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Nationale

Crise au Burkina Faso : Alger accuse le coup…

Crise au Burkina Faso : Alger accuse le coup…

La médiation en cours à Alger entre les deux parties maliennes suscite assez de commentaires malveillants pour qu’on vienne alimenter les thèses les plus pessimistes quant aux chances d’aboutir à une paix durable dans le nord du Mali.

Mais comment ne pas s’interroger sur les conséquences de la crise politique qui secoue le Burkina Faso, dont le Président démissionnaire, Blaise Compaoré, s’est investi personnellement dans le règlement de la crise chez les frères maliens ? Par ailleurs, l’instabilité politique à Ouagadougou risque de rajouter de l’eau au moulin de ceux qui considèrent que les Africains ne sont pas capables de résoudre entre eux les conflits qui déchirent leur continent.

Prévisible théoriquement mais jamais abordée franchement lors des travaux de l’UA, la fragilité institutionnelle de la plupart des pays qui composent l’organisation panafricaine devient chaque jour un peu plus problématique.

Il est en effet presque paradoxal d’ambitionner de créer des organes efficients pour le règlement des crises, alors que les nations africaines n’arrivent toujours pas à sortir du cycle régressif des coups contre l’ordre constitutionnel par les armes ou par les mouvements populaires de rue.

Ce qui s’est passé ces derniers jours au Burkina Faso suffit à illustrer la précarité des discours pompeux sur le réveil africain. Sur fond de crise sanitaire face au virus Ebola, dans un contexte de violence terroriste s’étendant de la Corne orientale à la façade occidentale par où pénètrent les drogues dures venues d’Amérique latine, le continent noir peine à construire sa riposte aux mille fléaux qui menacent les sociétés, les Etats.

Affaiblissement africain

On est ainsi en droit de douter de l’avènement de la CARIC, la capacité africaine de réponse immédiate aux crises. Ou du moins, il risque d’incomber à une poignée d’Etats membres de l’UA la responsabilité de cette force de stabilisation. Avec les répercussions qu’aurait un rétrécissement du nombre d’intervenants pour une structure à vocation continentale.

L’Algérie fait justement partie de ces rares pays qui peuvent se targuer d’une certaine stabilité en plus d’une constance sans faille dans sa politique étrangère. Or, la crise au Faso isole un peu plus les acteurs de la sous-région qui doivent absolument réussir la médiation en cours à Alger.

D’abord parce qu’il sera difficile de compter sur les autorités burkinabés dans l’accompagnement des parties maliennes qui ont eu par le passé à se rencontrer à Ouagadougou, pour signer l’accord du 18 juin 2013 ayant permis d’organiser les élections présidentielles au Mali. On se souvient que le MAE du Burkina Fasso, Djibril Bassolé, a toujours su inscrire la médiation de son pays dans l’esprit d’Alger. Ce qui n’est malheureusement pas vrai pour tous les pays de la CEDEAO.

La collégialité contre le pire

Alger souhaite toutefois ne pas se retrouver en solo sur la scène africaine. Non pas que l’Algérie hésite à remplir son rôle de stabilisateur dans la région, mais son attachement à la collégialité demeure la meilleure manière de promouvoir son credo relatif à la non-ingérence. Une stratégie qui consiste donc à associer le plus grand nombre des pays autour de la recherche de solutions pacifiques et respectueuses de la légalité internationale contre les interventions militaires étrangères.

Tandis que les désastres produits par les printemps arabes et l’apparition soudaine d’un terrorisme généralisé voudraient imposer aux Algériens une définition de la vocation de puissance régionale de leur pays, qui ne sied pas à l’idée qu’ils se font du bon voisinage et de la souveraineté des peuples et des Etats. 

Un temps sans le Faso

C’est pourquoi, toute crise grave survenant dans un pays du concert des nations africaines vient compliquer la donne pour la diplomatie algérienne. En ce qui concerne la médiation menée par l’Algérie, tête de file et facilitateur expérimenté, on doit se réjouir que la communauté internationale, au sens large, appuie le processus dans son ensemble selon des résolutions onusiennes et une feuille de route transparente.

La mise à l’écart du Burkina Faso ne remet point en cause les efforts actuels pour une paix durable dans le Septentrion malien, pour peu que les militaires assumant la transition de l’après Compaoré trouvent une solution politique sans violence susceptible d’assurer l’alternance au pouvoir, et qu’ils sachent sécuriser leurs frontières contre les groupes armés tentés de saboter les pourparlers inter maliens qui se tiennent à Alger.

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