« Exécution » de Youcef Mahsas projeté en avant-première

Le court métrage « Exécution » réalisé par Youcef Mahsas a été projeté, samedi soir, en avant-première à la Cinémathèque algérienne. Le film réalisé dans le cadre du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, plonge les spectateurs dans l’année 1957 et se déroule dans un village de Bouira, qui a été, à cette époque, le théâtre d’une tragédie sans précédent.
Situé dans le contexte historique de l’année 1957, le film rappelle la terrible tragédie, et la destruction, le 6 mai 1957, de l’ancien village Iwaquren (Bouira) par l’armée coloniale française et la déportation de ses habitants. Le récit se déroule peu de temps après une bataille qui s’est déroulée à proximité du village, et les habitants se trouvent confrontés à une épreuve douloureuse et déchirante.
Le commandant, campé par César Duminil, fait une annonce terrible. Il a éliminé cinq moudjahidines, trois autres se sont enfuis et il détient sept prisonniers, les mains liées, bâillonnés et cagoulés. L’identité de ces combattants reste secrète, et le commandant impose une sentence impitoyable : chaque jour, l’un des prisonniers sera exécuté, sous le regard des villageois.
C’est ici que le film entreprend un examen profond des interactions psychologiques entre le commandant et les villageois. Face à cette situation tragique, les familles des quinze moudjahidines doivent prendre une décision déchirante : choisir d’affronter l’agonie de l’attente quotidienne pour savoir si leur proche est parmi les prisonniers, ou de sonner la cloche et supplier le commandant pour révéler l’identité du condamné avant son exécution. Une fois l’identité révélée, les proches pourront retirer la cagoule du prisonnier et lui dire adieu une dernière fois.
Le film explore durant 36 minutes, les profondeurs de l’âme humaine dans des moments de désespoir et de résilience, tout en soulignant le courage et la détermination du peuple face à l’oppression coloniale. L’une des figures centrales du film est Louisa, interprétée avec brio par Hilda Amira Douaouda, une jeune mère dont le mari est moudjahid. Elle devient le pivot d’un plan ingénieux pour libérer les deux prisonniers restants et défier ainsi l’autorité criminelle de l’occupant.
Le rôle des femmes combattantes
Le court métrage « Exécution » met également en lumière le rôle essentiel des femmes dans la lutte de libération. Louisa incarne le glorieux combat et le courage des femmes algériennes dans cette guerre de libération, soulignant ainsi leur contribution remarquable à l’histoire du pays.
Le casting comprend des talents tels que César Duminil, Rachid Hadid, Lydia Larini, Nadjib Med Boussoualim, Om Kader Zehda Saliha et Katia Hm. Le chef décorateur, Arezki Larbi, a su recréer fidèlement l’ambiance de l’époque, tandis que Yacine Hirech, en tant qu’ingénieur du son, a apporté une dimension sonore immersive.
Cependant, certains spectateurs ont regretté que le réalisateur ait opté pour la langue arabe au lieu du kabyle, alors que le village est entièrement kabyle. Une question linguistique qui mérite d’être soulignée, car la préservation de l’identité culturelle est essentielle pour rendre hommage à l’histoire et à la diversité de l’Algérie.
Sur le choix de l’arabe, le réalisateur a expliqué : « Le scénario a été écrit en arabe, et le repérage des lieux de tournage s’est déroulé après le casting. Le film peut également être apprécié dans toutes les régions de l’Algérie. » Il a ajouté : « La tradition kabyle est représentée par les chants des femmes au début du film, ainsi que par les tenues traditionnelles. » Le réalisateur a également souligné : « Alors que plusieurs films abordent la question en mettant l’accent sur la torture physique, j’ai souhaité traiter la torture psychologique dans ce film. »
Youcef Mahsas a déclaré en marge de la projection : « L’histoire du film est une fiction qui aurait pu se dérouler n’importe où en Algérie ».
Le réalisateur ainsi que son équipe artistique et technique ont exprimé leur point de vue sur « l’importance de donner une opportunité aux jeunes talents de réaliser des films sur la révolution algérienne ». Ils ont souligné que le programme organisé dans le cadre du soixantenaire a permis cette ouverture. Ils espèrent que ce processus se renouvellera au-delà du cadre des commémorations.
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