Le nouveau découpage des wilaya suscite des questionnements

Le nouveau découpage administratif concernant la promotion de dix wilayas déléguées au rang de wilayas à part entière a eu finalement lieu, et ce après un retard qui n’a que trop duré, ouvrant ainsi la voie à plusieurs questionnements.
Les spécialistes s’interrogent désormais sur les voies et les moyens possibles pour assurer le financement de ces nouvelles wilayas situées dans le Grand Sud, sur la problématique de la représentation au niveau des Assemblées mais aussi sur le mode de gouvernance à adopter dans la gestion des nouvelles wilayas.
Au-delà de la décision politique, ces wilayas, situées dans les zones frontalières «chaudes», nécessitent, selon toute vraisemblance, une stratégie élaborée de manière approfondie à même de l’ériger en ceinture sécuritaire, visant principalement à circonscrire les phénomènes de l’immigration clandestine, de trafic de drogue et de terrorisme transfrontalier. Une vision globale qui implique donc des plans de développement local dans le souci de répondre aux besoins et préoccupations de la population locale.
Pour ce faire, une dynamique économique devrait être insufflée en urgence, à commencer par les infrastructures de base, dont le réseau demeure dérisoire et en-deçà des besoins exprimés par ces wilayas, en plus d’une adaptation à son actuel statut exigeant de nouveaux démembrements administratifs des différents départements ministériels.
Porteur de plusieurs dimensions, ce découpage administratif, constitue, selon les observateurs, un «atout» pour les responsables de chacune de ces wilayas promues, dans la mesure où il décentralise la gestion de ces wilayas et leur facilite le travail de proximité, leur permettant ainsi d’agir et d’intervenir plus «rapidement» et «efficacement» en vue de prendre en charge les doléances de la population locale.
De même, il rend moins compliquée l’élaboration de nouvelles cartes de développement local censées tenir compte des spécificités de chaque région et, pourquoi pas, en faire des pôles économiques d’excellence au vu des potentialités existantes. Il est question, estiment les spécialistes, d’établir donc un équilibre régional multidimensionnel tant attendu.
Autonomie financière : quelles perspectives ?
Concernant les budgets de gestion des dix nouvelles wilayas, ils seront certainement introduits dans une loi de finances complémentaire, d’autant que la création desdites localités implique la création de nouvelles structures et nouveaux postes budgétaires.
Le point le plus important dans cet aspect financier reste les enveloppes financières qui devront être débloquées pour la réalisation des projets de développement, dont une partie a déjà été lancée dans le cadre du programme de développement des «zones d’ombre» engagé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en février 2020. Dans ce sillage, une question se pose avec acuité quant aux perspectives et mécanismes à mettre en place pour que ces localités puissent développer leur «autonomie financière» à travers une fiscalité locale.
Deux possibilités pour les futures circonscriptions électorales
S’agissant de la question liée aux circonscriptions électorales, en prévision des prochaines élections législatives anticipées, le constitutionnaliste Amar Rekhila explique que le président de la République jouit d’une prérogative de promulgation d’un décret à l’effet de désigner les circonscriptions électorales, en s’adossant sur le mode électoral qui sera adopté dans le prochain code électoral. «Le problème ne se pose pas si l’on garde les wilayas définies dans leurs nouvelles limites territoriales comme circonscriptions électorales. Dans le cas où l’on
considère la circonscription administrative comme circonscription électorale, un décret devra être promulgué définissant les circonscriptions des électorales des 58 wilayas et le nombre des élus dans chacune d’elles», précise-t-il.
Un toilettage des lois sur la commune et la wilaya est de mise
Par ailleurs, la nouvelle carte géographique des wilayas implique un toilettage des textes juridiques régissant les collectivités locales. Selon les assertions du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Kamel Beldjoud, il y a deux semaines, «un toilettage des textes régissant les collectivités locales devrait avoir lieu en vue de les mettre en conformité avec l’article 17 de la Constitution de 2020».
Il estime que la révision des lois sur la commune et la wilaya vise «à concrétiser une batterie de nouvelles dispositions par rapport aux textes en vigueur, relatifs à l’encadrement de la gouvernance et à la gestion de l’administration territoriale et de la fiscalité locale et de la ville. Elles mettront, explique-t-il, un terme au chevauchement des prérogatives à travers la définition des champs d’intervention de chaque collectivité locale.
En somme, il s’agit, pour le gouvernement, «d’une réforme globale de l’organisation territoriale et de la gestion administrative», et le but de ce chantier est «de promouvoir la démocratie participative» à travers le principe de décentralisation. Pour le citoyen, seule l’application de tout cet arsenal juridique prévu pourrait concrétiser ces «belles» promesses.
Pour rappel, la promotion des circonscriptions administratives en wilayas concerne Timimoun, Bordj Badji Mokhtar, Beni Abbès, Ouled Djellal, In Salah, In Guezzam, Touggourt, Djanet, El M’ghair, El-Menia, portant ainsi le nombre total des wilayas à 58.
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