Date de la rentrée scolaire : Avis mitigés des syndicats

Le ministère de l’Education nationale a enfin levé le voile sur la date de la rentrée scolaire, fixée pour le 19 septembre prochain. Selon des syndicats du secteur, cette annonce a procuré une sorte de libération psychologique pour les parents d’élèves et les enseignants, et a permis de lever l’ambiguïté qui a donné lieu, plusieurs jours durant, à la circulation de fausses informations sur les réseaux sociaux. D’autres syndicats, en revanche, émettent des réserves.
Il ne reste plus que deux semaines avant la prochaine rentrée scolaire pour achever les derniers préparatifs en vue d’accueillir les 11 millions d’élèves, tous paliers confondus. Le livre scolaire et les différentes opérations de solidarité, dont l’attribution de l’allocation spéciale de scolarité, ainsi que l’achèvement des nouvelles infrastructures, le recrutement et la formation des enseignants fraîchement recrutés, la restauration et le transport scolaires, tout doit être fin prêt le jour J.
Malgré les assurances du ministre Belabed sur la bonne préparation de la prochaine rentrée, plusieurs préoccupations risquant d’entraver le bon déroulement de l’année scolaire sont toutefois soulevées par le partenaire social.
Contacté par le Jeune Indépendant, le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba, n’a pas caché sa « satisfaction » quant à la date de la prochaine rentrée scolaire 2023/2024. Selon lui, le 19 septembre est une date acceptable pour la reprise. « C’est une période suffisante pour préparer une rentrée normale pour toute la famille éducative », a-t-il fait remarquer.
Pour le pédagogue, la date fixée par le ministère de tutelle arrange tout le personnel de l’éducation, enseignants et administrateurs, au niveau des établissements ainsi que les élèves et leurs parents. « On aura ainsi du temps pour préparer les enfants, et ce en dépit de la situation sociale et de la cherté de la vie, notamment concernant les articles scolaires », a-t-il indiqué.
Pour M. Boudiba, la priorité est de garantir l’encadrement pédagogique au niveau des établissements scolaires, et ce à travers le pays, ce qui n’est pas chose aisée. « Plusieurs établissements scolaires vont devoir faire face à un manque d’encadrement, que ce soit en personnel administratif qu’en enseignants. Une situation qui risque de perturber le bon déroulement de l’année scolaire », a-t-il souligné. L’autre préoccupation, selon M. Boudiba, c’est le non-achèvement de la construction des nouvelles infrastructures scolaires.
Les réserves du Satef
Pour sa part, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), a fait savoir que son syndicat s’attendait à cette date. Selon lui, le temps qu’il reste ne va pas être suffisant pour bien préparer le retour des élèves aux écoles. Il a évoqué le non-achèvement de la construction des nouvelles infrastructures scolaires. « Les élèves ont besoin de places pédagogiques, et dans certaines régions, le problème risque de se poser même après le 19 septembre », a-t-il souligné.
Preuve à l’appui, le syndicaliste donne l’exemple des élèves de 1re année secondaire dans la wilaya de Béjaïa qui, à moins de 15 jours de la rentrée, ne savent pas encore où s’inscrire. Selon lui, il s’agit d’un manque d’anticipation et de concertation avec les partenaires sociaux.
Le SG du Satef évoque également le manque d’encadrement, qui est accentué par, notamment, le départ à la retraite, le 31 août dernier, de beaucoup d’enseignants. « Le personnel administratif aussi fait défaut, car beaucoup d’établissements scolaires n’ont pas de directeurs, ni d’intendants, encore moins de surveillants », a-t-il fait savoir.
L’autre problème soulevé par M. Amoura est celui de l’étude des dossiers des nouveaux enseignants contractuels qui va certainement, selon lui, prendre du temps.
De son côté, Yazid Bouanane, chargé de l’information du Conseil national autonome des directeurs des lycées, a indiqué que la programmation de la rentrée scolaire pour le 19 septembre devra répondre à plusieurs défis et enjeux, notamment ceux liés à la généralisation de l’enseignement de l’anglais et de l’éducation physique dans l’enseignement primaire. Le syndicaliste s’interroge sur la possibilité pour le ministère de l’Education nationale et de ses directions de wilayas ainsi que les établissements d’enseignement primaire, d’être prêts pour la réussite de ce processus « sensible » et « stratégique ».
Bouanane se demande également si les manuels et les programmes d’enseignement de ces deux matières sont prêts ou non. « Est-ce que ces programmes sont préparés de manière scientifique et systématique en tenant compte des capacités psychologiques et éducatives de l’élève à ce stade ? », s’est-il encore interrogé.
Il a également évoqué la sélection des enseignants chargés de l’enseignement de ces deux matières par recrutement direct, sachant, a-t-il dit, que ce recrutement est basé sur l’ancienneté et le lieu de résidence. « Cela comporte plusieurs risques car ces nouvelles recrues manquent de formation de base en pédagogie et en psychologie », a-t-il expliqué.
Bouanane n’a pas manqué de rappeler que de nombreux autres dossiers attendent d’être traités ou de voir le jour, à l’instar du dossier du statut particulier, qui a été ouvert il y a deux ans mais n’a pas encore été délivré, et ce malgré les instructions du président de la République pour le finaliser avant la fin de 2022. « Le statut particulier a toujours été source de désaccord et de tension entre le ministère et les différents syndicats du secteur, et continuera de l’être », a-t-il fait savoir.
Il convient de souligner que le personnel administratif a repris le travail le dimanche 27 août 2023. Quant au personnel enseignant, il a retrouvé le chemin des écoles le dimanche 3 septembre 2023. Lors de la reprise des enseignants à leurs postes, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a visité les écoles Abdallah-Houassine à Kouba et Mohamed-Khemisti à Hussein Dey, à Alger.
Il a annoncé que plus de 11 millions d’élèves étaient inscrits pour cette année scolaire, encadrés par plus d’un demi-million d’enseignants répartis sur quelque 30 000 établissements. Le ministre a également assuré que toutes les conditions étaient réunies pour que les enseignants reprennent le travail et que les élèves regagnent les bancs de l’école dans les meilleures conditions.
En prévision de la prochaine rentrée scolaire, l’Entreprise nationale des industries électroniques (Enie) de Sidi Bel Abbès a produit 48 000 tablettes destinées aux établissements d’enseignement primaire. Cette production s’inscrit dans le cadre d’une convention conclue entre l’Enie et le secteur de l’Education nationale.
La P-DG de l’entreprise, Baya Kendil, a déclaré que le ministère de l’Education nationale avait également conclu un accord avec la Société nationale des industries électroniques et la Société publique Alphatron pour la production de 72 000 tablettes. Dans le cadre de cet accord, 48 000 unités ont déjà été produites.
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