Le P-DG de la CAGEX : «assouplir la réglementation pour encourager l’exportation»

Qualifié de principal verrou à l’exportation, le projet d’amendement de la réglementation des changes n’apporte rien de nouveau pour les exportateurs. C’est ce qu’a affirmé le P-DG de la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations (CAGEX), qui estime que le dispositif légal doit être plus souple pour espérer concrétiser la volonté d’augmenter les exportations hors hydrocarbures.
«J’ai pris connaissance des nouveaux dispositifs par rapport à ce qui existait avant. Je ne vois pas une grande différence. Le dispositif est pratiquement maintenu dans sa globalité», a indiqué ce lundi, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne 3, Djilali Tarikat. «Les exportateurs se plaignent justement d’un dispositif légal répressif à leur encontre, lequel sanctionne le non-rapatriement des créances détenues à l’étranger par des peines privatives de liberté et d’autres sanctions de commerce extérieur», a-t-il affirmé, soulignant l’existence d’une confusion entre le capital et l’argent.
Selon lui, le dispositif confond entre créances nées sur l’étranger et les capitaux investis à l’étranger. «La loi parle des deux concepts comme si ce sont les mêmes alors qu’il y a une grande différence entre les deux», a précisé l’intervenant qui appelle le législateur à aller dans le détail et à faire la distinction entre les deux pour clarifier les choses. Pour le P-DG de la CAGEX, l’exportateur algérien, souvent de bonne foi, est doublement sanctionné en cas de non-rapatriement des recettes d’exportation.
«Quand une entreprise algérienne investit à l’étranger, elle est tenue de rapatrier les bénéfices réalisés à l’étranger. S’il y a non-rapatriement des dividendes, c’est l’entreprise qui a fauté et qui mérite d’être sanctionnée. Mais dans le cas des créances nées sur l’étranger, l’exportateur algérien prépare la commande et l’exporte.
Le commerce extérieur comporte toujours le risque de ne pas être payé par son acheteur à l’étranger. L’actuelle loi sanctionne l’exportateur en cas de non-paiement et c’est un tort», a expliqué M. Tarikat, pour qui l’exportateur n’est pas fautif dans l’opération. «Au lieu de s’atteler à récupérer les créances et viser l’acheteur étranger, on s’oriente vers l’exportateur algérien qui, en plus de perdre son argent, peut écoper jusqu’à 9 ans de prison !», a-t-il dit.
Il a estimé aussi que l’exportateur doit être toujours considéré de bonne foi afin de créer une certaine confiance entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques. Selon lui, les lois économiques et commerciales doivent être des lois de facilitation et non des lois répressives.
Rappelant les missions de la CAGEX, l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 a insisté sur la nécessité de laisser faire ces entreprises exportatrices pour pouvoir créer une richesse dont notre économie a grandement besoin. «On n’aura pas plus d’exportations avec ce dispositif», M. Tarikat a appelé, au passage, à généraliser les mesures prises en faveur des start-up dans le cadre de l’encouragement de l’exportation des services, réduisant ainsi la facture d’importation de ces derniers. Pour l’intervenant, qui préconise plus de souplesse, «toute chose exportable doit être encouragée».
Il convient de signaler que ce constat, qui met sur le banc des accusés la Banque d’Algérie, a été aussi fait pas l’Association des exportateurs. En effet, son président, Ali Bey Nasri, ne cesse de dénoncer les obstacles à l’exportation. Selon lui, la réglementation des changes constitue le principal verrou à l’exportation.
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