Des professeurs et le DSP de Constantine essuient la colère de Boudiaf
Les mesures prises à Constantine peuvent toucher toutes les structures défaillantes à travers le pays, a dit le ministre hier en marge de la sortie de 6 500 cadres de la santé à l’Ecole nationale paramédicale d’Hussein Dey.
Bien que le cas de la ville des Ponts reste isolé, selon Abdelmalek Boudiaf, il n’est pas écarté que des mesures similaires soient prises contre toute personne accusée de laxisme, a-t-il par ailleurs menacé. Et la vingtaine de structures de santé à Alger priées de mettre les clés sous le paillasson pour non-respect des cahiers des charges en est l’exemple édifiant.
« Celui qui veut travailler n’a qu’à travailler et celui qui ne veut pas n’a qu’à rester chez lui. » Le professeur Barkat et M. Assassi ont-ils mesuré les propos du ministre de la Santé lors de sa dernière visite à Constantine ? En tout cas, ils auront payé pour tous les autres. Comme il l’avait promis, Abdelmalek Boudiaf a mis à exécution ses menaces, 72 heures après sa virée constantinoise. Le professeur chef de service de la maternité du CHU Dr Benbadis et le directeur de la santé et de la population de la wilaya ont été carrément limogés. En tout, une dizaine de décisions ont ainsi été prises par le chef du département de la Santé sur la base des enquêtes engagées aussitôt sa visite terminée, bien que quelques-unes aient été entamées bien avant, dont celle relative à « l’horrible » situation dans laquelle se trouvait avant sa fermeture le service gynéco-obstétrique de la mégastructure sanitaire, le CHU Dr Benbadis. Entre autres mesures prises, l’ouverture d’une enquête judiciaire au sujet d’un matériel détruit volontairement (au marteau, avait-on laissé entendre), au service de la maternité, ainsi que la mise à l’écart du professeur responsable du service d’ophtalmologie, en hibernation sans raison apparente, selon ce qui s’est dit, depuis près de trois ans, et son remplacement par un autre professeur dans le but de relancer au plus tôt l’activité du service dont des dizaines de patients attendent avec impatience la réouverture.
Plusieurs services seront aussi scrutés par les services de sécurité. C’est le cas de celui de l’orthopédie où la révélation d’une affaire de gaspillage de prothèses de la hanche évalué à près de 3 milliards avait suscité l’indignation du ministre.
Abdelmalek Boudiaf a aussi annoncé que les conclusions de la commission d’experts actuellement à pied d’œuvre au niveau de l’EHS Daksi, communément appelé clinique des reins, pour faire une évaluation des greffes, au ralenti depuis des années, seront connues incessamment. Boudiaf s’était interrogé, lors de sa virée à Constantine, sur les raisons qui font qu’un « établissement de rang » n’ait fait, depuis sa création il y a plus de vingt ans, que 91 interventions de greffe (voir encadré).
En bref, les décisions prises par la tutelle viennent en tout cas conforter dans sa position le directeur du centre hospitalo-universitaire de Constantine dans la mesure où il fut presque le véritable catalyseur de toute cette série de réactions en chaîne qui aura, au final, eu raison de personnalités jusque-là considérées indéboulonnables à l’image du chef de service de la maternité.