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Nationale Algérie-France

Décès de Jean-Luc Laurent chantre d’une relation apaisée entre l’Algérie et la France

Décès de Jean-Luc Laurent chantre d’une relation apaisée entre l’Algérie et la France

Il était à l’image de Jean-Pierre Chevènement, Georges Sarre et Jean-Yves Autexier, trois noms parmi d’autres aux côtés desquels il avait répondu présent en 1993 à l’heure de la fondation du Mouvement des citoyens (MDC).

Et à l’instar de ce trio, il était au rang des hommes politiques français qui, au plus fort du terrorisme, multipliaient les élans de solidarité avec l’Algérie et les Algériens. Jean-Luc Laurent, maire au long cours du Kremlin-Bicêtre, est décédé, ce week-end, dans un hôpital du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine). Admis fin décembre pour une première attaque cardiaque, il n’avait pas résisté à la seconde.

Membre du Parti socialiste (PS) entre 1977 et 1993, il faisait partie — comme Jean-Pierre Chevènement— du CERES (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste), l’aile gauche du PS. Lorsque, en janvier 1991, Chevènement démissionne de son poste de ministre de la Défense en signe de protestation contre l’engagement de l’armée française dans la guerre du Golfe, l’équipe du CERES prend ses distances avec le PS, première étape avant le lancement du MDC en mai 1993.

Jean-Luc Laurent est au rang de l’équipe fondatrice qui compte également en son sein deux franco-algériens proches de Chevènement : le politologue Sami Naïr et le militant associatif et syndical et chroniqueur Karim Zeribi.

Né en mai 1957 au plus fort de la guerre d’Algérie, Jean-Luc Laurent a été le premier élu à ravir — sous l’étiquette du MDC — la mairie du Kremlin-Bicêtre au Parti communiste aux municipales de 1995. Maire de 1995 à 2016 puis de 2020 à son décès, il a également siégé comme député à l’Assemblée nationale entre 2012 et 2017 sous l’étiquette du Mouvement républicain et citoyen qui avait succédé au MDC en 2003.

Qu’il s’agisse de son mandat local au Kremli-Bicêtre ou de son mandat national au palais de Bourbon, Jean-Luc Laurent a été un débordant d’activité et d’enthousiasme quand il s’agissait de booster la relation franco-algérienne.

Au plus fort des assassinats terroristes, Jean-Luc Laurent et les compagnons du MDC n’ont pas lésiné sur les initiatives politiques et les élans de solidarité en soutien à la résistance des Algériens contre le terrorisme.
Tout au long de la décennie noire, George Sarre (1935-2019) à la tête de la mairie du 11e arrondissement (Paris) et lui au Kremlin-Bicêtre, ils avaient multiplié les conférences débats et les manifestations thématiques.
Objectif parmi d’autres : démonter la campagne du « qui tue qui ? ».

Fin 1997, une délégation du parti conduite par George Sarre est partie en visite en Algérie. Une visite voulue par Jean-Pierre Chevènement alors ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Lionel Jospin.

Sous les cieux du Kremlin-Bicêtre — une municipalité qui avait servi d’un des points de chute à l’immigration historique algérienne —, Jean-Luc Laurent s’est employé à appuyer les projets associatifs en faveur de la mixité et du dialogue des culture et des religions.

Fort de ses convictions et des prises de positions qui ont été les siennes au CERES et au MDC/MRC, il a — en conformité avec la ligne de Chevènement — prôné une politique d’immigration à rebours de celle qui a fait l’actualité au soir de 2023.

En octobre dernier deux mois avant que son cœur ne subisse une première attaque, il était — comme chaque année — à la tête de la délégation de la municipalité du Kremlin-Bicêtre qui a rendu hommage aux victimes de la répression sanglante du 17 octobre 1961.

« La Ville du Kremlin-Bicêtre s’honore de participer au travail de mémoire avec la transmission des belles pages de notre histoire nationale et la reconnaissance des ombres qu’il faut savoir reconnaître pour apaiser et bâtir l’avenir de nos deux pays, la France et l’Algérie », avait-il déclaré.

Même si sa commune n’avait pas été, soixante-deux ans plus tôt, le théâtre de tueries sanglantes d’Algérie, Jean-Luc Laurent tenait à faire œuvre de mémoire. Il l’a fait d’abord en sa qualité de premier magistrat d’une commune à forte implantation algérienne. Il l’a fait ensuite dans le prolongement des initiatives lancées en au soir des années quatre-vingt-dix par le MDC et la position de Jean-Pierre Chevènement sur le 17 octobre 1961.

Ministre de l’Intérieur, Chevènement avait chargé un conseiller d’État — Dieudonné Mandelkern — de remettre au gouvernement un rapport sur la répression du 17 octobre 1961.
Une première depuis le lapidaire communiqué officiel rendu public par la Préfecture de police de Paris — alors dirigée par le sinistre Maurice Papon —, le rapport Mandelkern avait établi à ‘’plusieurs dizaines’’ le nombre de victime. Même si ses conclusions ont été constatés par les associations, il a supplanté le bilan officiel signé Papon (7 victimes).

Mais, surtout, le rapport commandé par le ministre Jean-Pierre Chevènement a eu un effet sur l’accélération du travail historique sur cet épisode.



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