Coupures d’eau : Les citoyens crient leur désarroi
Dur sera cet été ! Le problème récurrent de la pénurie d’eau persiste depuis plus de deux mois sur tout le territoire national. Le précieux liquide se fait rare. Les citoyens se trouvent contraints de mettre la main à la poche pour se procurer cette denrée rare.
Cette rareté de l’or bleu et ces perturbations dans l’alimentation étaient, en effet, prévisibles, et ce dès la fin de l’hiver, qui a été marqué par une faible pluviométrie, laquelle s’est répercutée directement sur le taux de remplissage des barrages.
Cette situation de pénurie d’eau a poussé les citoyens de plusieurs agglomérations à organiser des manifestations quotidiennes aux quatre coins du pays pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «mauvaise gestion de la pénurie d’eau». Des habitants de différentes communes bloquent, au quotidien, les routes et crient leur désarroi. C’est le cas de Kamel, habitant au dernier étage, dans une nouvelle cité. Visiblement fatigué de vivre une telle situation, ce père de quatre enfants souligne : «On sait tous que l’eau est source de vie. Sans eau, il est impossible de mener une vie normale. Et nous, ici, on ne mène pas une vie normale par manque d’eau.
L’eau n’a pas coulé depuis plus d’une semaine dans toute la cité». Il ne manque pas de nous faire savoir que le problème chez lui s’accentue parce qu’il occupe le dernier étage. «Contrairement aux voisins du rez-de-chaussée et du premier étage, qui ont la chance d’avoir de l’eau dans leurs robinets, nous, au cinquième, nous n’avons pas vu l’eau couler depuis plus de dix jours», regrette-t-il. «Il a fallu que j’aille me plaindre auprès de l’ADE pour que l’eau arrive au robinet à une heure tardive, et pour quelques heures seulement». Kamel demande aux autorités compétentes d’établir un programme bien précis pour en finir avec ces coupures anarchiques.
Mustapha, père de famille, lui se trouve contraint de remplir, chaque jour, des bidons d’une source d’eau située à une dizaine de kilomètres de son quartier. Il nous raconte ses déboires, affirmant que dans leur cité, ils sont privés d’eau durant presque toute la journée. «Des fois, l’eau arrive dans les robinets aux environs de 23 h. Il est alors trop tard pour les ménagères d’enclencher leurs machines à laver. Elles se contentent uniquement de faire le plein d’eau avant d’aller se coucher. Il arrive que cette eau précieuse arrive tôt le matin à 7 h, et pour seulement une heure. Nous subissons cette situation frustrante depuis plus de deux mois», se lamente-t-il.
D’autres citoyens se voient obligés de se rabattre sur les propriétaires de camion-citerne qui imposent des prix exorbitants atteignant à 1 500 DA pour un mètre cube d’eau et il peuvent s’estimer heureux lorsque ces propriétaires de camion-citerne daignent venir jusque chez eux.
D’autres citoyens se rabattent sur les citernes d’eau remorquées par des tracteurs. Ces derniers ne s’arrêtent pas à longueur de journée.
Ces camions-citernes sont pris d’assaut et ce n’est pas évident d’être servi. «Le comble, c’est que nous ne savons même pas d’où provient cette eau car le chauffeur du tracteur indique toujours que l’eau n’est bonne que pour se laver», fulmine Sid-Ahmed, habitant à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès. «Où allons-nous remplir nos jerricans. La situation est partout
la même. Nous ne savons pas à quel moment l’eau arrivera et même si elle arrive, ceux qui habitent les derniers étages ne sont pas desservis puisque des citoyens ont installé des citernes de 500 litres dans leurs balcons ou à l’extérieur du bâtiment», tonne Nora, mère de famille. Cette dame, la cinquantaine, n’omet pas d’attirer notre attention sur un autre problème, à savoir les fuites d’eau d’eau potable sur les trottoirs, notamment dans les grandes villes.
«Ça fait vraiment mal au cœur de voir toute cette eau gaspillée alors que nos robinets sont à sec depuis plusieurs jours», regrette-t-elle.
Cette inquiétude est ressentie un peu partout à travers le territoire national. En attendant que la situation s’améliore, les Algériens doivent s’habituer à ce rythme d’approvisionnement en eau potable tout au long de l’été.