Ghara Djebilet ou le caverneux chahut marocain

Derrière les contreforts de Tindouf, une nouvelle musique hostile est en train de s’élever avec pour objectif de chahuter un immense projet entre l’Algérie et la Chine pour l’exploitation de la mine de Ghara Djebilet, près de la frontière marocaine.
Depuis l’indépendance, ce gisement, découvert en 1952, suscite des rêves en raison de son potentiel et forcement des convoitises du voisin de l’Ouest et ses mentors . Sa localisation en terrain difficile et isolé a rendu son exploitation très exigeante . Mais la technologie a fait de tels bonds que cela devient désormais à portée des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a lancé samedi dernier le projet, deux mois après un feu vert du Conseil des ministres.
“La mine de Ghara Djebilet représentera une source importante de revenus pour le pays” et jouit d’une “importance vitale pour accélérer le rythme du développement local et national”, argumentait le Conseil.
Sur les lieux, M. Arkab a affirmé que le chantier “permettra la production de 2 à 3 millions de tonnes de minerai de fer par an pour la première phase (2022/2025) puis de 40 à 50 millions de tonnes à partir de 2026.
Cette étape décisive a réveillé un démon somnolant depuis 50 ans de l’autre côté de la frontière où l’on n’hésite pas à claironner qu’il s’agit d’un bien commun.
Le président Houari Boumediene et le roi Hassan II ont signé en 1972 une convention “pour la mise en œuvre de la mine de Ghara Djebilet”.
Le texte stipulait clairement que “l’Algérie est propriétaire du gisement minier de fer Ghara Djebilet, situé sur son territoire et relevant de sa pleine et entière souveraineté”. Les deux chefs d’Etat avaient convenu de créer aussitôt une société mixte algéro-marocaine pour le transport et la commercialisation des minerais extraits.
C’était il y a 50 ans et depuis beaucoup de vent a soufflé sur le sable du désert. Mais le Maroc laisse croire que la convention est toujours valide. “Faux!”, répond sans détour un diplomate interrogé par le Jeune Indépendant. ” La convention de coopération pour la mise en valeur de la mine de Gara-Djebilet est bel et bien tombée en caducité pour des raisons à la fois juridiques et politiques.”
Signée le 15 juin 1972 à Rabat, cette convention qui est annexée à l’accord relatif au tracé de la frontière d’Etat entre la RADP et le Royaume du Maroc, a été ratifiée le 17 mai 1973 par l’Algérie ; il a fallu attendre 20 longues années pour que le Maroc promulgue, à son tour, sa ratification par le Dahir daté du 22 juin 1992.
Il convient de souligner qu’à ce jour, et contrairement à l’Algérie, le Maroc n’a toujours pas déposé les instruments de ratification de l’accord sur la délimitation de la frontière terrestre auprès du Secrétariat général des Nations-Unies ce qui, évidemment, interroge sur la sincérité et la crédibilité des engagements souscrits par ce pays.
Il convient également de rappeler que la déclaration politique algéro-marocaine signée à la même date, soit le 15 juin 1972, visait essentiellement, au même titre que l’accord sur les frontières, à établir la base d’une « paix permanente et d’une ère de concorde » entre les deux pays . Or, en 1976, le Maroc avait décidé unilatéralement de rompre ses relations diplomatiques avec l’Algérie. La suite est un long parcours fait de reniements, de provocations et d’actions hostiles à l’égard de l’Algérie.
Enfin, il n’est pas inutile de souligner que l’alinéa 4 du préambule de la convention de coopération pour la mise en œuvre de la mine de Gara-Djebilet énonce clairement que l’Algérie est propriétaire de ce gisement minier, situé sur son territoire et relevant de sa pleine et entière souveraineté”, énonce le diplomate.
Du côté du Maroc, on agite la menace d’un véto contre le projet algéro-chinois, au niveau international. Qu’à cela ne tienne!