En dépit des appels au boycott : Hausse vertigineuse du prix des œufs

« Laissez-le éclore », c’est le slogan de la campagne lancée en ce début de juillet par l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), contre la flambée du prix des œufs. Une hausse qui laisse les citoyens sans voix, mais ont-ils vraiment suivi cette campagne de boycott ?
Leur situation financière étant déjà assez compliquée en raison de l’inflation des produits alimentaires de base, voilà qu’ils font face aujourd’hui à l’augmentation d’un autre aliment aussi indispensable. Depuis des semaines, le prix de l’œuf sur les marchés connaît une augmentation significative. Une unité se vend désormais à 20 DA, contre 15 DA il y a quelques semaines.
Un plateau de 30 œufs est cédé à pas moins de 500 DA, et ce contrairement aux années précédentes où le prix des œufs connaissait une certaine baisse durant la période d’été en raison de la chaleur, atteignant à 8 DA l’unité et 250 DA le plateau. Malgré la multiplication des appels au boycott, cette hausse risque de perdurer dans le temps.
« Les Algériens ne font rien pour que cela cesse. Même s’il se vend à 50 DA l’unité, ils achèteront toujours. Nous n’avons pas encore la culture du boycott et tant que cela durera, les choses ne changeront pas », a regretté Mohamed, père de famille.
« Acheter un œuf à 20 DA n’est vraiment pas normal. Son prix ne devrait pas dépasser les 10 DA. Les autorités concernées doivent intervenir et mettre fin à ces spéculations qui ne font qu’affaiblir davantage le pouvoir d’achat de citoyen », a-t-il poursuivi. De son côté, Karima, pâtissière, a confié : « Ma profession ne me permet pas de boycotter les œufs. Même si je trouve que ce prix est excessif, je ne peux pas faire autrement.
Tout ce que je souhaite, c’est que les autorités concernées effectuent des contrôles rigoureux afin que les prix soient à la portée du simple citoyen ». « Jamais ce produit n’a atteint un seuil pareil ! Même avec la flambée du prix du poulet, celui des œufs n’a jamais suivi, il est toujours demeuré stable. Alors que s’est-il passé ? », s’est interrogé Kamel, appelant les citoyens à boycotter ce produit. « On ne va pas mourir si l’on ne mange pas d’œufs. Il faut les laisser pourrir chez les commerçants », a-t-il suggéré.
L’APOCE, pour sa part, ne cesse d’inciter les consommateurs à boycotter tout produit dont les prix connaissent une hausse excessive. Qu’en est-il de la campagne de boycott contre les œufs, lancée récemment sous le slogan « Laissez-le éclore ».
Contacté par le Jeune Indépendant, le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi, a affirmé que la campagne lancée par son organisation n’a, malheureusement, pas eu un grand effet. « Il y a eu au début de la campagne une baisse minime des prix, mais cela n’a pas duré, car les prix ont, juste après, été revus à la hausse », a-t-il regretté. Selon lui, l’été est une saison marquée par une forte hausse de consommation d’œufs, ce qui justifie la non-adhésion à la campagne de boycott.
Pour M. Zebdi, l’APOCE essaye, à travers le lancement de ce genre de campagne, d’instaurer la culture du boycott chez le citoyen algérien. « Le boycott est une expression de ras-le-bol et doit être une culture pour manifester notre refus des flambées de prix que nous subissons au quotidien. Tout le monde doit adhérer si l’on veut changer les choses », a-t-il estimé.
Interrogé sur les raisons à l’origine de cette hausse, le président de l’APOCE l’impute à la rareté des œufs à cause de la mort d’un grand nombre de poules pondeuses. « Il faut attendre le mois de septembre pour que les choses rentrent dans l’ordre », a-t-il affirmé.
Ce n’est pas tout, Mustapha Zebdi fait état de « pratiques suspectes » dans certains grands marchés de gros, notamment des « accords horizontaux » entre grossistes pour maintenir le niveau de prix le plus élevé de ce produit de large consommation. Mais selon M. Zebdi, le détournement des œufs algériens vers les voisins de l’Est a beaucoup aggravé la situation.
Il convient de rappeler que, dans sa campagne de boycott, l’APOCE a demandé aux Algériens de boycotter les œufs avec le slogan « Laissez-le éclore ». L’association a lancé une campagne de boycott de ce produit pour peser sur la demande afin d’obliger les commerçants à revoir les prix à la baisse, surtout que l’œuf est un produit « rapidement périssable ».
L’APOCE a appelé tous les consommateurs à boycotter les œufs jusqu’à ce que leurs prix soient revus à la baisse, ou à défaut à réduire leur consommation mais cette campagne n’a pas été largement suivie par les citoyens.
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