En soutien à la Palestine : L’Espagne annule un contrat d’armement avec Israël

Le gouvernement espagnol a décidé ce jeudi d’annuler de manière unilatérale un contrat d’armement d’une valeur de 6,8 millions d’euros avec une entreprise israélienne qui avait provoqué de fortes tensions au sein de la coalition de gauche au pouvoir à Madrid.
« Après avoir épuisé toutes les possibilités de négociation, la présidence du gouvernement, la deuxième vice-présidente et les ministères concernés ont décidé de résilier unilatéralement le contrat d’achat de munitions avec la société israélienne IMI Systems », a expliqué le cabinet de Sanchez.
La décision du ministère espagnol de l’Intérieur, rendue publique mercredi, de ne pas dénoncer un contrat portant sur l’achat de munitions à une firme israélienne avait donné lieu à de vives tensions qui risquaient d’effriter la coalition de gauche.
En octobre 2024, le ministère de l’Intérieur avait attribué ce contrat, d’une valeur de 6,8 millions d’euros, à la société israélienne « Guardian Defense and Homeland Security S.A. » pour l’achat de munitions de calibre 9 mm destinées à diverses unités de la Garde civile.
Le contrat était toutefois en contradiction avec l’engagement du gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez dans la foulée de la guerre génocidaire sioniste conflit à Gaza, de ne pas conclure le moindre contrat d’armement avec Israël, qu’il s’agisse d’achat ou de vente.
« Pour cette raison, depuis le 7 octobre 2023, l’Espagne n’achète ni ne vend d’armement aux entreprises israéliennes et ne le fera pas non plus à l’avenir », selon des sources au sein de la coalition.
Face à la colère de Sumar, formation de gauche radicale partenaire du Parti socialiste de Pedro Sánchez au sein de la coalition au pouvoir, le ministère de l’Intérieur avait annoncé quelques jours plus tard entamer les procédures pour annuler ce contrat. Les deux formations sont fermement engagés avec la cause palestinienne », indiquait-on de même source pour expliquer cette décision.

Yolanda Diaz du parti Sumar, figure emblématique contre les agressions israéliens
Validé par le ministère de l’Intérieur, le contrat a été publié sur la plateforme où sont mis en ligne les contrats conclus par le service public le vendredi de Pâques, au plus fort de la Semaine Sainte, alors que toute l’Espagne était en congé.
L’annonce précise que le fournisseur est la société israélienne IMI Systems Ltd, représentée par Guardian Defense and Homeland Security S.A.
Dans un communiqué, Sumar a souligné que « l’engagement du gouvernement espagnol aux côtés du peuple palestinien (devait) être absolu » et a répété exiger « l’annulation immédiate du contrat ».
« Ni six millions d’euros, ni même six milliards, ne peuvent justifier que l’Espagne prenne le risque d’être complice d’un génocide », a, pour sa part, lancé lors d’une conférence de presse le secrétaire général du Parti communiste espagnol et député de Sumar Enrique Santiago.
« On ne peut pas faire des affaires avec ceux qui violent le droit international alors qu’ils massacrent le peuple palestinien », a écrit Sumar sur le réseau social Bluesky, s’attribuant le mérite du revirement du gouvernement.
La nouvelle de l’annulation du contrat a reçu un écho favorable au sein de la population espagnole. « Cette décision traduit le profond soutien de la majorité des espagnols aux palestiniens car les crimes par l’armée israélienne sont impardonnables », a affirmé au Jeune Indépendant, Eleandro, 44 ans, employé dans une agence de la banque Sabadell .
» Nous n’acceptons pas d’être des complices du génocide et l’épuration ethnique perpétrés par Israël contre les palestiniens en achetant et finançant les armes des criminels », a indiqué, pour sa part, Luna, sous-directrice dans la société de transport TMB à Barcelone.
Le 28 mai 2024, l’Espagne avait officiellement la reconnu la Palestine en tant qu’État indépendant, une décision qu’elle a prise conjointement avec l’Irlande et la Norvège et qui avait été annoncée le 22 mai.
Dans un discours diffusé en direct sur les chaines de télévision, Pedro Sanchez qui s’affirme comme un fervent défenseur des droits des Palestiniens, voyait en cette proclamation de l’Etat de la Palestine comme un moyen d’atteindre une solution mettant fin au conflit vieux de 77 ans et à l’agression israélienne, la plus meurtrière en cours à Gaza .
La rue espagnole, hostile aux crimes sauvages perpétrés par l’armée sioniste contre les civils à Gaza, ne désemplit pas des manifestations de soutien aux Palestiniens qui subissent un génocide orchestrée par les généraux israéliens depuis le 7 octobre 2023 qui a fait plus de 51000 morts.
L’Irlande et la Norvège prévoient également d’officialiser leur reconnaissance d’un État palestinien mardi. Cette reconnaissance constitue toutefois une avancée significative pour les Palestiniens, qui estiment qu’elle confère une légitimité internationale à leur combat.
L’Espagne et l’Irlande ont pris la tête de locomotive de cette initiative depuis janvier dernier, sous une pression populaire de plus en plus hostile à l’Etat sioniste.
La reconnaissance de l’État de Palestine par trois pays constitue un moment «historique», avait affirmé l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), y voyant «la voie de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans la région». Il s’agit de «moments historiques dans lesquels le monde libre triomphe (…) après de longues décennies de lutte nationale palestinienne, de souffrance, de douleur, de racisme, de meurtre, d’oppression, d’abus et de destruction auxquels le peuple de Palestine a été soumis», a déclaré Hussein al-Sheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, sur le réseau social X.
A l’ONU, 139 des 193 États membres des Nations unies considèrent la Palestine comme un État. Parmi ceux-ci figurent des nations européennes telles que l’Islande, la Pologne et la Roumanie, ainsi que des pays comme l’Algérie, la Russie, la Chine et le Nigeria.
Sur le terrain, Israël bombarde Gaza depuis près de 500 jours dans le but déclaré de neutraliser la résistance et de pousser ses habitants à abandonner l’enclave mais il s’est avéré que l’Etat hébreu cible délibérément les femmes et les enfants pour décimer la population palestinienne, selon de nombreuses organisations y compris celles de l’ONU.
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