Détournement de médicaments : L’ordonnance électronique pour faire barrage
Chaque année, les fraudes et détournements liés aux médicaments psychotropes causent de lourdes pertes à l’Algérie, aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. Pour y remédier, le Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO) plaide pour l’entrée en vigueur rapide de l’ordonnance électronique, un outil jugé essentiel pour renforcer la traçabilité et la sécurité du circuit du médicament.
S’exprimant en marge d’une rencontre organisée à Alger par l’Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha), le porte-parole du SNAPO, Karim Merghemi, a souligné le caractère urgent de cette réforme. « L’ordonnance électronique est une nécessité. Elle permettra d’assurer la traçabilité des médicaments psychotropes et de garantir qu’ils soient délivrés uniquement aux patients qui en ont réellement besoin », a-t-il déclaré.
Selon lui, les pharmaciens sont souvent confrontés à des ordonnances falsifiées ou douteuses, difficiles à vérifier dans le cadre du système actuel. La mise en place d’une plate-forme numérique centralisée « mettra un terme à ces pratiques » et renforcera la sécurité des professionnels de santé, souvent exposés à des situations à risque. Le syndicat met également en garde contre certaines formes de détournement organisé, où des individus consultent plusieurs médecins le même jour afin d’obtenir plusieurs ordonnances de psychotropes, ensuite revendues sur le marché parallèle. « C’est une dérive grave qui alimente directement le trafic de drogue », a alerté M. Merghemi.
Pour le SNAPO, les conditions juridiques sont réunies. La loi 23-05, adoptée en 2023, prévoit la création d’un répertoire national électronique des ordonnances relatives aux stupéfiants et aux psychotropes. Ce registre, placé sous l’autorité du ministère de la Santé, devrait être accessible aux praticiens, pharmaciens, services de contrôle, douanes et police judiciaire. Toutefois, deux ans après l’adoption du texte, les décrets d’application se font toujours attendre. Le syndicat estime qu’il est désormais temps de passer à l’action.
En parallèle, le gouvernement a annoncé son intention de créer une plate-forme numérique nationale dédiée à la gestion des pharmacies d’officine. Ce dispositif vise à améliorer le suivi des stocks, la disponibilité des médicaments et la traçabilité des psychotropes et antibiotiques, s’inscrivant dans une démarche plus large de modernisation du secteur pharmaceutique.
Le président du SNAPO, Sami Tirache, avait indiqué en septembre dernier que le projet est techniquement prêt. La partie réservée aux pharmaciens est déjà fonctionnelle, permettant l’authentification et la vérification des ordonnances en temps réel. « Il ne reste qu’à finaliser le module destiné aux médecins, tout en assurant la protection des données personnelles », avait-il précisé.
Si ces projets venaient à être concrétisés, ils transformeraient en profondeur la gestion du médicament en Algérie. Le SNAPO considère que la numérisation des ordonnances constitue un levier stratégique pour fiabiliser la chaîne du médicament, lutter contre les trafics et protéger les pharmaciens.
A terme, ce dispositif pourrait réduire les risques de détournement, notamment de produits comme l’ecstasy, et garantir que seuls les patients réellement concernés aient accès à ces traitements soumis à un contrôle strict.
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