Des procureurs et des policiers belges espionnés par le Maroc
Le Maroc est encore une fois épinglé par ses agissements illégaux en Europe. Après les retentissants scandales des eurodéputés corrompus, l’espionnage et l’écoute des téléphones de milliers de personnalités européennes, notamment du chef de l’Etat français Emmanuel Macron, c’est encore des juges, procureurs, magistrats et des policiers belges qui sont ciblés par les services marocains.
C’est un nouveau scandale qui va encore éclabousser le régime du Makhzen et dévoiler son véritable visage et ses pratiques aux yeux de ses alliés occidentaux et dans l’opinion publique internationale.
Selon la Radio-télévision de la communauté française (RTBF), des mobiles de plusieurs policiers et magistrats belges présentaient des traces d’un logiciel espion techniquement avancé. Le même média a souligné que la piste menant vers le Maroc, qui a déjà largement utilisé le logiciel espion Pegasus, est évoquée.
Selon le média bruxellois qui précise avoir recoupé cette information auprès de plusieurs sources au cours de ces derniers mois, « plusieurs téléphones de procureurs, de juges d’instruction, de policiers ou encore de membres du personnel de justice ont été confiés aux policiers fédéraux de la Computer Crime Unit (FCCU), spécialisés dans les formes complexes de cybercriminalité, pour les soumettre à des analyses poussées et répétées ».
Le média belge a indiqué que selon les premiers éléments transmis aux personnes concernées, toutes les analyses laissent supposer l’infection des téléphones par un logiciel espion. « En effet, l’appareil du juge d’instruction Michel Claise qui fait partie des téléphones testés +positifs+ et ceux d’autres magistrat (s) et policier(s) ont été avisés du même résultat », a noté la RTBF.
On ne connaît pas pour l’heure le nombre exact des terminaux téléphoniques touchés, mais il semble que c’est un nombre important.
S’appuyant toujours sur des sources bien au fait de l’enquête, le média belge a précisé que ce qui hante à présent le plus les enquêteurs « est le nom exact du modèle du logiciel espion employé et l’identification de la partie qui en serait derrière ». D’après les informations qu’elle a pu recueillir auprès de plusieurs sources sur le logiciel, la RTBF a indiqué qu’il s’agit d’un logiciel espion techniquement avancé qui permet de prendre le contrôle du téléphone ciblé, de récupérer les messages (y compris chiffrés), les photos, les contacts et de déclencher des enregistrements (audio et vidéo) des conversations.
Pour les enquêteurs, l’hypothèse marocaine derrière ce nouvel épisode d’espionnage s’explique par deux raisons. Bien qu’il soit difficile de déterminer avec exactitude pour l’instant le nom exact du logiciel employé et la partie qui en soit derrière, le média belge a fait savoir que plusieurs de ses interlocuteurs lui ont affirmé que cet espionnage aurait un rapport avec le scandale de corruption au Parlement européen dans lequel le Maroc est embourbé.
D’abord, il y a le fait que parmi les personnes espionnées, beaucoup gravitent dans le cadre de l’enquête ouverte par la justice belge sur le scandale du « Marocgate », dont le juge d’instruction Michel Claise est chargé de cette affaire.
En outre, il y a le fait que Rabat est un client assidu du marché des logiciels d’espionnage. Dans ce sens, il faut rappeler la dernière annonce du laboratoire de recherche canadien Citizen Lab qui avait indiqué que le Maroc est l’un des premiers pays pour qui a été exposé le tout dernier logiciel d’espionnage créé par l’entreprise QuaDream Ltd.
Pourquoi ce ciblage de magistrats et policiers belges en ce moment ? Selon des sources, l’espionnage de membres de l’appareil policier et judiciaire pourrait avoir deux objectifs : soit la collecte illégale d’informations concernant des investigations et des procédures en cours, soit la mise sous pression de personnes occupant des fonctions clés en utilisant des messages, images ou autres éléments dérobés.