Dialogue et réconciliation maîtres mots de la diplomatie algérienne
C’est un ministre des affaires étrangères requinqué par les résultats de sa tournée dans le monde arabe qui est venu prendre langue avec la presse dimanche dans son département.
Tout d’abord par la nouvelle de la libération de deux prisonniers algériens détenus Irak, un scoop qu’un de ses collaborateurs lui a glissé sur la table alors qu’il présentait les grandes lignes de son périple panarabe. « Voilà une bonne nouvelle », dira Abdelkader Messahel sans plus de précisions avant que la question sur ce vieux dossier ne lui soit directement posée au cours de cette rencontre-bilan qui a ponctué son voyage , de 13 jours, en Egypte, Arabie Saoudite, Koweit, Bahreïn, Qatar, Oman, la Jordanie et l’Irak. « Lors de mes entretiens avec les responsables irakiens, j’ai exprimé le vœu que les autorités judiciaires libèrent nos deux algériens détenus, depuis des années, en Irak pour séjour irrégulier », a-t-il lancé précisant que ses interlocuteurs lui ont assuré que les deux ressortissants seraient libérés dans les heures qui suivent.
Les deux ressortissants dont l’identité n’a pas été révélée croupissaient en prison depuis 14 ans. Ils ont été remis aux représentants de l’ambassade d’Algérie à Baghdad.
L’ambassade d’Algérie en Irak a entrepris les procédures nécessaires pour permettre aux deux Algériens libérés de regagner le pays dans les plus brefs délais.
Ce dossier avait fait l’objet de longues et âpres négociations entre Alger et Baghdad, entravées souvent par la situation politique et sécuritaire en Irak. Toutefois, le ministre a souligné que l’Algérie n’a pas évoqué le cas des prisonniers algériens poursuivis pour terrorisme.
« On ne peut réclamer la libération de terroristes, ce qui est contraire aux règles internationales auxquelles a souscrit l’Algérie », a rappelé M. Messahel qui a ajouté que les irakiens ont sollicité l’aide algérienne en matière de lutte contre le terrorisme mais surtout sur la question de la réconciliation nationale. « Nous avons remis aux autorités de Baghdad, toute la documentation qui pourrait les aider à mettre en œuvre les mécanisme de la réconciliation nationale », a-t-il encore dit.
Cependant, les entretiens avec les responsables se sont étendus aussi aux questions économiques notamment la coopération dans le domaine des hydrocarbures et des échanges commerciaux, a révélé M. Messahel qui a qualifié sa visite en Mésopotamie de « très riche ».
Le périple arabe du chef de file de la diplomatie algérienne est intervenu sur instruction du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il était porteur d’un message de M. Bouteflika aux Souverains et Chefs d’Etat de ces pays, a-t-il tenu à rappeler. Avec ses homologues arabes, Messahel a aussi évoqué de la réforme de la ligue arabe.
« Notre souhait à travers cette réforme escomptée est d’engager un débat de fonds sur le fonctionnement de la ligue face aux nouveaux défis qui s’imposent à elle et qui nécessite au préalable un resserrement des rangs ». Cette ambition passe par le règlement des conflits et des crises en cours que ce soit les conflits fratricides comme en Libye, la Syrie et le Yémen ou les crises politiques comme celles qui secouent les pays du Golfe.
En diplomate chevronné, Messahel dira que seule la voix du dialogue est la mieux indiquée pour résoudre ces crises qui font du monde arabe la région la plus instable au monde. « Nous avons exposé cette vision à tous nos partenaires que ce soit en Libye, le Yemen ou la Syrie ou ailleurs ».
C’est d’ailleurs dans ce registre que M. Messahel évoqua le lancinant dossier de l’immigration clandestine. « Un phénomène qui n’épargne aucun pays », dira-t-il. Mais s’agissant de l’Algérie, « nous avons constaté un flux anormal d’immigrants subsahariens ces derniers mois qu’il est important de prendre en charge », souligne-t-il. Le chef de la diplomatie algérienne expliquera
qu en raison du resserrement de l’étau sur « le point triple » un passage étroit entre l’Algérie et le Niger et la Tunisie soumis à un contrôle international, les passeurs et contrebandiers ont changé leurs routes de passage vers l’Algérie.
Toutefois, les autorités algériennes ont engagé des pourparlers avec les pays concernés pour le rapatriement de ses clandestins, a-t-il conclu.