France: La Justice donne raison à Abdallah Zekri contre l’IFOP

« On est en train d’effrayer les Français avec des chiffres bidons ». Ce propos a été tenu le 2 septembre 2020 sur la chaîne C News par le Franco-algérien Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français du culte musulman. M. Zekri était alors invité depuis son domicile à commenter en visioconférence les résultats d’un sondage réalisé par l’institut IFOP.
Dans l’émission « L’heure des Pros », l’enquête est présentée ainsi : l’islam en France, le sondage choc ». L’introduction du journaliste donne le ton de l’analyse à venir « On est quelques-uns à dire que l’islam n’est pas compatible avec la République. » Le chroniqueur Ivan Rioufol, figure de la presse droitière, renchérit: « je suis effrayé ». 74% des musulmans français de moins de 25 ans feraient passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, relevait le sondage.
Connu pour ne pas avoir la langue dans la poche, Abdallah Zekri réplique: « Ecoutez, vous êtes effrayés, je suis effrayé et on est en train d’effrayer les Français avec des chiffres bidons parce que moi j’ignore de quelle manière et dans quelles conditions ce sondage a été fait ».
«Contrairement à l’IFOP, moi je vais dans les mosquées et je ne vois pas des jeunes aussi nombreux que par le passé, donc qu’on arrête de donner des chiffres de n’importe quoi», s’était insurgé Abdallah Zekri, en appelant à «ne pas confondre entre la charia et la religion».
Quelques jours, le journal Le monde consacre un article sur les chaînes de télé et observe que « face à la concurrence, CNews fait le pari d’une parole décomplexée ». L’auteur reprend une partie des propos de M. Zekri sous forme de démonstration. Dans la foulée, lIFOP dépose plainte pour « diffamation » contre M. Zekri. Il est inculpé le 19 janvier 2002.
Son avocate Khadidja Aoudia, bâtonnière du barreau de Nîmes, a demandé la nullité des poursuites parce que les propos de son mandant relèvent du débat public. Le tribunal de Paris vient de lui donner raison.
Le président de l’Observatoire s’est félicité de cette décision de la justice française, en regrettant qu’«il soit permis, dans certains cercles et médias, de critiquer l’islam et les musulmans sans aucune retenue et qu’il ne soit pas toléré que soient contredites les assertions et les allégations de certains intervenants qui s’autoproclament spécialistes de tout et de rien».
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