Cycle du cinéma féminin : Un regard, une remise en question…
Durant cinq jeudis consécutifs, les cinéphiles de l’Algérois ont rendez-vous avec le cinéma féminin contemporain espagnol. Quatre longs métrages et cinq films courts sont à l’affiche de ce cycle.
Du 27 mai au 24 juin (chaque jeudi), à 18h, l’Institut Cervantès d’Alger et l’ambassade d’Espagne en Algérie organisent la 10e édition du Cycle de cinéma Espace Féminin Contemporain au niveau de la salle des Actes dudit institut. Un événement qui encourage le travail cinématographique féminin et promeut les réalisatrices espagnoles. Pour l’édition 2021, les organisateurs ont prévu 4 longs métrages et 5 films courts (24 juin 2021). Le public algérois pourra découvrir et apprécier un cinéma féminin et surtout engagé.
C’est avec le film “El Viaje de Marta (Staff Only” (Le voyage de Marta) de Neus Ballús que le coup d’envoi de ce cycle a été donné. Après le succès de son film « La Plaga » (la Plage), la réalisatrice espagnole revient avec une nouvelle œuvre, une fiction, dont les faits se déroulent au Sénégal. Sorti en 2019, ce long métrage de 82’ relate le voyage de la jeune Marta (Elena Andrada) en Afrique. A 17 ans et à l’aube de ses 18 ans, elle est obligée de passer ses vacances en compagnie de son père (Sergi López) et son petit frère (Ian Samsó). Ce n’est pas tant la destination qui la dérange mais plutôt de se retrouver avec son paternel qui dictera sa conduite et surtout gèrera son temps.
C’est à contrecœur qu’elle se rend au Sénégal, persuadé que son séjour sera morose et sans grand intérêt, car ne se sentant nullement à sa place. Une rébellion qui ne dit pas son nom éclate. Marta se révolte contre se père, mais pas ouvertement. Elle opte pour la non confrontation. Des gestes par-ci, des bouderies par-là pour « pourrir » le séjour de son père. Une manière de se venger.
En voulant bousculer les choses, Marta découvre l’envers du miroir. En ouvra, un jour et par un pur hasard, une porte donnant à accès à une zone réservée aux employés de l’hôtel. Sa curiosité l’emporte et décide d’approfondir sa découverte. Elle fait la connaissance du photographe du club, Khouma (Diomaye Augustin Ngom), d’une jeune femme de ménage Aïssatou (Madeleine C. Ndong). Deux rencontres décisives qui donneront un nouveau sens au séjour de Marta. Pour elle, un nouveau voyage vient de commencer. Elle va de découverte en découverte. Pour cela, l’objectif du photographe lui facilitera la tâche. Les histoires de d’Aïssatou ne sont pas en reste. Elle découvre entre autres les rouages du commerce des vacances, du tourisme de masse et surtout sexuel. Des vacanciers qui profitent, voire abusent de la misère et/ou détresse d’autrui. Ces découvertes mettent à nu le regard qu’a le Nord sur le Sud.
Outre mettre en avant le conflit générationnel et décrire les relations complexes entre un père et sa fille, la réalisatrice Neus Ballú décrit également les relations complexes existant entre les touristes qui se croient tout permis et les autochtones qui vivent de la manne touristique, souvent obligés de support les caprices indécents de ses derniers.
Ce qui était au départ un récit familial et intimiste, prend une autre tournure : politique cette fois-ci. En effet, en mettant en avant une jeune fille boudeuse et rebelle prête à faire n’importe quoi pour provoquer son père, la réalisatrice pose une question cruciale : à l’ère du post colonialisme, quel est le regard de l’Occident sur l’Afrique ? A travers le regard neuf et frais de la jeune Marta, la réalisatrice remet en cause l’ordre établi entre le Nord et le Sud.