Tournée de Lavrov en Afrique : Promouvoir le multilatéralisme

La dernière tournée africaine du chef de la diplomatie russe a démontré la révolution de la perception que se font Africains et Russes des nouvelles perspectives de leurs relations.

Le changement de paradigme induit par l’opération spéciale russe en Ukraine, a permis aux pays d’Afrique de s’émanciper de la trop longue tutelle néocoloniale occidentale et atlantiste. De nouvelles options s’offrent aux Africains notamment en renforçant les partenariats bilatéraux avec la Russie et la Chine, mais aussi au sein des BRICS, et probablement dans un avenir proche, l’OCS.

La dernière tournée africaine de Lavrov a débuté le 29 mai dernier, avec une visite au Kenya. Ce même jour, ce pays a reçu un lot humanitaire de 34.000 tonnes d’engrais russes. Ensuite, au Burundi, le ministre a réaffirmé l’attachement de la Russie à la réalisation de la feuille de route sur le développement conjoint du nucléaire civil. Quant au Mozambique, le chef de la diplomatie a annoncé le 31 mai que Moscou était prêt à lui livrer des équipements militaires.

La dernière étape de cette tournée africaine, l’Afrique du Sud, a été une occasion pour traiter les questions de coopération au sein des BRICS et entre ces derniers et les quinze pays qui souhaitent y adhérer. Une occasion pour Sergueï Lavrov de lancer plusieurs messages.

Le premier d’entre eux, la condamnation des pratiques occidentales. Le chef de la diplomatie russe ne mache pas ses mots : « Les manifestations d’hégémonie et d’unilatéralisme sont largement répandues et touchent surtout le Sud et l’Est de la planète. L’Occident, par le biais de sanctions et de chantage financier, tente obstinément d’influer sur le choix du modèle économique et des partenaires commerciaux par des États souverains, limitant ainsi leurs options ». 

Lavrov évoque ensuite les manœuvres dilatoires de l’Occident intégral. « On assiste toujours à des tentatives d’idéologiser les institutions internationales ». Pour lui, les relations internationales doivent dépasser le prisme imposé depuis soixante ans et plus par les anciennes puissances coloniales « Ces pratiques néocoloniales dictées par le désir de vivre aux dépens d’autrui nuisent aux relations internationales », a-t-il insisté.

« Dans le même temps, le monde change rapidement et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine renforcent leurs positions économiques et se montrent prêts à défendre leurs intérêts souverains et jouer un rôle égal dans les processus mondiaux », a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères.

Ce dernier a fait l’éloge de l’ouverture et de la solidarité des BRICS qui vont jouer un rôle croissant dans les affaires internationales. Ce groupe a pour bases le multilatéralisme, l’inclusion à l’échelle internationale et la non-discrimination.

Trois critères qui sont à l’ordre du jour au moment où l’Occident intégral a tenté une manœuvre d’endiguement des réfractaires à sa domination. Les BRICS et l’Afrique sont aujourd’hui au cœur des changements de paradigme au niveau international. 

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu, a souscrit aux propos de Lavrov. Selon lui, « Nous suivons la voie du monde multipolaire et de la démocratisation des relations internationales. Nous œuvrons pour que la voix et l’influence des pays en développement se développent, pour réformer le système de gestion mondiale ».

Au Cap, Russes et Chinois ont ainsi appelé les Africains et les pays du Sud Global a adopté de nouvelles postures stratégiques en diversifiant les partenariats afin de garantir le plus possible d’équilibre dans les rapports internationaux.

Pour rappel, en juillet 2022, le chef de la diplomatie russe s’est rendu en Égypte, au Congo, en Ouganda, en Éthiopie et a rencontré les dirigeants de l’Union africaine. En janvier 2023, il s’est rendu en Angola, en Afrique du Sud, en Eswatini et en Érythrée. Enfin, en février, Sergueï Lavrov a visité le Mali, la Mauritanie, le Soudan. 

La dernière tournée de Lavrov qui l’a conduit au Kenya, au Malawi, au Mozambique et en Afrique du Sud a coïncidé avec la visite du président érythréen à Moscou. Et intervient quelques semaines avant le sommet Russie-Afrique prévu en juillet prochain et deux mois avant le sommet des BRICS en Afrique du Sud.