Focus sur l’occupation et la paix

Invités au 21e Salon international du livre d’Alger, ce jeudi 27 octobre, dans le cadre du programme Estrades du 21e Salon international du livre d’Alger, au Palais des expositions des Pins Maritimes, les romanciers Roubeï El Medhoun de Palestine et le Français Jean-Noël Pancrazi ont échangé avec l’assistance leurs expériences respectives dans la littérature.
Les deux romanciers ont en partage une enfance marquée par la guerre, ils ont évoqué leur approche d’une « littérature (en temps) de crise ».
Auteur et journaliste, le Palestinien Roubeï El Medhoun a affirmé que l’occupant israélien craint la littérature palestinienne « qui offre aujourd’hui une version de l’histoire et du quotidien contredisant les mensonges justifiant l’occupation » israélienne. Il a expliqué que l’imaginaire collectif israélien se réfère à des
« croyances confessionnelles et (des) fondements religieux instrumentalisés pour justifier la colonisation ».
Ce romancier né en Palestine en 1945 confie avoir subi une campagne de dénigrement « orchestrée par des lobbies juifs » qui ont demandé son « expulsion » du Festival mondial de la littérature à Berlin de 2016 pour l’empêcher de témoigner en tant qu’écrivain, rapporte l’Agence presse service d’Algérie.
Cet écrivain est le premier palestinien à être, en avril 2016, lauréat du prix Arab Booker Price 2015 pour son roman Destins : le concerto de l’Holocauste et de la Naqba. Un ouvrage qui passe en revue trois périodes historiquement marquantes : l’Holocauste, l’exode palestinien dès 1948 – el nakba – et l’idée d’un retour légitime et apaisé en Palestine.
De son côté, Jean-Noël Pancrazi, membre du jury du Prix littéraire français Renaudot, a estimé que l’écriture en temps de crise et de bouleversements est un acte « nécessaire pour apporter la paix et dominer la douleur ». Natif de Sétif en 1949, cet écrivain a vécu à Batna jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Il a expliqué l’influence de son enfance sur ses écrits, notamment Madame Arnoul (1995) ou Les quartiers d’hiver (1990), tous deux primés en France : en portant sur « cette période de la guerre de libération » un regard d’enfant, il lui sera possible d’ « écrire sans condamner ni porter de jugements ». Pour lui, il s’agit de « l’unique moyen d’appréhender les bouleversements vécus sans parti pris ».
Le Salon international du livre d’Alger se poursuivra jusqu’au 5 novembre avec encore au programme des Estrades des écrivains comme Habib Sayeh, Waciny Laredj, Amine Zaoui, Jean-Christophe Rufin, Edwy Plenel, Alberto Ruy-Sanchez.
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