De faux écoliers de 13 ans pour livrer la drogue
Pour limiter les risques de représailles des services de sécurité, les réseaux de trafic de drogue utilisent, de nos jours, des enfants de 11 à 17 ans pour transporter de la drogue.
Portant un tablier et un cartable, ces enfants victimes arrivent facilement à acheminer la marchandise à sa destination, souvent entre les wilayas du pays.
Après avoir mené la vie dure aux trafiquants de drogue, les services de sécurité font face, présentement, à un nouveau mode opératoire très utilisé par les gangs.
Ces derniers recourent au recrutement d’enfants « écoliers « pour pouvoir acheminer des quantités de kif traité dans diverses wilayas du pays. Des enfants qui sont, dans la majorité des cas, en déperdition scolaire, très attractifs pour les trafiquants.
Ces derniers leur remettent un tablier et un cartable pour faire croire qu’il s’agit d’écoliers, mais en réalité, leur cartable bourrées de drogue dont l’objectif est de la transporter vers d’autres wilayas où des clients le attendent.
Ces faux « écoliers « , qui ne sont que des victimes, utilisent le train pour leur déplacements.
Avec leurs apparences trompeuses, ces désormais livreurs de drogue font plusieurs navettes par an. Aujourd’hui on dénombre plus de 6 500 enfants victimes de cette calamité. Le cas d’un enfant de 13 ans résidant à Boufarik illustre parfaitement cette nouvelle tendance des réseaux de trafic de drogue.
Cet enfant, non scolarisé, a été repéré il n y’a pas longtemps par un réseau de trafiquants de cannabis qui, en quelques jours seulement, ont pu lui confier sa première mission, à savoir transporter de la drogue vers la wilaya d’Oran.
Pour éloigner les soupçons des gendarmes et minimiser les risques, les trafiquants ont remis à cet enfant un tablier et un cartable avec à l’intérieur une quantité de drogue soigneusement dissimulée entre les affaires scolaires.
Pour arriver à Oran, le petit enfant, toujours en tablier et cartable sur le dos, a pris le train de Blida, un trajet qu’il a fait plusieurs fois sans être repéré par les gendarmes.
Les cas comme celui de cet enfant se compte par centaines malheureusement, car de nombreux enfants continuent à coopérer avec les trafiquants tout en recevant leurs « primes « , voire leur seule « ressource « et unique « revenu « qui leur permettra de survivre.
Agés souvent de 11à12 ans, beaucoup de ces petits garçons ont été appréhendés par les services de sécurité, les cartables bourrés de kif traité. Pour les chefs de gang, il est clair que l’objectif de cette stratégie est de limiter les risques qu’ils encourent eux-mêmes face aux services de sécurité.
Les gangs étendent leur trafic dans les grandes villes et même dans les communes les plus isolées du pays parce qu’ils ont le sentiment que les forces de l’ordre n’y sont pas aussi nombreuses. En plus, l’extension du trafic de drogue vers de nouveaux foyers s’explique par la rivalité de plus en plus brutale entre les différents gangs, chacun, voulant vendre son poison avant l’autre.
6 500 mineurs enrôlés par les réseaux de drogue
Le constat des services de sécurité est très alarmant. Près de 6 500 mineurs se droguent et font du trafic de cannabis en Algérie. Ils sont enrôlés par des réseaux entre 2010 et mi-2017. Serait-on en train de dire que la drogue s’est « enracinée « chez cette frange fragile de la société ? Le bilan effarant des services de sécurité prouve cela malheureusement.
La Gendarmerie nationale et le ministère de l’Education nationale ont dévoilé le nombre d’enfants qui sont enrôlés au sein des réseaux de drogue. Ils sont 4 500 mineurs dans le pays. De son côté, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) en a recensé plus de 2000 durant la même période.
Le trafic de drogue et la toxicomanie, deux dangers qui planent sur la société algérienne et auxquels les services de sécurité mènent une lutte au quotidien. L’enrôlement des enfants dans cette filière est un autre souci majeur. L’enjeu est de taille. Les conséquences sont dévastatrices.
En plus des préjudices sur l’économie nationale, le trafic de drogue a engendré une autre catastrophe, celle qui risque de détruire l’avenir des milliers d’enfants. Le constat est alarmant du moment que le nombre est appelé à augmenter.
Qui sont ces mineurs et comment sont-ils recrutés par les trafiquants ? Quelles sont leurs activités au sein des réseaux ? Autant de questions que se posent de nombreux citoyens. Les enquêtes menées par les gendarmes ont dévoilé la face cachée de ce fléau qui tend à devenir un mode opératoire rassurant pour les réseaux de trafic de drogue.
Dans la plupart des affaires traitées par les gendarmes enquêteurs, il s’agit d’enfants spoliés de leurs droits à l’éducation, à une vie stable et qui font face à une déstabilisation parentale.
Des « prisonniers » de la rue étant donné que certains parmi ces enfants sont devenus des SDF, d’autres, plus chanceux sont adoptés par des familles.
Mais les enquêtes des services de sécurité ont démontré, en parallèle, que certains de ces mineurs devenus trafiquants de drogue sont nés et élevés dans des milieux favorables, voire riches.
Les trafiquants de cannabis ont adopté une technique rassurante qui consiste à s’approcher des mineurs pour leur proposer un joint dans le but de les enrôler dans leurs « associations « .
Egarés, les enfants en difficultés socioéconomiques acceptent rapidement de fumer leur premier joint, et c’est à partir de là que le premier contact entre ces enfants et les trafiquants est établi. Par la suite, les trafiquants imposent leur stratégie.
Ces derniers proposent d’autres joints à leurs proies, mais cette fois pour les revendre à des clients ou les transporter aux adresses indiquées par les trafiquants. Ils leurs promettent de gagner leur « part « du gâteau, ce qui a poussé la plupart des mineurs à accepter leur nouveau travail.
Les « réclusionnaires » de la rue devenus trafiquants de kif
Des enfants mendiants puis trafiquants de drogue. Beaucoup d’enfants ont connu cette terrible traversée du désert. De véritables « otages « . Les enfants mendiants. Un fléau de société, un drame au quotidien, une réalité triste et un avenir incertain.
Comment ces enfants finissent-ils dans le trafic de drogue après avoir enduré la mendicité ? Aujourd’hui, beaucoup d’enfants font l’objet d’une forme d’ « esclavagisme » dictée par une situation sociale défavorable, parfois par un difficile lien conjugal (disputes entre leurs parents qui mènent au divorce).
A la place Audin, au cœur d’Alger, de nombreux enfants « jonchent » les rues les plus huppées de la capitale pour demander la charité aux passants. Certains de ces enfants étaient des « transporteurs « de kif traité. Leurs « employeurs » sont des revendeurs de joints connus par les services de sécurité.
Chaque livraison de cannabis traité rapporte à ces enfants un gain facile et rapide, de quoi s’approvisionner en vêtements et en nourriture, mais ô combien risqué. Certains parmi ces enfants débarquent à Alger par train viennent de Blida. Ils de Thénia, alors que beaucoup sortent de leurs maisons de fortune à l’aube, depuis des communes de l’est d’Alger.