Contestée par les britanniques, Liz Truss jette l’éponge

Contestée par la majorité des britanniques , la première ministre Liz Truss s’est finalement résignée jeudi à démissionner après seulement six semaines au 10 downing street ressemblant à un chemin de croix pour la dirigeante conservatrice, dont le programme économique avait provoqué une crise politique et financière sans précèdent depuis la seconde guerre mondiale.
« Étant donné la situation, je ne peux accomplir le mandat pour lequel j’ai été élue par le Parti conservateur. J’ai donc parlé à sa majesté le Roi pour lui notifier que je démissionne », a déclaré la dirigeante de 47 ans devant le siège de on cabinet, dans une très courte allocution .
Un scrutin pour lui trouver un successeur au sein du parti conservateur aura lieu « d’ici à la semaine prochaine », a ajouté la dirigeante conservatrice, qui jette donc l’éponge et devient le premier ministre à être resté le moins longtemps à Downing Street dans l’histoire britannique moderne, avec seulement 44 jours en poste.
Jeudi matin encore, elle semblait pourtant s’accrocher au pouvoir, un porte-parole assurant à la mi-journée qu’elle « travaillait » avec son ministre des Finances Jeremy Hunt pour préparer leur plan économique de moyen terme, au lendemain d’une journée catastrophique pour elle.
Or, en fin de matinée, elle a rencontré le député à la tête du puissant Comité 1922 chargé de l’organisation interne du Parti conservateur (et donc d’une éventuelle procédure de remplacement), au moment où la dirigeante conservatrice se débattait avec une majorité de plus en plus frondeuse, la liste de parlementaires demandant son départ s’allongeant d’heure en heure.
« Liz Truss doit partir dès que possible », avait lâché l’ancien ministre conservateur David Frost, qui la soutenait ardemment auparavant, dans une tribune au Daily Telegraph.
Plus impopulaire que jamais dans l’opinion, sans programme économique après l’humiliant renoncement aux baisses d’impôts et ayant dû se priver de deux de ses plus importants ministres, Liz Truss avait beau assurer qu’elle voulait rester en place, son maintien à Downing Street semblait bien compromis.
En pleine crise économique du coût de la vie, qui voit des millions de Britanniques souffrir de l’inflation, le Parti conservateur réenclenche une élection interne pour se trouver un nouveau dirigeant — le cinquième en six ans —, alors que la précédente a eu lieu cet été, après la démission de Boris Johnson, sur fonds de scandales à Downing Street et dans la majorité.
Quels seront les candidats, alors que depuis des jours, plusieurs noms circulent pour succéder à Liz Truss, comme ceux de Rishi Sunak, Jeremy Hunt, Penny Mordaunt — la ministre chargée des relations avec le Parlement — voire même Boris Johnson, le premier ministre qu’elle a remplacé en septembre.
Les Tories ont décidé d’éviter des législatives anticipées, au moment où l’opposition travailliste caracole en tête dans les sondages.
Après l’annonce de Liz Truss, leur chef Keir Starmer a appelé à convoquer une élection générale dès « maintenant » et non fin 2024 ou début 2025 comme prévu.
Huit Britanniques sur dix avaient une opinion défavorable du gouvernement de Liz Truss, selon un sondage YouGov publié mardi, alors que le pays est confronté à une crise économique exacerbée par les tentatives, désormais avortées, de la Première ministre d’instaurer des baisses d’impôts.
Selon l’enquête, 77% des personnes interrogées désapprouvent l’action du gouvernement dirigé par les conservateurs, le chiffre le plus élevé en 11 ans de suivi par YouGov.
En outre, neuf Britanniques sur dix, soit 87% des personnes interrogées, estiment que le gouvernement gère mal l’économie du pays.
YouGov a interrogé 1.772 personnes dans le cadre de la mise à jour au 17 octobre de sa mesure régulière de la cote d’approbation du gouvernement, publiée mardi.
Dans la tourmente, la leader du Parti conservateur est critiquée de tous les côtés, y compris dans son propre camp, où l’option d’une motion de défiance n’est pas écartée.
Fin septembre, Liz Truss a annoncé une baisse massive des impôts pour les plus riches, estimée à 50 milliards d’euros. Conséquence : un énorme frisson sur les marchés financiers et une livre sterling en chute libre, qui a atteint un niveau historiquement bas face au dollar. Une tempête financière qui a mis la Première ministre en grande difficulté, auprès de l’opinion, mais aussi au sein même de son parti.
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