De l’identité en Algérie
Des articles scientifiques abordant l’expression de l’identité algérienne et sa revendication à travers l’histoire signés par des archéologues, sont regroupés dans un ouvrage paru récemment sous le titre de L’affirmation de l’identité dans l’Algérie antique et médiévale, combats et résistance.
Edité par le Centre national de recherche en archéologie (Cnra), l’ouvrage regroupe huit contributions mettant en avant des étapes de l’affirmation identitaire à travers les multiples résistances culturelles, militaires et politiques, en plus d’un hommage particulier à la première archéologue algérienne, Kadira Fatima Kadra, disparue en 2012.
La première contribution, rédigée par l’universitaire Houaria Kadra-Hadjadji, relate de manière didactique la résistance du roi numide Jugurtha (157-104 av.J.C.) en 111av.J.C. à l’invasion militaire romaine de l’est de la Numidie, avant d’être capturé et emmené à Rome où il mourut en détention.
Cet article est aussi l’occasion de rappeler les qualités de guerrier et de meneur d’hommes qu’était Jugurtha, en plus des raisons motivant son combat contre la première puissance mondiale à cette époque. Universitaire et écrivaine, Houaria Kadra-Hadjadji est l’auteure, entre autres, de Jugurtha, un Berbère contre Rome et de Massinissa, le grand africain.
Dans une approche plus généraliste, les universitaires français Philippe Leveau et Jean-Pierre Laporte reviennent sur la « romanisation de l’Afrique » dans un aperçu des principaux écrits de chercheurs sur le sujet. La résistance, l’engagement et l’attitude critique de Saint-Augustin face aux désordres de l’empire romain est évoqué dans cet ouvrage par l’ancien archevêque d’Alger, Mgr. Henri Teissier (1988- 2008) qui souligne « la réflexion citoyenne et la perception des droits de l’homme » de cet homme d’église né à Thagaste (Souk Ahras) en 354 et mort à Hippone (Annaba) en 430.
Le texte de Henri Teissier rappelle comment Saint-Augustin, évêque d’Hippone et un des quatre Pères de l’église catholique romaine, jugeait l’empire pour ses violences en Afrique, la pratique de la torture et de l’esclavage sur les populations berbères, et son engagement pour la défense des droits humains.
Une contribution de l’universitaire Said Dahmani restitue les débuts de l’inclusion de l’Algérie dans l’aire musulmane et le conflit opposant, d’abord, le roi berbère Aksil ou Kasîl (Koceila) au général arabe Okba Ibn Nafi, envoyé vers 663 par le calife Muawiya pour propager l’islam et annexer les territoires du Maghreb au califat.
Dihya, Aksil et Okba
Lors de sa conquête, Okba Ibn Nafi, ayant « humilié et arrêté le roi berbère, avait été exterminé lui et ses compagnons lors d’une embuscade » tendue, non loin de Biskra menée (fin du VIIe), par Aksil qui « a repris (ainsi) les rênes de Kairouan, (ville fondée en 670 par Okba pour en faire un point d’appui à son armé), pendant cinq ans ».
Le texte évoque également la résistance de la reine berbère Kahina (Dihya, de son vrai nom) face à l’assaut de Hassan Ibn Nu’uman et son armée qu’elle réussit à mettre en déroute vers 698 dans les Aurès, tout en signalant que les récits historiques relatifs à cette période « restent tendancieux et taisent beaucoup de choses ».
Des résumés de biographies de figures d’exception de l’Algérie antique figurent également dans cet ouvrage, dont celles des rois numides Massinissa, son fils aîné Micipsa et Jugurtha et des personnalités historiques plus récentes comme Bologhine Ibn Ziri ou encore le fondateur de la dynastie zianide Yaghmurassen.
Cet ouvrage du Cnra rend également hommage à la première femme archéologue de l’Algérie indépendante, Kadira Fatima Kadra – disparue en 2012 à l’âge de 72 ans – une personnalité éminente de la recherche et de la formation en archéologie.
La fouille et la production de documentation sur les monuments funéraires royaux de l’Algérie antique est le domaine de prédilection de l’archéologue comme en témoigne l’historien et archéologue français Jean-Pierre Laporte qui l’accompagnait en 1970 lors d’une fouille dans les Djeddars de Frenda à Tiaret. Durant sa carrière, Fatima Kadra a publié plusieurs études scientifiques sur ces monuments d’Algérie dont la dernière, un texte de vulgarisation des connaissances sur le sujet, est publiée dans cet ouvrage.