Cosob : les Algériens dépensent sans compter

L’économie budgétaire est un choix politique pour la stabilité du pays mais elle n’est pas soutenable sur le long terme, a prévenu hier l’économiste algérien, Sid Ali Boukrami.
« L’économie nationale n’est pas financée par le marché mais par le budget de l’Etat. Et Il n’y a pas d’alternative pour cela dans l’immédiat, car si on arrête le financement budgétaire non seulement il n’y aura pas de croissance mais on aura une croissance négative », a-t-il prévenu hier lors du 1er Colloque portant sur les enjeux et avantages de l’introduction en Bourse au cours duquel il a été annoncé l’installation du Conseil national de la Cosob.
L’ex-directeur de l’Ecole supérieure du Commerce a rappelé que le taux des transferts sociaux, qui est une sphère non marchande, représente le tiers du PIB alors que les exportations hors hydrocarbures ne dépassent pas 1 %. Pour cet expert, il y a une déconnexion entre la croissance économique et l’investissement en Algérie.
Pour étayer ses propos il a rappelé qu’en 2009, le taux d’investissement était supérieur à 30 % alors que la croissance s’était établie à 1,7%, en 2003, ils étaient à 24% et la croissance à 7,3% et en 1978 le taux d’investissements’élevait à 50% alors que le taux de la croissance économique était à 0%. « Il faut étudier de manière sérieuse et approfondie la nature de cette relation en intégrant tous les paramètres afin de trouver les modalités de passage d’un financement budgétaire à un financement par le marché », a-t-il préconisé.
Au-delà de son aspect économique, M. Boukrami aborde le problème du point de vue social, en estimant que les gens dépensent sans compter car le problème des ressources est inexistant en Algérie. « Effectivement l’Etat, les entreprises et les ménages dépensent sans compter », a-t-il noté en soulignant la nécessité de faire évoluer les mentalités en leur inculquant la notion du budget « qui est la somme à dépenser et le seuil à ne pas dépasser ».
Pour lui, il faut régler le problème du point de vue social en inculquant aux gens la notion du budget et de ressources limitées. Nommé hier à la tête du Conseil scientifique de la COSOB, lors de ce colloque, M. Boukrami a indiqué que cette rencontre intervient dans un contexte économique difficile caractérisé par une dispersion de la reprise économique au niveau mondial, ce qui a des impacts sur l’économie algérienne.
« La stagnation ou le recul de la croissance économique entraîne inévitablement une chute du prix du pétrole, principale rente financière de l’Algérie », a-t-il expliqué en substance. Il a appelé à cet égard, les entrepreneurs à s’impliquer dans la politique économique et de parvenir à un « consensus ».
Cet expert a également abordé la transparence qui est « synonyme de l’éthique » et une implication des entreprises dans l’économie et le développement de la croissance. Pour sa part, le président de la COSOB, Abdelhakim Berrah, a confirmé que le ministère des Finances vise à dynamiser le marché boursier en incitant les entreprises publiques d’ouvrir leur capital par le biais de la Bourse afin que les entreprises privées leurs emboitent le pas. Il a annoncé qu’il y a des entreprises en phase de préparation à l’instar de Mobilis, certaines cimenteries, la compagnie CAAR, pour s’introduire en Bourse.
« Une introduction en Bourse nécessite la transparence qui induit une culture financière assez développée », a-t-il dit. Dans le cadre de la réforme bancaire annoncée, cette semaine, M. Berrah a évoqué un travail en cours sur la modernisation de la Bourse avec les autorités et les entreprises publiques. Quant aux entreprises privées, elles attendent le signal des entreprises publiques.
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