Réduction des visas aux Algériens par la France: la colère d’Alger

Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué, ce mercredi, l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien contre la décision de Paris de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens.
« Le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué ce mercredi, l’ambassadeur de France en Algérie pour lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algérien à destination de la France », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application.
Le MAE fait remarquer que le SG du ministère « Rachid Chakib Kaid a mis en évidence la place centrale de l’élément humain dans la relation algéro-française et souligné la nécessité d’une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes, concluant que l’Algérie déplore cet acte malencontreux qui frappe de précarité et d’incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements ».
La convocation du diplomate français donne à penser que l’affaire des visas a tourné à une crise de confiance entre les deux pays.
Le gouvernement français avait décidé mardi de durcir les conditions d’obtention des visas pour les ressortissants algériens évoquant un «refus» du gouvernement algérien d’accepter le rapatriement des immigrés expulsés par voie de justice du territoire français.
La première réaction officielle de l’Algérie a été de la part de l’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb Arabe, Amar Belani qui a qualifié la décision française de durcir l’octroi des visas aux Algériens de «disproportionnée » et « malencontreuse ».
«Dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière», a souligné M. Belani cité par l’APS.
Par ailleurs, une source diplomatique a affirmé au Jeune Indépendant que l’Algérie ne refuse pas la réadmission de ses ressortissants expulsés de France par voie de justice, lorsque leur identité est formellement établie.
«Les autorités algériennes n’ont jamais refusé la réadmissions des ressortissants expulsés de France par voie de justice. Cette procédure se fait de manière régulière entre les autorités des deux pays » a souligné la même source, qui a expliqué que toute réadmission doit faire l’objet d’une identification minutieuse établie et acceptée par les autorités judiciaires des deux pays.
Cette question est soulevée, ces jours-ci, pour servir d’alibi politique et de carte électorale dans la course à la présidentielle de 2022 en France. Selon la même source, «le pouvoir en France veut se servir de la question des visas et de l’immigration comme carte électorale au milieu d’une campagne dans laquelle ce question fait basculer les voix et les sondages d’un côté comme de l’autre», estimant que «l’opportunité de cette annonce profite au débat interne en France».
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