10 millions d’Algériens sont obèses : Un phénomène qui prend de l’ampleur

L’obésité est un problème majeur de santé publique qui fait encore parler de lui. En prenant des proportions alarmantes, cette pathologie est au centre des préoccupations « nationales ». C’est ce qu’a indiqué le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelhak Saihi, appelant à la nécessité de la mise en place d’un plan d’action pour juguler ce phénomène.
Lors de l’ouverture des travaux du 1er congrès de la Société algérienne d’obésité et des maladies métaboliques (SAOMM), organisé hier à Alger, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelhak Saihi, a indiqué que « toutes les politiques et programmes nationaux s’étaient intéressés à résoudre le phénomène d’obésité et œuvraient à éliminer la prévalence ».
Dans le même sillage, le ministre de la Santé a appelé à promouvoir une alimentation saine, dans le but de prévenir contre les facteurs d’obésité.
D’après une étude faite par le ministère de la Santé, ciblant des personnes âgées entre 18 et 69 ans, deux femmes sur trois et un homme sur deux souffrent de surpoids, a rapporté le ministre, rappelant les dernières statistiques faisant état de 12 à 14 % d’enfants entre 0 et 5 ans atteints de cette maladie.
Poursuivant dans le même ordre d’idées, M. Saihi a ajouté que l’obésité est une maladie due à l’adaptation, au changement du mode de vie et à bien d’autres facteurs alimentaire, génétique et alimentaire susceptibles de la développer.
Par ailleurs, M. Saihi a cité le rapport de la commission de l’OMS étudiant les habitudes alimentaires, qui a prouvé que les facteurs alimentaires jouent « un rôle important » dans l’apparition des différentes maladies chroniques, entre autres l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les cancers, qui sont à l’origine de la mortalité précoce dans les pays développés.
La SAOMM aspire à sensibiliser la population
Pour sa part, le professeur Amar Tebaibia, président de la Société algérienne d’obésité et des maladies métaboliques (SAOMM), a indiqué que durant les années 2020 et 2021, l’Algérie a assisté à une « collision de deux pandémies », celle due au Covid-2019 et un autre bien connu dans le monde, celle du surpoids et de l’obésité.
« Nous avons très vite compris que la présence d’une obésité conduit à des formes plus sévères de Covid-19, avec un sur-risque de mortalité et d’hospitalisation en réanimation avec une ventilation mécanique (intubation) », a-t-il déclaré.
La création de la SAOMM en pleine pandémie était une nécessité, un véritable défi, un vrai challenge et une belle réussite, a-t-il ajouté.
Le professeur a expliqué qu’en plus d’être une maladie en soi, « l’obésité est aussi un facteur de risque majeur d’autres pathologies graves et qui, par sa complexité et sa chronicité, est une assise pour beaucoup de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardio-vasculaires et le cancer.
L’obésité constitue un problème de santé publique mondial et un lourd fardeau économique ». Selon lui, plus de 650 millions d’adultes sont en situation d’obésité et plus de 124 millions d’enfants et d’adolescents sont atteints de cette pathologie.
Il a ajouté que l’Algérie n’a pas été épargnée par ce fléau pathologique et selon l’enquête STEP Wise OMS (2017), 9,7 millions d’Algériens vivent avec une obésité, ce qui représente 23 % de la population générale. « En 1997, l’OMS a classé l’obésité comme maladie chronique et elle a été reconnue comme telle par les autorités sanitaires algériennes dans le cadre du programme de lutte contre les maladies non transmissibles ».
Le président de la SAOMM a affirmé que celle-ci aspire à aider les patients algériens souffrant d’obésité pour prévenir les comorbidités et les complications, mais aussi sensibiliser la population sur les dangers que présente cette maladie qu’est l’obésité, et ce afin de la prévenir.
Le Pr Amar Tebaibia a voulu que ce premier congrès soit une occasion de réunir un grand panel d’orateurs de différentes spécialistes, à savoir des internistes, des endocrinologues, des diabétologues cardiologues, des oncologues gastro-entérologues, des omnipraticiens, des psychiatres, des nutritionnistes, des néphrologues, des pharmaciens, des psychologues et des chirurgiens, engagés, chacun dans son domaine, dans ce même combat contre l’obésité, ses complications et les maladies métaboliques.
Près de 10 millions d’Algériens sont obèses
Le Pr Rachid Malek, chef de service médecine interne à l’hôpital de Sétif, avait révélé, lors d’une journée d’information organisée récemment à Alger par le groupe pharmaceutique Novo-Nordisk, qu’en Algérie, pas moins de 21 % des adultes souffrent d’obésité, ce qui représente 10 millions de personnes, et une hausse de 76 % a été enregistrée durant les 15 dernières années.
L’interniste avait ajouté que des études projectives mettent en garde sur une augmentation de ce taux de l’ordre de 29 % à l’horizon 2025. Le risque national d’obésité est désormais de 8 sur 10 adultes et de 8 sur 11 enfants ou adolescents.
Il avait soutenu que cette maladie touchait autrefois uniquement les pays riches mais qu’à présent, le surpoids et l’obésité est devenu un problème de santé publique qui est présent dans le monde, dont l’Algérie.
Selon le professeur, les causes de l’obésité sont nombreuses et souvent liées à plusieurs facteurs, notamment les facteurs génétiques ou alimentaires, comme les troubles du comportement alimentaire qui interviennent également dans la prise de poids, ainsi que les facteurs psychologiques comme la détresse ou le stress.
Pour conclure, le Pr Rachid Malek a estimé que la guérison de cette pathologie demande un suivi à deux niveaux, à savoir psychologique et physique.
Il convient de rappeler que l’ex-ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, avait annoncé l’élaboration d’un guide au profit des professionnels de la santé pour la prise en charge du phénomène de l’obésité.
Benbouzid avait fait savoir que ce « guide se veut un outil nécessaire des bonnes pratiques, à travers l’association du médecin généraliste au niveau de toutes les structures de proximité ». Il avait insisté sur le suivi et l’accompagnement de la personne souffrant d’obésité par des équipes pluridisciplinaires au niveau d’une structure de référence afin de traiter ce phénomène, appelant, en outre, à l’association des décideurs des autres secteurs concernés dans l’opération de sensibilisation, et ce en assurant des produits alimentaires de qualité ainsi que les moyens pour pratiquer des activités sportives.
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