Des lobbys empêchent l’investissement
Le président du groupe NCA Rouiba, Slim Otmani, a émis des doutes quant à la volonté de l’Algérie d’attirer les IDE pour diversifier son économie. Dans une interview à a revue La lettre d’Al Djazaïr, éditée par la Banque Mondiale, Otmani a avancé comme preuve les divers déplacements des ministres algériens à l’international qui n’ont pas réussi à convaincre une masse critique d’investisseurs de venir investir en Algérie.
Le patron de l’une des grandes sociétés de boissons en Algérie a estimé que deux milliards d’IDE c’est peu au regard des potentialités de l’économie nationale. Otmani a fait constater que l’économie algérienne a été et reste, toute entière, organisée autour de la gestion d’un secteur pétrolier prédominant.
« C’est la véritable priorité du gouvernement, ce qui explique du reste que l’essentiel des IDE soit orienté vers les activités de prospection ou de production des hydrocarbures ». Pour lui, le gouvernement ne voit pas la nécessité d’encourager les IDE dans les autres secteurs de l’économie, du moment que les caisses de l’Etat ont toujours été renflouées par la manne pétrolière. Il a toutefois estimé que les pouvoirs publics changeraient fort probablement cette position si le prix du pétrole se maintenait à cette tendance baissière.
« Dans la mesure où une politique nouvelle viendra à s’affirmer, on s’apercevra très vite que les potentialités du marché algérien sont considérables, pour peu que le système économique se réorganise et gagne en efficacité », a-t-il affirmé. Mais la nouvelle politique économique impliquera, selon lui, de corriger un certain nombre de lacunes comme l’instabilité du cadre juridique régissant les IDE, les prégnances des pratiques corruptrices et un climat des affaires bureaucratisé à l’excès, y compris pour les entrepreneurs locaux.
« La confiance n’est pas au rendez-vous et la visualité des pouvoirs publics, dans leur relations avec les investisseurs étrangers, a largement contribué à rendre la destination Algérie difficilement attractive », a-t-il regretté, tout en soulignant la nécessité des IDE pour diversifier l’économie nationale et construire un secteur privé performant. Sans les nommer, le patron de la NCA Rouiba accuse « des lobbys » et « des experts théocrates » d’être derrière ce blocage.
Pour secouer les pouvoirs publics, Otmani soutient le message alarmiste, à l’heure où l’Algérie vit un choc pétrolier qui risque de balancer le pays dans l’engrenage du surendettement. « Le message alarmiste pourrait contraindre les pouvoirs publics d’entamer des réformes et de prendre des décision courageuses, comme celle de revoir le mécanisme des subvention ainsi que celle du désengagement de l’Etat de la sphère économique, à l’exception de quelques rares secteurs stratégique », a-t-il suggéré.
En tant qu’investisseur, Otmani a évoqué la circulaire d’août 2013, adressée par le Premier ministre à tous les membres du gouvernement mais qui est restée dans les tiroirs. « Elle mérite qu’on la rappelle et que l’on nous explique pourquoi elle est restée lettre morte, alors qu’elle portait en elle les prémices d’un autre cadre entrepreneurial propice à la diversification et à l’exportation », a-t-il insisté en soutenant que les raisons de la non-application de cette circulaire pourraient être riches en explications sur la situation statique de notre économie.