Faut-il ré-autoriser le corps des gardes communaux ?
La dissolution du corps des gardes communaux, qui ont joué un rôle décisif dans le combat contre l’éradication du terrorisme, fut-elle une erreur stratégique ? Tout porte à le croire au vu de la célérité avec laquelle les groupes terroristes se sont reconstitués, alors qu’ils étaient pratiquement éradiqués à la fin des années 2000.
La Garde communale, corps de troupe chargé de surveiller et protéger les communes durant la décennie noire, a été créée en 1994 comme force d’appoint aux unités de l’Armée et de la police, a joué un rôle considérable dans la lutte contre les groupes armés. Sa dissolution fut décrétée officiellement le 31 octobre 2012. Durant la décennie noire, les forces de l’ANP chargées de la sécurité dans les grandes villes et les communes, ont été confrontées à de multiples attaques terroristes. Les autorités militaires, conjointement avec le ministère de l’Intérieur créent, le 3 août 1996, une garde communale. Près de 100 000 hommes ont intégré ce corps, sans compter les « Patriotes » et les Groupes de légitime défense (GLD), des civils en armes faisant office d’auxiliaires des troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme. Les recrues sont encadrées par la gendarmerie et reçoivent une formation accélérée de deux mois, portent l’uniforme et sont rémunérées.
La Garde communale est placée sous l’autorité des DEC à l’époque et des walis, et intégrée dans le nouveau dispositif de la lutte antiterroriste. Elle a réussi à sécuriser toutes les zones urbaines et permis au corps d’armée spécialisé dans la lutte d’entreprendre, à partir de 1994, ses premières attaques contre les maquis du GIA et du GSPC. Les membres de la Garde communale ne sortent pas des centres-ville à leurs débuts ; ils ne sont opérationnels qu’à l’intérieur des centres urbains. Ils établissent des barrages routiers et en cas d’accrochage, les risques encourus sont moins grands que pour les unités de l’ANP. Et comme ils connaissent bien les régions montagneuses, ils sont parfois mobilisés avec les forces de l’ANP pour procéder à des opérations de ratissage à grande échelle dans les maquis investis par les groupes armés islamistes. Les gardes communaux, durant les années de violence terroriste, ont été une force d’appoint aux services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme dans les zones montagneuses et les villages situés en périphérie. Depuis leur mise sur pied en 1994, en pleine montée en puissance des actions terroristes sous l’égide du GIA, pas moins de 4 400 gardes communaux sont morts au combat. Ce corps, qui a emmagasiné des années d’expérience, peut encore rendre des services énormes à la nation qui n’a pas su le remercier en conséquence.
L’apport des gardes communaux était vraiment très important dans la lutte antiterroriste, car ces personnes qui avaient pris les armes, par devoir patriotique, connaissent bien le pays profond. D’ailleurs, le désarmement de ces hommes, qui ont défendu corps et âme le pays dans les moments difficiles, n’a fait qu’influer négativement sur la situation sécuritaire en Kabylie et dans d’autres wilayas, où il reste encore des poches terroristes actives. Leur ré-autorisation dans la lutte antiterroriste aux cotés des troupes de l’armée ne serait qu’un juste retour des choses.