In Guezzam.
A Ghardaïa, la saison touristique semble déjà partie avant l’heure. Les premiers touristes flânent déjà sur la place du marché. A l’occasion de la prochaine trêve hivernale 2023, le nombre de personnes qui transiteront par Ghardaïa dans leur périple saharien sera sans doute considérablement augmenté. Mais pour que la partie soit réellement gagnée, l’environnement devra s’y mettre et des mesures devront être prises afin de libérer les énergies et les initiatives.
C’est dire que l’écrin de Ghardaïa continue, au fil des années, à drainer des touristes venus des quatre coins du pays, et de l’étranger pour certains. Un représentant d’une agence de voyage italienne rencontré par le Jeune Indépendant explique l’engouement de sa clientèle pour notre pays : « Ici, dit-il, c’est nature. Vous n’avez pas subi trop d’envahissement et il ne faudrait pas que les gens changent. »
Restez « nature », c’est bien sûr éviter certains travers sur lesquels il est inutile d’épiloguer. Il est même probable que la pentapole du M’zab éprouve quelques réticences à se mettre au diapason d’un tourisme renaissant, surtout la nuit. Car le jour, Ghardaïa se lève tôt et présente une face pleine de vie.
C’est vrai que durant cette année, sa célèbre place du marché s’est considérablement appauvrie. Ses espaces sont quasi vides. De nombreux artisans délogés depuis plusieurs mois, dans le cadre d’une soi-disant opération de réhabilitation, attendent toujours leur réintégration sur la place. Son artisanat demeure en deçà des espoirs.
On n’entend plus dans les ruelles étroites de la pentapole le martèlement aigu du dinandier ou du sculpteur sur bois. Ses tapis et ses épaisses couvertures en laine demeurent les rares étendards d’un artisanat en perdition. La vente de tapis à la criée s’est éclipsée, peut-être à jamais. Les seuls souvenirs que l’on puisse rapporter du M’zab, mis à part les tapis et autres objets communs de cuir, d’argile ou encore des dattes, sont les belles photos d’un paysage et d’un site unique au monde.
Comme beaucoup de villes du sud du pays, Ghardaïa doit saisir cette nouvelle aubaine à portée de main et sortir de sa léthargie. Certains l’ont bien compris : leurs modestes agences de voyage fournissent des prestations de service privées pour les omras seulement, et à l’ONAT, ils fournissent les guides, organisent des méchouis en plein air, etc. Leurs prestations se limitent trop souvent à la billetterie. Les moyens leur manquent pour faire autre chose. D’autres ne mesurent pas encore la portée de leur fonction : les ordures ménagères, dont le ramassage est souvent négligé, sont filmées par les touristes !
Rappelons-le, la vallée du M’zab est inscrite depuis 1982 au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco en tant que valeur universelle exceptionnelle. Une telle vocation à exploiter pour hisser la région au rang des meilleures destinations de l’Algérie recèle donc des potentialités et des atouts touristiques remarquables et diversifiés avec son architecture ancestrale, son tourisme culturel, des dunes de sable et de belles palmeraies, pouvant jouer un rôle de premier choix dans la promotion de la vie économique et sociale de sa région.
Or, son développement est entravé, notamment par une faible infrastructure hôtelière naturelle, telles que les maisons d’hôtes et les campings ‘’Hôtels Nomades’’. Cette adorable région, nommée « la porte du désert », est plus que jamais tenue d’enregistrer un développement rapide en matière de capacité d’accueil des touristes si l’on veut atteindre les objectifs escomptés par le ministère du Tourisme et les autorités locales.
Les hautes autorités du pays doivent réfléchir sérieusement à une vraie stratégie promotionnelle de la wilaya de Ghardaïa en matière du tourisme à remettre en valeur. Une potentialité qui peut faire de Ghardaïa une destination nationale et internationale d’une vocation particulière pour les touristes. Ainsi, le développement et la promotion de la destination Ghardaïa ne pourront se faire sans le concours de l’ensemble des intervenants publics et privés.