Dinar numérique : un défi et une opportunité
L’Algérie a adopté une monnaie numérique. La Banque d’Algérie, qui a célébré son soixantième anniversaire, l’a lancé sous le nom de « dinar numérique ». Une monnaie qui sera développée, émise, gérée et contrôlée par la Banque d’Algérie. C’est quoi une monnaie numérique ? Quelle est la différence entre la monnaie numérique et la cryptomonnaie ? Quels sont les impacts de son adoption en Algérie et chez les BRICS ? C’est sur ces questions et d’autres que s’est focalisée la dernière note de réflexion du cercle de réflexion CARE dans la contribution de son vice-président Ali Kahlane.
L’adoption d’une monnaie numérique de banque centrale gagne du terrain à travers le monde. Près de 120 pays sont en train d’étudier ou d’adopter ce type de monnaie. Le groupe des BRICS, un groupe que l’Algérie veut intégrer ainsi que d’autres pays, est très avancé dans la mise en place de cette monnaie. L’adoption par l’Algérie d’une monnaie numérique devrait soutenir sa candidature.
« Si l’adoption de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) est un préalable à une candidature aux BRICS, c’est une case cochée qui devrait aider notre pays », a indiqué Ali Kahlane dans sa contribution, signalant l’adoption d’autres pays candidats aux BRICS d’une monnaie numérique. Il a, entre autres, cité l’Argentine qui a lancé le Digital Peso en mode Retail en 2022, l’Egypte qui a lancé une étude pour l’e-EGP, l’Indonésie qui a lancé le Digital Rupiah en 2022 et enfin l’Arabie saoudite qui a lancé le Project Aber en 2019.
Le vice-président du CARE a, en outre, fait savoir que le Conseil d’affaires des BRICS travaille sur un système de paiements internationaux, adossé à la monnaie numérique de banque centrale, commune. « Elle sera une version centralisée et souveraine, elle devrait être détachée de la méthode SWIFT. Ces travaux pour la mise en place de ce processus ont été accélérés depuis les sanctions occidentales envers la Russie », a-t-il précisé.
Pour ce qui est de l’Algérie, l’adoption du dinar numérique, qui soutiendrait à terme la forme physique de l’actuelle monnaie fiduciaire, est considérée par ce consultant en transformation numérique comme un défi et une opportunité pour le pays. « Cela devrait permettre une plus grande inclusion financière, ne serait-ce que pour éviter à terme les pénuries de cash, permettre une plus grande traçabilité des transactions et, pourquoi pas, réduire graduellement l’économie informelle », a-t-il expliqué, évoquant les étapes d’adoption de cette monnaie.
Se fiant aux déclarations du vice-gouverneur de la Banque centrale faites en mars 2022, le vice-président du CARE a indiqué que l’adoption de cette monnaie numérique « commencera par une phase expérimentale, qui portera d’abord sur une monnaie numérique centrale interbancaire, appelée aussi de gros ».
Ainsi, a-t-il souligné, « l’introduction de la monnaie numérique de banque centrale en Algérie par l’Etat est une occasion en or pour moderniser le système financier algérien et le fonctionnement des banques, où le client serait réellement central », affirmant que « c’est la meilleure des alternatives à la monnaie fiduciaire et la suite logique à la monnaie électronique ». L’adoption réelle de cette monnaie sur le terrain dépendra, selon lui, de la détermination du gouvernement et des autorités financières, de la confiance des opérateurs et celle des citoyens, soulignant, cependant, la nécessité de « tenir compte des inerties des usages des technologies en place qui pourraient entraver son adoption ».