Enfants, écrans et l’usage raisonné
Face à la montée en puissance des nouvelles technologies, les modes de vie évoluent et préoccupent sans cesse en plaçant les écrans et les enfants au cœur des débats.
Et ces impacts sont d’autant plus cruciaux durant les premières années de vie, tant sur le plan visuel que sur le développement cognitif et social de l’enfant.
Il est important de maîtriser le temps d’écran des enfants. Avec toutes les nouvelles technologies, l’enfant est continuellement sollicité. Il est judicieux de le réduire et de fixer quelques règles pour accompagner au mieux son enfant.
Il est recommandé de fixer un temps très court quand votre enfant est jeune, et ensuite de prolonger graduellement ce temps en fonction de son développement.
Comme base, on peut se référer à la capacité d’attention moyenne d’un enfant par rapport à son âge : 3 à 6 ans : 20 min ; 6 à 8 ans : 30 min ; 8 à 10 ans : 45 min ; après 10 ans : 1 h
Pour les enfants âgés de moins de 2 ans, le système visuel n’est pas suffisamment développé et robuste pour subir un tel stress par une stimulation constante devant l’écran. Il est donc recommandé d’éviter toute exposition aux appareils électroniques avant cet âge.
On croise beaucoup de parents avec de jeunes enfants de moins de 2 ans. Une chose attire l’attention : presque tous ces enfants ont une tablette électronique ou un téléphone dans les mains, comme si la technologie était devenue l’outil ultime pour garder l’enfant au calme.
Ce constat désole, puisque on connaît tous les effets néfastes qu’une telle exposition aux outils électroniques peut avoir.
Le développement visuel de l’enfant
L’œil humain se développe par stimulation. La qualité du stimulus optique influence la croissance du globe oculaire, en suivant une mécanique complexe et équilibrée. À la naissance, l’œil est hypermétrope, c’est-à-dire que sa puissance n’est pas parfaitement ajustée à sa grandeur. L’enfant voit à courte distance, distinguant à peine une ombre.
Dans les premières semaines, l’œil grandit, sa rétine mature et un équilibre s’installe entre la croissance du globe oculaire et la puissance de la lentille interne (le cristallin). À 6 mois, chacun des deux yeux possède la vision d’un œil adulte. À partir de ce moment, les yeux vont développer leur coordination, afin de générer la vision en trois dimensions. Et c’est également à partir de l’âge de 6 mois que se développe la communication entre les yeux, qui s’effectuera dans le cerveau visuel.
Des milliards de connexions neurologiques devront être faites au cours des huit premières années de vie. C’est un temps de maturation énorme, mais nécessaire, considérant que plus du tiers des neurones du cerveau sont dédiées à la vision.
Une question de distance
Les appareils électroniques ne sont pas, en soi, une source de problème au plan visuel. C’est plutôt l’utilisation inappropriée de ces appareils qui peut entraver le développement naturel de l’œil, ainsi que les habilités de lecture et d’apprentissage.
Le premier élément à considérer est la distance d’observation. L’œil est conçu pour regarder, en vision de près, à une distance qui est à peu près égale à celle de l’avant-bras (distance du coude au bout des doigts de la main). On parle d’environ 30 cm pour un enfant en bas âge, et 40 cm pour un adulte. Or, les tablettes et les téléphones sont tenus en moyenne à 20-30 cm de l’œil, cette distance devenant de plus en plus courte avec une exposition prolongée. L’effort visuel demandé pour garder une image claire à cette distance représentée est donc doublé.
Une distance trop courte influence la qualité de l’image rétinienne (et donc le développement visuel) et cause une fatigue oculaire excessive. Il faut comprendre également que lorsque l’œil accommode, les yeux se dirigent automatiquement vers le nez (convergence) afin de focaliser à la distance de lecture normale. Un effort accommodant trop important s’accompagne donc d’une convergence plus grande que normale.
Comme l’œil ne peut maintenir cet effort prolongé sur une longue période, il va relâcher son effort et l’image perçue deviendra floue pendant un moment, une pénalisation sensorielle que l’on veut éviter. Après une période de repos, l’œil reprendra son effort, et cette alternance entre la clarté et le flou s’opérera tant que l’attention au près sera sollicitée. Ainsi, idéalement, la tablette ou le téléphone devrait toujours se tenir à distance d’avant-bras.
