Festival du Film Maghrébin aux Pays-Bas: Deux œuvres algériennes en lice

Les longs métrages « Soula » de Salah Issaad et « Halim El Raad » de Mohamed Benabdallah sont en lice à la quatrième édition du Festival du Film Maghrébin, qui se déroulera du 9 au 12 mars à Haarlem, aux Pays-Bas.
Selon un communiqué de Mad Solution, leur distributeur officiel, les deux films algériens « Soula » de Salah Issaad et « Halim El Raad » de Mohamed Benabdallah, sont en compétition aux côtés de trois films tunisiens, également distribué par ce dernier. Il s’agit du court métrage « Fatum » ainsi que les longs métrages » Moez le Bout du Tunnel » de Mohamed Ali Nahdi et « Même Dieu Ne Pardonnera Pas » de Karim Berrhouma,
Soula relate l’histoire d’une mère célibataire expulsée par son père, la laissant sans abri avec son bébé. À la recherche d’un endroit sûr pour passer la nuit, Soula se retrouve à faire de l’auto-stop d’une voiture à l’autre avec des inconnus. Après une nuit d’événements malheureux sur les routes algériennes, Soula fait de son mieux pour changer son destin. Cependant, le destin a d’autres plans.
Écrit, réalisé et produit par Salah Issaad, Soula est co-écrit par Soula Bahri, dont l’histoire de la vie a inspiré le réalisateur à en faire un film et à lui confier le rôle principal. Le film met en vedette Soula Bahri, Idir Benaibouche et Franck Yvrai. Issaad Film Productions — les trois frères Taqi Eldin, Abdelghafour et Salah Issaad-a produit le film, tandis que MAD Solutions gère son marketing et sa distribution dans le monde arabe.
Par ailleurs, Halim El Raad traite l’histoire d’un jeune homme handicapé intellectuel nommé Halim vit avec sa mère célibataire, qui a du mal à subvenir à ses besoins. Le long métrage est écrit et réalisé par Mohamed Benabdallah et met en vedette Anas Tnah et Dalila Nawar. MAD Solutions gère la distribution du film dans le monde arabe.
Pour rappel, cette manifestation initiée par les frères algériens Hakim et Karim Traïdia, abordera cette année, le thème “Exclusion”, dans tous ses différents aspects et dimensions sociaux et psychologiques.
Karim Traïdia, réalisateur et scénariste, est connu pour son long-métrage “La mariée polonaise”, qui a remporté plusieurs prix dans le monde entier, et pour les différents ateliers cinématographiques qu’il a donnés dans divers pays arabes et autres.
Les jeunes de Haarlem à la découverte du cinéma maghrébin
Le jeune public de Haarlem est aussi impliqué dans le festival du film à travers la section spéciale “MFF Junior”. Les différentes écoles de Haarlem et des environs, ont la possibilité auront l’occasion de découvrir les différents films des pays du Maghreb et du cinéma en général, indique les organisateurs.
Cela se passe à travers un programme éducatif mis en place par Hakim et son école de cinéma. Avant le festival, Hakim donne des “ateliers de réalisation de films” aux enfants de la “Classe internationale de langues” (ITK) à Haarlem, mais aussi à des jeunes d’écoles telles que la classe internationale de switch à Hoofddorp et l’école “Martin Luther King” à Haarlem. Dans la grange et dans le cirque Hakim, des avant-premières sont organisées, où les jeunes de différentes écoles peuvent aller.
Cette année aussi, les “Laurens Janszoon Costerprijs” seront récompensés sous la direction d’un jury. Le président du jury est cette fois-ci René Mioch et Monic Hendrickx est l’un des juges. De plus, des représentants des différents pays participants prendront place dans le jury, tels que Nabila Rezaig et Abdelfattah Diouri.
Fenêtre sur le monde
Cineast et co-fondateur du festival Karim Traïdia dira à cette occasion : « Le thème de cette quatrième édition est la suite logique de nos éditions précédentes. Nous avons souffert des effets du Corona lors des éditions précédentes, mais aussi pendant ces temps-là nous avons pu fournir une plateforme à petite échelle où la culture cinématographique maghrébine attire l’attention qu’elle mérite ».
De son côté Hakim Traïdia confiera : « Tant chez les adultes que chez MFF Junior, nous voulons ouvrir une fenêtre sur le monde, dans laquelle nous avons une vue de ce que nous ne voyons pas toujours et ne réalisons certainement pas. Regarder un film peut faire la différence et prendre conscience est toujours le premier pas vers le changement. Nous devons toujours prévenir l’exclusion et nous comprendre ». Quand il était jeune, Hakim a appris à travers l’écran du cinéma que le monde est tellement plus grand que vous ne pouvez le voir. Il veut que les gens se comprennent de cette façon, parce que « la culture rend la vie moins aigre » a-t-il avoué.
Hommage à deux figures de la culture algériennes
La 4 édition rendra hommage à deux icones qui ont marqué la culture algérienne, à savoir Mohamed Djouhri et à Ahmed Benaïssa.
Né à Alger en 1950, Mohamed Djouhri est décédé en décembre 2020. Il a fait une première apparition sur grand écran en tant que figurant en 1966 dans « La bataille d’Alger » du réalisateur italien Gillo Pontecorvo. Il a joué dans des dizaines de films à l’instar de « Hors la loi » de Rachid Bouchareb, « L’adieu à la nuit » du Français André Téchiné, « Zabana !» de Said Ould Khlifa, ou encore « En attendant les hirondelles» de Karim Moussaoui.
Il a également souvent joué dans des films du réalisateur Ammar Si Fodil qui lui avait confié des rôles dans « El Achiq », «Jours de cendre» et «Le sang des loups».
L’autre figure n’est que Ahmed Benaïssa, né en 1944 et décédé en mai 2022. Il a Il débuté sa carrière au cinéma en 1971 et interprété des rôles dans de très nombreuses productions, collaborant avec des réalisateurs comme Benamar Bakhti , Merzak Allouache, Djamila Sahraoui, Ahmed Rachedi ou encore Rachid Bouchareb.
Comédien reconnu pour son talent exceptionnel, il avait mené de nombreux projets sur les planches du théâtre à Alger et à Oran côtoyant les plus grandes figures du 4e Art algérien. Ahmed Benaissa avait également dirigé le théâtre régional de Sidi Bel Abbes en 1995, dans les conditions difficiles de la décennie de violence qu’a connu le pays.
Ahmed Benaissa avait initié, conduit et mis en scène le projet “Nadjma”, rapprochant, ainsi, de jeunes comédiens amateurs du texte de Kateb Yacine et offrant à l’art algérien une dizaine de nouvelles figures montantes.