Dialogue intermalien: Tous pour un «Mali nouveau»
C’est visiblement avec beaucoup d’optimisme qu’ont débuté hier les travaux portant deuxième round des négociations inter malienne à Alger. Après une concertation à huis-clos ayant réuni la délégation du gouvernement malien, les représentants des groupes politico-militaires du Nord du Mali et les principaux médiateurs, la séance d’ouverture a été l’occasion pour le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra de donner la parole à chacun des acteurs. On note alorde une convergence évidente des interventions autour d’un concept-clé redondant : la nécessité de dialoguer pour un « Mali nouveau »…
Consensus prometteur
Comme un tabou cassé par les Maliens dans la grande salle de l’hôtel Aurassi à Alger en ce premier septembre date du report de la deuxième étape du dialogue inclusif : Du MAE burkinabé, Jibril Bassolé, haut représentant de l’OCI, jusqu’à son homologue, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, en passant par les émissaires des groupes rebelles du septentrion malien, tous ont prononcé dans leur discours un engagement solennel à œuvrer pour la construction d’un « Mali nouveau ». Pour les observateurs assidus de la crise malienne, l’expression n’est pas qu’un simple slogan. C’est une véritable rupture avec les blocages passés où chacune des parties campait sur des positions radicales. D’un côté, un pouvoir central suffisant de Bamako, prétendant exercer son autorité jacobine sur les lointains territoires du nord, de l’autre, une rébellion de plus en plus sécessionniste affirmant un divorce consommé avec la république de Modibo Keita. Faute de voir ses revendications sociales et culturelles et politiques réellement prises en charge. Il semblerait que les tragiques événements qui ont secoué le pays au printemps de l’année 2012, entraînant une crise politique et humanitaire sans précédent, ont fini par ramener les adversaires à la raison. Pour un consensus promettant une refondation nationale au bénéfice de « toutes les communautés, de tous les Maliens sans exclusion » comme l’a précisé le ministre malien Abdoulaye Diop.
« Oser faire la paix »
Voix tremblante et le ton grave, l’intervention d’Ag Ghissa, le coordinateur signataire de la déclaration de juin à la résidence El Mithak dans la capitale algérienne pour l’amorce du dialogue, rappelle à tous le passif lourd de haine, de violence et de méfiance entre les belligérants d’hier. Le prof de Kidal procède à un rappel historique sur la rébellion à l’époque du Soudan français, s’appuie sur des citations de grands auteurs de la littérature française pour conclure par la nécessité de conjurer la fatalité des « deux appréhensions anciennes de l’instabilité chronique et de l’exode massif des populations dans le nord du Mali ».
Le président de la coalition du peuple pour l’azawad (CPA), Ibrahim Mohamed Salah renchérit en déclarant : « Il faut se dire les quatre vérités… » tonne l’homme en bleu qui évoque, par la même occasion, les nombreuses victimes de la cause, du conflit. Et de conclure malgré l’amertume sur une détermination remarquable : « Comme nous avons osé faire la guerre, osons maintenant faire la paix ! » Ag Salah aura aussi, pour sa part, affirmé que les « Azawadiens ne renoncent pas à un grand Mali ».
Réitérant ainsi le respect de l’intégrité territoriale consignée dans l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013. En cette journée d’ouverture des négociations, tout indique une évolution positive dans la recherche d’une solution durable au contentieux qui oppose depuis des lustres les mouvements politico militaires du Septentrion malien au pouvoir central de Bamako. « Grâce aux bons offices de l’Algérie, chef de file dans la médiation », n’a-t-on cessé de répéter parmi les participants, toutes parties et nationalités confondues. Un honneur pour l’ensemble des Algériens et une obligation de succès pour notre diplomatie mobilisée pour réussir.