Des centaines de migrants bloqués à l’aéroport de Madrid
Plus de 600 migrants en majorité des subsahariens et des marocains sont bloqués à l’aéroport international de Madrid, demandant l’asile en Espagne, un fait qui suscite les inquiétudes des autorités du pays quant à ce nouveau mode d’immigration clandestine.
Leur nombre ne cesse d’augmenter avec les nouvelles arrivées de ces migrants qui étaient supposés se diriger vers l’Amérique du sud, mais ils ont profité de l’escale à l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas pour demander l’asile.
Dimanche 4 février, la situation s’enlisait à l’aéroport de la capitale ibérique. Le nombre des demandeurs d’asile dans le terminal T4 a atteint plus de 650, tous d’origines subsahariennes et marocaines. Ils sont entassés dans les locaux de l’aéroport depuis plus d’un mois sans que leur situation ne trouve une issue.
Les syndicats de police et les employés de l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas révèlent que la majorité de ces migrants, principalement originaires du Sénégal, du Maroc, embarquent à Casablanca à bord de vols de Royal Air Maroc avec des billets à destination de Salvador, la Bolivie ou du Brésil, avec une escale à Madrid.
Contacté par le Jeune Indépendant, un chef d’escale de la compagnie Iberia à l’aéroport de Madrid a affirmé que « les Sénégalais, par exemple, n’ont pas besoin de visa pour se rendre au Salvador ou au Nicaragua. Ils n’ont pas non plus besoin de visa de transit pour passer par l’Espagne ».
Selon la même source, ces migrants se retrouvent, par conséquent, coincés à Madrid en raison de la falsification des billets pour traverser l’Atlantique par les mafias.
À leur arrivée à Madrid, « leur technique consiste à déchirer leurs passeports et à solliciter l’asile, suivant les instructions des réseaux des passeurs criminels », a expliqué le syndicat de police Jupol qui soupçonne les réseaux de trafic marocains d’être derrière ces vagues de clandestins.
Cette situation les laisse dans l’incapacité de poursuivre leur voyage ou de quitter l’aéroport, les contraignant ainsi à demander l’asile. Saisies de cette crise, le ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, s’est rendu à la mi-janvier à Rabat pour discuter avec son homologue marocain sur le renvoi des migrants marocains.
Depuis quelques mois, de nombreux exilés originaires du Sénégal, du Maroc, de la Somalie, du Venezuela et de la Colombie sollicitent l’asile à leur arrivée à Madrid, durant leur escale avant de poursuivre leur vol vers la Bolivie, le Brésil ou le Salvador.
Des jeunes font également parti de ces demandeurs d’asile. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, un total de 188 mineurs ont débarqué au terminal de Madrid dans le but de rester dans le pays, via un des vols à destination vers l’Amérique latine.
Actuellement, l’une des solutions envisagées consiste à instaurer un visa de transit aéroportuaire (TAP) pour les ressortissants Sénégalais cette décision, déjà en vigueur pour les citoyens kényans, prendra effet le 19 février. Cependant, dans l’intervalle, les migrants continuent d’affluer en grand nombre à l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas.
Au cours des deux dernières semaines, quatre salles d’accueil ont été mises en place pour recevoir les demandeurs d’asile. Toutefois, en raison des arrivées quasiment quotidiennes, ces espaces d’attente, conçus pour accueillir de 60 à 70 personnes, sont actuellement saturés.
La surpopulation et les conditions d’hygiène malsaines ont atteint des niveaux critiques, entraînant des infestations de punaises de lit, une accumulation de déchets, et une pénurie de serviettes pour l’hygiène personnelle, comme l’avait alerté la semaine dernière l’ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) dans un communiqué. Jeudi 1 février, une nouvelle salle d’accueil de 500 m2 a été ouverte dans le terminal 1 afin de contenir le flux des nouvelles arrivées. Cette salle a la capacité d’accueillir jusqu’à 162 personnes.
Depuis le 1er janvier, les autorités ont ordonné 108 expulsions depuis l’aéroport. Et selon le ministère de l’Intérieur, 864 demandes d’asile ont déjà été traitées par les responsables de la police et de l’Office d’Asile et Refuge (OAR).
Cette nouvelle méthode d’immigration clandestine constitue une nouvelle voie adoptée par les passeurs et les trafiquants. La majorité écrasante des migrants arrive en Espagne après avoir traversé l’océan Atlantique ou la mer Méditerranée.
En 2023, plus de 55 000 migrants ont choisi la voie maritime pour atteindre le pays, sur un total de 57 000 arrivées. Environ 37 000 d’entre eux ont opté pour la route migratoire passant par les Canaries.
La même année, l’Espagne a enregistré un nombre record de demandes d’asile, dépassant les 163 000. Ces statistiques placent Madrid au troisième rang des pays de l’Union européenne ayant accueilli le plus grand nombre de demandes d’asile. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de trois quarts de ces demandes émanaient de ressortissants latino-américains.