Femmes et hommes unis contre le 5e mandat
La voix de centaines de milliers d’algériens a retenti ce vendredi pour le troisième semaine consécutive dans les rues de l’ensemble des villes du pays pour dire « Non au 5e mandat », ou encore « Le peuple demande le changement ».
A l’instar des autres wilayas, Alger s’est illustrée comme le « navire amiral » de ces marches qui coïncident avec la Journée internationale de la femme. Des familles entières n’ont pas hésité à sortir en ce jour, souvent comparé « au jour de l’indépendance ». « C’est du deux en un. Nous fêtons aujourd’hui le 8 mars, notre fête, et exprimons pour le 3ème vendredi consécutif, notre refus du 5ème mandat », nous lance, tout émue, Sabéha, jeune mère de famille de 36 ans. Ses concitoyens marchaient dans des marées humaines qu’on n’a jamais connues auparavant . Les manifestants étaient des « millions », selon un militant habitué à quantifier les foules. Elles s’étalaient à perte de vue, regroupant toutes les couches sociales qui manifestaient côte à côte et qui scandaient des slogans tels que : « Non au 5ème mandat », « Silmia, silmia ! », « khaoua, khaoua ». « Je suis là pour exprimer mon ras-le-bol du pouvoir en place. Mon rêve est de voir une Algérie forte et prospère », nous lâche un jeune de 20 ans. Cette journée « historique » a vu une participation record de femmes qui étaient les « stars » de ce mouvement citoyen et qui incarnaient, selon les observateurs, « la beauté de l’Algérienne authentique ». Pour la circonstance, les femmes d’Alger étaient dans leur majorité drapées, qui d’un haïk mramma, qui d’un emblème national fusionnant « patriotisme et féminité », selon une manifestante venue de Boudouaou.
Des youyous fusaient de partout. Marchant côte à côte avec leurs «frères» algériens, elles tenaient, vaille que vaille, à exprimer leur nationalisme en portant l’emblème national en écharpe ou en se voilant carrément avec. Ces belles et fortes « colombes » chantaient énergiquement des chants patriotiques, heureuses de voir devant elles leurs enfants en train de prendre leur avenir en main.
Des jeunes filles en jeans et une bande aux couleurs nationales ornant la tête en signe de bravoure et de fierté d’appartenir à ce peuple, les joues « teintées » de rouge, vert et blanc, se faisaient aussi remarquer dans une ambiance bon enfant. De nombreuses jeunes femmes, tout aussi patriotiques, étaient voilées et tenaient à mettre en valeur leur statut de femmes émancipées. « J’exprime sans relâche mon refus du système. Il est temps d’assainir le pays », nous confie Lilia, doctorante à Bab Ezzouar, portant un voile aux trois couleurs nationales. Son amie et collègue abonde dans le même sens : « Nous vivons une ambiance de fraternité et de cohérence.
Les Algériennes et les Algériens sont éternellement unis pour le meilleur et pour le pire. Contrairement à certaines visions occidentalistes qu’on veut nous imposer », souligne cette enseignante universitaire. Il faut dire que les marcheurs, notamment les séniors étaient unanimes à souligner que « ces manifestations sont beaucoup plus une opportunité pour les générations montantes que pour nous », nous confie un homme de 60 ans. Et d’ajouter : « Il s’agit de transmettre aux jeunes des messages de paix et de solidarité et d’être vigilants face aux menaces de récupération, de la part notamment de certaines puissances occidentales ».