Des algériens au cœur d’un gang de blanchiment entre France, Italie, Algérie et Dubaï
Un gros dossier de blanchissement inédit dirigé par un réseau international dirigé notamment par des cinq algériens étaient entre les mains des magistrats du tribunal correctionnel de Marseille depuis le 4 juillet. Le verdict est tombé mardi : Des peines allant jusqu’à neuf ans de prison ferme ont été prononcées contre les membres de ce réseau de blanchiment d’importantes sommes d’argent entre la France, l’Italie, l’Algérie et Dubaï.
Au total, 23 prévenus, dont trois frères algériens considérés comme les cerveaux du trafic, étaient jugés pour leur participation à ce réseau mêlant tout à la fois l’hawala -un système de transfert financier, répandu au Moyen-Orient, et le blanchiment plus classique, via la conversion en Italie des sommes en liquide en or, ensuite acheminé en Algérie ou à Dubaï.
Les enquêteurs de la brigade de la gendarmerie de Marseille avaient retrouvé la trace de transports d’argent partant de la cité phocéenne, vers l’Italie pour des montants avoisinant 600.000 à 900.000 euros. Parmi les 23 prévenus, seul un a été relaxé de toutes charges.
Le tribunal a condamné deux Italiens à sept ans de prison et 400.000 euros d’amende. L’accusation les désignait comme ceux qui récupéraient l’argent convoyé depuis la France dans les caches aménagées dans des véhicules, pour ensuite le transformer en or à raison de 30.000 à 40.000 euros le kilo de métal précieux.
Placés par l’accusation à la tête de cette « vaste organisation internationale », deux Algériens, en fuite, ont été condamnés à neuf ans de prison et 500.000 euros d’amende. Un mandat d’arrêt a été lancé contre eux par la justice et transmis à Interpol. Selon les enquêteurs, les fugitifs se trouveraient sur le territoire algérien depuis plus d’un an.
Vivant à cheval entre l’Algérie et Marseille, la deuxième ville de France, où ils occupaient la chambre d’un foyer pour travailleurs dans le centre-ville, trois frères algériens, dépeints comme les organisateurs des opérations de collecte, de transport et de conversion, ont écopé respectivement de 7 ans, 6 ans et 42 mois de prison, avec des amendes allant de 50.000 à 300.000 euros. Ils ont occupé ce logement pour ne pas éveiller les soupçons de la police.
Les agents du service « hawala » en usage notamment dans les pays du Golfe faisant échapper ces flux à toute régulation bancaire, tous ont aussi été condamnés pour exercice illégal de la profession du bureau de transfert d’argent et de banquier.
Les prévenus étaient également poursuivis pour le blanchiment spécifique du produit issu d’un trafic de stupéfiants.
Mais ils ont été relaxés sur cet aspect de l’affaire, le dossier manquant de preuves sur l’origine des fonds. Le tribunal n’a par contre pas suivi le parquet de Marseille qui estimait que des liens existaient entre ces « collecteurs » et les réseaux de revente de drogues des cités marseillaises.
L’accusation mettait pourtant en avant l’analyse de billets saisis, établissant une contamination très élevée par le cannabis et la cocaïne. Or, la justice a rejeté en bloc cette piste faute de preuves.