Des points de vente de moutons dans les quartiers huppés
Les citoyens de plusieurs quartiers, dont certains réputés huppés, se plaignent depuis quelques jours de la prolifération, de façon anarchique, de points de vente de moutons.
Des garages de villas aux rez-de-chaussée de bâtisses en construction, en passant carrément par les trottoirs, sont squattés par des dizaines de maquignons et autres citoyens reconvertis, pour la circonstance, en revendeurs de bétail. Bien que cela puisse faire des heureux, notamment parmi les enfants, les adultes habitant dans le voisinage en sont incommodés.
Un citoyen irrité, rencontré à la cité Sidi Mabrouk, a tenu à expliquer : « Ces pratiques sont inacceptables, le crottin des moutons laissé à même le sol en fin de journée et les odeurs nauséabondes que dégage le cheptel nuisent à nos enfants mais aussi à l’environnement. Ces gens manquent de culture urbaine et rien ne les intéresse sinon le gain. »
Une petite virée nous a en effet permis de confirmer les dires de notre interlocuteur. L’un des revendeurs, qui a utilisé son garage pour la circonstance, a même eu l’audace de procéder à une extension de son « étable de fortune « sur le trottoir-même, rendant ainsi la circulation des piétons des plus difficiles. Les acheteurs et autres curieux sont en effet à l’origine d’un indescriptible tohu-bohu.
A la cité El-Mouna, quartier dont les habitants sont pourtant réputés fortunés, un citoyen a reconverti le garage de ville en bergerie. Proposant les bêtes pour des sommes oscillant entre 35 000 à 70 000 DA la tête, le vendeur, fonctionnaire de son état, nous a déclaré avoir pris son congé annuel pour la circonstance.
Il n’a pas manqué d’assurer que cette année, les prix seraient à la portée de toutes les bourses. Bien que l’on susurre du côté des grands éleveurs que les chutes de pluie, ces derniers jours, leur aient été très favorables et que, par conséquent, les prix seraient revus à la hausse avant le jour du sacrifice.
Ce que nous a confirmé un fermier versé dans l’élevage dans la région de Hamma Bouziane, troisième commune de Constantine. Ce dernier affirme que la perspective de la sécheresse étant écartée, son cheptel aura désormais de quoi se nourrir. Aussi, il n’est nullement pressé de tout écouler avant l’Aïd-el-Adha.
Alors que d’autres wilayas n’ont pas tardé à rendre publique la liste des points de vente dans, notamment, les grandes villes, à l’image d’Alger et Oran, les services agricoles de Constantine affichent un mutisme pour le moins intrigant.
Aucune déclaration n’est venue mettre de l’ordre à deux semaines de la fête du sacrifice, sachant que parmi les acheteurs, certains ont tendance, pour diverses raisons, à acquérir leur mouton plusieurs jours avant l’Aïd.
Par ailleurs, certains maquignons et autres marchands de bétail de circonstance ne manquent pas d’afficher leur empressement à écouler au plus vite leur marchandise avant la montée en force des grands éleveurs des régions steppiques, dont ceux de Djelfa, Bou Sâada, Laghouat, ou encore ceux de Tébessa, à l’extrême Est, dont le mouton a acquis ces dernières années une bonne réputation. Une « invasion » qui, à ne pas en douter, fera baisser les prix.