Gaz algérien pour l’Espagne : Les négociations sur la révision des prix traînent 

La révision des prix du gaz algérien exporté vers l’Espagne suscite, depuis des mois, des débats dans ce pays. La question alimente les chroniques médiatiques et fait resurgir les craintes et les appréhensions auprès des ménages espagnols et des chefs d’entreprise. 

Selon un journal ibérique, citant de hauts responsables algériens, Alger s’impatiente depuis des semaines et attend une réponse rapide de la part de la société énergétique espagnole Naturgy au sujet de cette révision.

« Dans les négociations sur le prix du gaz, Naturgy traîne les pieds. Elle doit répondre rapidement tant sur l’acceptation du nouveau prix que sur la durée du nouveau cahier des charges. Les Italiens (ENI) et les Français (Engie) l’ont déjà accepté », aurait appris le média espagnol auprès de hauts responsables algériens qu’il n’a pas cités.

« Les négociations pour la révision des prix se poursuivent. Les relations avec Sonatrach, ajoute la même source, sont bonnes et c’est un partenaire fiable de Naturgy depuis des décennies ».

D’autres sources consultées par le journal espagnol et ayant connaissance des négociations supposent que Naturgy tente de retarder la signature de la renégociation afin d’obtenir un meilleur prix. 

Seulement pour certains observateurs, cette attitude comporte des risques immenses pour Madrid, d’autant que les autorités algériennes seraient prêtes à fermer les vannes jusqu’à l’obtention d’un accord satisfaisant ou, à la limite, à réduire considérablement les volumes exportés de gaz. 

L’Union européenne a récemment recommandé à ses Etats membres de négocier rapidement avec l’Algérie sur la fourniture en gaz, estimant que ce pays producteur est fiable et possède deux gazoducs reliant l’Europe, d’où un moindre coût. 

Il convient de souligner que la révision des prix fait partie des clauses du contrat, comme c’est l’usage dans ce genre commercial. Alger a lancé le processus de négociation sur la révision plusieurs mois avant le début de la crise entre l’Algérie et l’Espagne, et bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les approvisionnements en gaz en Europe.

Cette révision survient à un moment où l’Espagne paie la plus lourde facture de gaz de son histoire. 

En effet, un autre journal espagnol a indiqué que la facture de gaz du pays a dépassé la barre des 30 milliards d’euros en 2022, soit la plus élevée de son histoire.

Le quotidien Información, qui cite certaines sources, a rapporté que les autorités ont importé pendant les premiers mois de l’année des quantités de gaz naturel pour 12,3 milliards d’euros, soit 328% de plus qu’à la même période de l’année 2021.

Selon la même source, la facture pourrait s’élever à 40 milliards d’euros, à laquelle s’ajoutent les importations en pétrole et en charbon et dérivés qui constitueront un lourd fardeau.

L’Espagne a importé 43 millions d’euros de produits énergétiques durant le premier semestre 2022, soit 140% de plus que la moyenne annuelle. Ce qui n’est pas sans entraîner un déficit de la balance commerciale de 25 milliards d’euros durant cette même période (janvier-juin 2022).

Contrairement à la France et à l’Allemagne, l’Espagne n’a pas d’alternative au gaz, c’est pourquoi elle s’efforce à obtenir des quantités supplémentaires de gaz. 

Pour rappel, l’Espagne s’approvisionne essentiellement en gaz algérien via le gazoducgazoduc Un gazoduc est une canalisation destinée au transport de matières gazeuses sous pression, la plupart du temps des hydrocarbures. Selon leur nature d'usage, les gazoducs peuvent être classés en trois familles principales : 1- gazoducs de collecte, ramenant le gaz sorti des gisements ou des stockages souterrains vers des sites de traitement. 2- gazoduc de transport ou de transit, acheminant sous haute pression le gaz traité (déshydraté, désulfuré, ...) aux portes des zones urbaines ou des sites industriels de consommation 3- gazoducs de distribution, répartissant le gaz à basse pression au plus près des consommateurs domestiques ou des petites industries. Medgaz reliant l’Algérie et ce pays ibérique, mais elle importe des quantités importantes des Etats-Unis et dernièrement de la Russie.