Une stimulation constante n’est pas recommandée
L’utilisation d’outils électroniques, avec jeux ou vidéos, demande un temps d’attention constant, sans pause ; il s’agit du second facteur à considérer. Lorsque l’enfant dessine dans un cahier ou s’il lit un livre papier, il arrêtera instinctivement à un moment, regardera ailleurs, au loin, s’intéressera à autre chose autour de lui.
Ces pauses et ces temps d’arrêt sont bénéfiques pour que le système visuel récupère de son effort. Se concentrer sur des cibles en vision de loin est également bénéfique pour le développement visuel de l’enfant. Avec les tablettes électroniques, il n’est pas rare de voir des enfants opérer des séances de plus de 2-3 heures en continu, sans lever le nez de l’écran.
Pour les enfants de 0 à 2 ans, le système visuel n’est tout simplement pas suffisamment développé et robuste pour subir un tel stress par une stimulation constante devant l’écran. Notamment, les éléments structurants, soit ceux de la sclère (couche profonde de l’œil), qui donnent la rigidité à l’œil et déterminent sa taille, se développent entre 0 et 2 ans et se stabilisent ensuite. Le stimulus visuel à ces âges peut interférer et donc influencer le développement de défauts visuels et de pathologie à un âge plus avancé.
Il importe également de mentionner que l’écran peut émettre une lumière bleue. L’œil des enfants ne filtre pas ces rayons comme ceux d’un adulte. L’exposition à la lumière bleue est donc plus grande chez l’enfant, ce qui pourrait stimuler la myopie et perturber la sécrétion de mélatonine, qui règle notre horloge biologique. Cela peut perturber les siestes nécessaires à cet âge, de même que le sommeil durant la nuit. La perte de sommeil est également myopisante.
Apprivoisons l’électronique
Pour un développement visuel normal, il est donc recommandé d’éviter toute exposition aux appareils électroniques entre 0 et 2 ans. À l’exception de rares conversations vidéos, sous la supervision d’un parent, et ce, pendant quelques minutes. À partir de 2 ans, une exposition d’une heure par jour peut être envisagée, notamment pour consulter des sites éducationnels, toujours accompagné par un parent ou un éducateur.
Lorsque le système visuel est mature, vers l’âge de 6-8 ans, on peut augmenter l’exposition graduellement, sans dépasser deux à trois heures par jour, en respectant des pauses de dix minutes toutes les heures. Il faut éviter l’usage d’appareils électroniques durant les repas, les activités familiales, et au moins une heure avant le sommeil.
Quels sont les effets des écrans sur l’enfant ?
Y a-t-il un rapport entre écrans et développement cognitif de l’enfant. Une surexposition des enfants aux écrans peut entraîner des effets néfastes sur sa santé : troubles du sommeil ; échec scolaire ; troubles alimentaires ; prédisposition à la dépression ; nervosité ; solitude …
Pour éviter les effets et dangers des écrans sur les enfants, surtout sur les plus jeunes, il est recommandé :
– Pas d’écrans le matin pour ainsi être attentif en classe. Les écrans fatiguent l’attention et empêchent la concentration, même à petite dose. Les résultats scolaires peuvent diminuer.
– Pas pendant les repas : pour favoriser les échanges. Votre enfant vous parle moins et vous lui répondez moins quand la télévision est allumée, quand vous regardez votre portable. Parler souvent et régulièrement avec son enfant stimule son langage et son intelligence. Les écrans n’aident pas l’enfant à réfléchir.
– Pas dans la chambre de l’enfant : pour qu’il apprenne à être et jouer seul. Sans écrans dans sa chambre, l’enfant apprend à ne pas s’angoisser quand il est seul. Il peut alors imaginer, créer, inventer. Les parents gardent le contrôle sur ce qui entre dans le cerveau de l’enfant. Ils le protègent des images violentes ou pornographiques qui sont traumatisantes et excitantes pour lui.
– Pas avant de se coucher : afin de favoriser l’endormissement naturel de l’enfant. La lumière bleue des écrans inhibe la mélatonine et retarde l’entrée naturelle dans le sommeil. Lire une histoire, chanter une comptine, parler avec votre enfant le calme et le sécurise. Regarder un écran avant de s’endormir produit l’effet inverse.