FLN : Saâdani choisit les purges
Est-ce le retour de manivelle au sein du FLN ? Que cachent les nouveaux rebondissements organiques ?
Alors que tout le monde pensait que la situation au sein du parti allait vers une accalmie, passagère ou durable, que de hautes sphères, des cercles présidentiels dit-on, avaient recommandé un « cessez-le-feu » et la fin des hostilités en raison de la conjoncture interne et régionale, voilà que des informations font état de la décision du secrétaire général, Amar Saâdani, de limoger presque la moitié des commissaires politiques et de les remplacer par d’autres.
Depuis quelques jours, le membre de la direction nationale chargé de l’organique, Mustapha Maazouzi, aurait reçu des instructions pour espacer les changements et les passations de consignes entre les mouhafedhs (commissaires) limogés et les désignés. D’ailleurs, beaucoup d’observateurs n’avaient pas prévu des changements de cette ampleur, quand Maazouzi avait procédé à deux ou trois nominations ces derniers temps, pensant qu’il s’agissait tout simplement de petites « corrections » organiques.
Selon des sources internes, les purges en question concerneraient surtout les mouhafedhs partisans de l’ancien SG Belkhadem, comme celui d’Oran ou celle de Béjaïa.
Un assainissement attendu, du reste, par les adversaires de Saâdani, qui spéculait depuis les événements de la dernière session du comité central sur un regain d’hostilités.
Les partisans de Belkhadem, alliés aux autres adversaires de Saâdani, réclament le retour à la légalité, c’est-à-dire à l’élection transparente et démocratique d’un SG.
« Ce sont les urnes qui ont précipité le départ de Belkhadem, ce seront encore les urnes qui désigneront son successeur », clament-ils depuis des mois, à l’instar du coordinateur autoproclamé, Belayat. Alors que Saâdani pensait que la question de la légitimité de son poste ne se posait plus, estimant que la priorité est désormais orientée vers la préparation du congrès du parti, aidé en cela par le soutien inattendu de la part du mouvement de redressement emmené par Abada, voilà que d’autres « centralistes » critiquent la façon de procéder de Saâdani, l’accusant de vouloir garder pour longtemps son poste et de faire le vide autour de lui.
En fait, toutes les critiques se focalisent autour d’un enjeu central, celui du congrès, dont la tenue est prévue pour le premier trimestre de l’année prochaine. En effet, si Saâdani maintient ses pressions et accule ses adversaires, tout en gardant son poste de SG, il serait en position de force pour négocier toute option en vue de la prochaine présidentielle de 2019 : soit être candidat lui-même, soit soutenir avec des conditions un autre candidat.
C’est sans doute cet enjeu qui semble avoir ravivé le bras de fer et exacerbé les tensions internes. Saâdani avait accusé, récemment, Belkhadem de vouloir revenir aux commandes du parti juste pour réaliser ses ambitions présidentielles, et d’utiliser son poste politique pour déstabiliser le parti.
Pour d’autres cadres du FLN, neutres ou neutralisés, l’annonce des préparatifs du congrès risque de déclencher de nouvelles batailles internes de grande ampleur et pourrait déstabiliser durablement le parti et l’affaiblir politiquement. Déjà, la crise qui s’éternise au sein des appareils avait fait reculer le parti sur la scène nationale, réduisant d’une manière visible et franche sa présence politique dans des événements majeurs, comme la campagne électorale de la dernière présidentielle, le débat sur la révision de la Constitution ou les campagnes de solidarité en faveur du peuple palestinien.