Fresque de Sandra

En tête d’affiche de la troisième soirée du 12e Festival international Dimajazz de Constantine, Sandra Nkake la chanteuse, l’auteur-compositeur et l’actrice qui a transformé la scène du chapiteau, dans le Plateau de Zouaghi, en un espace de fiction, de poésie et de dialogue sur l’humanité.
Avec son propre look, ses couleurs en noir et blanc et du vert, sa manière de danser telle une ballerine d’opéra moderne et, surtout, une voix qui vous tient bien en éveil, la Camerounaise Sandra Nkake de Yaoundé n’a rien à envier à des monstres de la scène, qu’ils soient ses aînés ou pas. Forte d’un état d’esprit multiculturel, elle véhicule une poésie axée en particulier sur la condition humaine.
Elle inaugurera son concert constantinois – le premier en Algérie – par Like A Buffalo. De quoi mettre son audience attentive hic at nunc dans l’ambiance tout en évoquant la liberté, sinon la position d’un homme qui rejette les codes sociaux Elle conjugue son verbe au style direct tout en brassant différents modes musicaux axés sur la pop musique.
Inclassable dans son genre, la comédienne de ce soir là s’apparente à une conteuse qui, en musique et bruitage électro, envahit l’espace pour raconter des histoires au sujet simple mais important. Dans Conversation, elle rappelle que les petites filles ont tendance à écouter en cachette les discussions des adultes.
La chanteuse ne manque pas d’être drôle, décrivant comme dans l’écriture d’une pièce théâtrale un personnage, des personnages avec tendresse et affection. Après ce bla bla bla redondant, il est insinué qu’il n’y a pas à juger les personnes. Tout au long de son chant, soutenu en particulier par la flûte de Jérôme Drû (son vocaliste et producteur, très applaudi par le public), elle offre avec son feeling chaleureux des compositions teintées de rock, de soul, de rhythm ’n’ blues… Une grande énergie durant laquelle la fiction est plutôt assimilée à un caractère futuriste. Sandra implique régulièrement son audience à chanter ou tout simplement taper des mains.
Cette francophone du Cameroun fera aisément participer le public, l’invitant à se mettre debout et à l’accompagner. Elle scandera des slogans, ô combien importants ! mais avec simplicité. Elle brandira son poing en disant entre autres : « Nous sommes tous ’’Un’’, pas de jaune, pas de noir, pas de blanc ! ». Antiraciste de fait et ouverte sur toutes les cultures du monde, elle finira par quitter la scène, non pas pour se retrouver dans sa loge. Elle descend le petit escalier et ira se mêler à la foule sans s’arrêter de chanter.
Bissée à deux reprises, elle chantera en a capella avant que ses chers musiciens ne reviennent pour une dernière. Elle aura alors une pensée à sa maman et à tous ceux qui sont décédés, mais qui ne sont jamais partis. Elle, aussi, ne partira pas sans laisser sa trace épique, son groove explosif, son appel à la renaissance, une fresque pleine de lumières.
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