Droit de l’Homme au Sahara occidental : Lettre ouverte au FMI
Le Maroc vient de bénéficier d’une ligne de crédit de plusieurs milliards de dollars de la part du Fonds monétaire international (FMI).
C’est la quatrième fois en dix ans que le Maroc s’octroie des crédits de la part de cette institution financière mondiale. L’un des pays des plus endettés dans le continent africain, le Maroc a déjà frôlé la barre des 70 milliards de dollars en 2022, selon les estimations de la Banque mondiale.
Ce dernier accord de financement avec le Maroc, d’une valeur de 5 milliards de dollars et d’une durée de deux ans, a été approuvé lundi dernier par le conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods et signée par la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva.
Le conseil d’administration du FMI a expliqué que sa décision est motivée par les politiques, les cadres politiques institutionnels et les « fondamentaux économiques solides », du Maroc.
Des ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales internationaux et acteurs et militants des Droits de l’Homme ont vivement réagi à cette décision. Selon eux, le FMI ne doit soutenir l’occupation militaire illégale du Sahara occidental, en aidant le régime du Makhzen à avoir des lignes de crédits.
Dans une lettre ouverte adressée au FMI par des membres du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental, les signataires invitent l’institution monétaire à prendre toutes les « mesures nécessaires pour s’assurer que pas un seul dollar des 5 milliards attribués au Royaume du Maroc ne sera pas utilisé pour renforcer, ou même maintenir, l’occupation militaire illégale et le développement d’activités économiques illégales dans le Territoire Non Autonome du Sahara occidental par le Royaume du Maroc ».
Se référant à des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, les signataires de la lettre ouverte invitent le Fonds monétaire international à discuter avec le représentant reconnu par l’ONU du peuple du Sahara occidental, le Front Polisario, des mesures appropriées que le Fonds peut prendre pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, intitulée « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux », au Sahara occidental.
Les auteurs de la lettre ont rappelé la déclaration du Directeur général adjoint du FMI, M. Kenji Okamura, à l’issue d’une visite au Royaume du Maroc, qui a témoigné « des progrès réalisés dans le système éducatif marocain », alors que selon le Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE, ainsi que pour le TIMSS de l’AIE, le Royaume du Maroc est classé parmi les cinq derniers pays.
Okamura souligne également les mesures prises par les autorités marocaines pour améliorer le système de santé, alors que le Royaume du Maroc ne consacre que 6,85% du budget de l’Etat au secteur de la santé et que l’OMS considère que la norme devrait être de 12%.
Okamura insiste sur les mesures prises par le Royaume du Maroc pour stimuler le secteur privé, alors que selon le Haut Commissariat au Plan marocain lui même, sur les 36 millions d’habitants, seul un peu plus d’un million de personnes sont employées dans le secteur privé formel. Un autre million est employé dans le secteur public, dont environ la moitié est enrôlée dans l’armée et d’autres services de sécurité de l’État.
Ces rappels, signalés par les signataires de la lettre ouverte, montrent à quel point que le Maroc ne satisfait pas à certaines conditions et que l’argent ainsi obtenus ne servirait pas à l’amélioration de la vie sociale, sanitaire et éducative des populations.
Il convient de considérer que suite à la reprise du conflit armé avec le Front Polisario au Sahara occidental (novembre 2020) et la signature de l’accord d’Abraham avec Israël en décembre 2020, les dépenses militaires du Maroc ont fortement augmenté, passant de 4,88 milliards de dollars US en 2020, à 12,8 milliards en 2022, soit plus de 300%.
Dans ce contexte, les organisations signataires, membres du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental, dénoncent la persistante occupation militaire illégale du Territoire Non Autonome du Sahara occidental par le Maroc et la discrimination subie par la population sahraouie dans l’accès à l’enseignement supérieur et aux soins de santé.
La lettre ouverte a été signée par les co coordinateurs, Abba El Haissan et Gianfranco Fattorini, le premier de la commission nationale sahraouie des droits de l’homme (CONASADH) et le secont de l’Association américaine de juristes (AAJ).