Feraoun : Séminaire sur la vie et l’œuvre de l’homme de lettres El-Bachir Amellah
Ecrivains, biographes, historiens, universitaires et académiciens sont depuis mardi dernier en séminaire, qui doit durer 4 jours sur la vie et l’œuvre du célèbre homme de lettres et du verbe, El-Bachir Amellah, et ce au village de Feraoun, qui relève de la commune du même nom, daïra de Oued Amizour (Bejaïa).
Cette manifestation scientifique a été organisée par l’association scientifique et culturelle portant le nom du célèbre savant sujet du séminaire, en collaboration avec l’APC de Feraoun, l’APW de Bejaïa, le HCA, les directions de la jeunesse, des sports et de la culture de la wilaya de Bejaïa, le quotidien national d’information la Cité et l’entreprise publicitaire Aoulmi Pub.
Les différents intervenants ont réussi à faire toute la lumière, suite à une recherche approfondie, sur la vie de cet homme de lettres et grand poète qui, en dépit de son long parcours, n’est pas connu du grand public, ou du moins en dehors de la Kabylie. C’est pourquoi, l’implication efficiente des universitaires et des pouvoirs publics, comme c’est le cas avec ce séminaire, permettra à coup sûr de faire sortir de l’ombre cet homme qui a vécu une partie de sa vie au XIXe siècle et l’autre au XXe siècle, soit à une époque où le peuple algérien traversait la période la plus critique et la plus sévère de son histoire.
Mais qui est exactement El-Bachir Amellah ? Le poète et homme de lettres El-Bachir Amellah, de son vrai nom El-Bachir Chiban, est né au village d’Ichekaven (Bejaïa) en l’an 1956 et est décédé le 3 février 1931. Il est le fils d’Arezki Outahar et de Hefsa des Aït Yekhlef. L’appellation « Amellah » a été attribuée au poète et homme de lettres par rapport au lieu où il vivait, Imellahen. « Imellahen » est le pluriel d’Amellah. Imellahen est une agglomération se trouvant au sud de Bejaïa et qui regroupait à l’époque trois villages : Ichekaven, Aït Ounir et Iaâdhnan.
Les historiens retiennent que l’appellation d’Imellahen était due au fait que, dans cette partie géographique du sud de Bejaïa, on y extrayait du sel. El-Bachir Amellah vécut dans son village natal sous la protection parentale jusqu’à ses 10 ans, âge où son père décida de l’envoyer s’instruire, privilège que beaucoup d’enfants de son âge n’avaient à cette époque. Les raids de la cavalerie coloniale, appuyée par des goumiers, souvent sanglants, étaient encore très fréquents.
C’est donc en 1866 qu’El-Bachir Amellah, haut de ses dix ans, se retrouva à l’école coranique de Sidi Safi à Bejaïa-ville. Il avait pour maître cheikh L’harouzi. Celui-ci, à l’instar des maîtres de l’époque, était très exigeant quant à la rigueur dans le travail et à la discipline de ses étudiants. Pendant huit longues années, El-Bachir Amellah apprit le Coran, la grammaire, la conjugaison ainsi que l’histoire, et ce en parallèle avec la langue kabyle, fort maîtrisée par les grands maîtres des écoles coraniques. A l’âge de 18 ans instruit, El-Bachir Amellah, rentra à la maison paternelle. Le jeune homme décida d’aider ses parents et se mit dès lors au travail.
Cependant, sa curiosité scientifique et intellectuelle, toujours plus grandissante, le poussa à quitter de nouveau le domicile parental et son cher village. Une fois encore, El-Bachir Amellah se retrouva dans la capitale des Hammadide, plus exactement dans la zaouïa sise à Iznayen, spécialisée dans la formation des imams des grandes mosquées. A l’exigence des maîtres de cette zaouïa, El-Bachir Amellah répondit par la persévérance. Cette parfaite symbiose fut traduite par une formation complète du natif d’Ichekaven d’où la grande aventure littéraire et poétique d’El-Bachir Amellah.
En effet, il composa des vers et rédigea des textes. Il traduisit de grands auteurs ayant écrit en kabyle. Vu son statut, il côtoya les grands savants de son époque, mais aussi les chefs de tribus et les grands chefs militaires et religieux, eux aussi lettrés et amoureux de la science. En étant témoin de la conquête sanglante de son pays par la France, El-Bachir Amellah ressentit le mal jusqu’au plus profond de sa chair. Etant intellectuel et, par conséquent, visionnaire, il devait sans doute mourir avec une conviction : l’indépendance de l’Algérie ne devait être qu’une question de temps. Il a vécu cinq ans après la création de l’Etoile nord-africaine (ENA).
Notons qu’à l’occasion de l’ouverture de ce séminaire de 4 jours, les séminaristes et le public ont effectué une visite au village d’Ichekaven où ils se sont rendus à la maison natale (thazekka) d’El-Bachir Amellah, dont les travaux de restauration ont été assurés par l’Etat.
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