Des ambitions présidentielles pour Amar Saâdani
La guerre de succession a-t-elle déjà commencé ? L’opposition, en tout cas la classe politique (démocrates, nationalistes et islamistes) qui se réclame de cette tendance, fait profil bas.
Le SG du FLN, Amar Saâdani, a le vent en poupe ces derniers temps. Son ascension politique fait de lui l’une des personnalités les plus influentes du moment. Et son ambition, après avoir occupé le siège de numéro un à l’Assemblée populaire nationale, est aujourd’hui de se hisser sur le podium de l’Etat.
Le patron du parti majoritaire au Parlement jouit, diton, d’un soutien sans faille de la part des décideurs. Il serait même poussé par ce même clan pour être une alternative à la succession du locataire du Palais d’El- Mouradia au terme de son quatrième mandat. Depuis son accession à la magistrature suprême, Abdelaziz Bouteflika se refusait à pourvoir le poste de vice-président. Il était bien placé pour savoir qu’un vice-président avait toutes les chances de lui succéder.
Aussi Saâdani, vrai fidèle et possible successeur de l’actuel chef de l’Etat, après avoir éliminé Belkhadem de la course, aurait rencontré récemment à Paris Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur de France à Alger et actuel directeur général de la Sécurité extérieure.
Il n’est pas exclu que Saâdani ait sondé les réactions françaises sur ce chapitre auprès d’un relais important du régime français. Après la décapitation de l’otage français Hervé Gourdel, Saâdani a écrit une lettre au nouvel ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, alors que les autres partis politiques se sont contentés de condamner l’assassinat via des communiqués.
Pourtant, le secrétaire général du FLN a décidé de s’adresser à la France pour lui présenter ses condoléances et celles de son parti. Le prochain congrès du parti, prévu au mois de janvier 2015, sera un virage important pour Saâdani qui met toute son énergie à ficeler un rendez-vous crucial pour son avenir.
Le FFS contre-attaque et met mal à l’aise Saâdani
Le FFS, pour contrecarrer les plans du SG du FLN, entend organiser une conférence nationale avant la fin de l’année pour dégager un consensus autour d’un successeur possible de Bouteflika et court-circuiter l’ascension de Saâdani. Le parti rejette l’idée d’une transition démocratique telle que prônée par l’opposition menée par la CNTLD.
Selon le premier secrétaire de cette formation, Mohamed Nebbou, de nombreux chercheurs et spécialistes en politique ont démontré que le « changement ne peut pas se faire loin du pouvoir ». Le FFS a donc adopté ce principe pour justifier le virage à 90 degrés qu’a pris le parti depuis une année.
Ce qui explique l’entrée en lice du plus vieux parti de l’opposition et son désir de peser de tout son poids, surtout après la missive envoyée par Saâdani au président du parti, Hocine Aït Ahmed, lui suggérant de travailler ensemble pour un consensus politique, comme en 1995 lorsque Abdelhamid Mehri, alors SG du FLN, décida un rapprochement avec le FFS, opposé au pouvoir de l’époque incarné par le président Liamine Zeroual. Il fut fatal au défunt qui perdit son poste.
Aujourd’hui les donnes ont-elles changé pour que Saâdani ose un rapprochement tactique avec le FFS ? Entre temps, celui-ci reçoit un soutien de taille de l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche qui tourne le dos à la CNTLD. Hamrouche veut impliquer l’armée dans le processus démocratique, comme le veut du reste le FFS.
La CNLTD à bout de souffle ?
L’opposition réunie autour de la CNLTD s’organise et se mobilise comme elle peut. Malgré le soutien inattendu d’Ali Benflis au sortir d’une élection présidentielle perdue avec un million de voix, elle peine à s’affirmer dans le paysage politique.
Certes, elle est le fruit d’un conglomérat de partis hétéroclites qui tente de poser les jalons d’une transition démocratique. Aussi compte-elle bientôt descendre dans l’arène pour expliquer sa démarche. Elle veut une période de transition. Mais sa démarche politique a peu de chance de réussir.
Depuis plusieurs mois, elle peine à convaincre de sa réelle volonté de conquérir le pouvoir. A part quelques actions éparses, quelques discours enflammés, elle passe le plus clair de son temps à tergiverser. Tant de faits fournis par l’actualité ont donné à l’opposition des opportunités de se mettre en avant sur la scène politique.