Constitution: La perche tendue du FFS à Bouteflika

Il y a quelques jours, on écrivait que le pouvoir, en la personne de Bouteflika, voulait diminuer le rythme de son projet de révision de la Constitution, une ruse» politique» pour donner toutes les chances à des «rabatteurs» ou conciliateurs de faire des rapprochements entre les points de vue radicalement opposés, notamment entre la coordination des libertés et pour la transition démocratique (CNLTD) et le pouvoir.
Selon nos informations, cette révision entamée tambour battant et avec un maximum de publicité dès le début du mois de juin semble aujourd’hui devenir un chantier non prioritaire pour le pouvoir, en raison de plusieurs paramètres et selon une conjoncture régionale et nationale assez exceptionnelle.
Avec l’initiative du FFS qui joue le rôle d’arbitre, presque au-dessus de la mêlée, c’est exactement une perche inattendue, pour ne pas dire une bouée de sauvetage, qui vient d’être tendue à Bouteflika.
Ce dernier, visiblement malmené politiquement au début de son quatrième mandat, cherche à revenir aux vieux préceptes de son «règne» qu’il a commencé en 1999, des règles d’union ou de solidarité, notamment dans la constitution d’un gouvernement. Bouteflika a toujours voulu développer l’idée d’une «participation de la plupart des sensibilités idéologiques et politiques dans la configuration d’un cabinet exécutif», selon son schéma de gestion des affaires du pays.
Au début de son premier mandat, il s’exclamait, dans tous ses meetings, que l’Algérie appartient à tout le monde et doit être construite par tout le monde, comme le répétait le défunt Nahnah, quoique ce dernier cherchait, à travers sa boutade, à concrétiser sa philosophie islamiste BCBG, «la siddam, la dhawaban»( pas d’affrontement pas de dissolution avec le pouvoir).
Nos sources, proches des cercles présidentiels, avancent l’idée que la révision pourrait bien être redéfinie et réexaminée dès la rentrée sociale en septembre prochain. Elles n’excluent pas un autre renvoi, probablement avant la fin du premier trimestre, suffisamment pour qu’une large adhésion des partis politiques et des organisations de la société civile soit acquise au projet.
Un délai de six mois serait presque une aubaine aussi bien pour le FFS, qui cherche à jeter les premiers jalons de son consensus national, que pour Bouteflika qui tente de rallier le maximum des forces de l’opposition. Il faudra sans doute s’attendre à une réaction prompte de Bouteflika quand il recevra le rapport de synthèse de Ouyahia sur les consultations qu’il a mené en juin dernier.
D’ailleurs, beaucoup d’analystes s’étonnaient du délai imparti pour la rédaction d’un document de synthèse, qui visiblement n’exigeait pas plus d’une semaine d’effort.
On s’interroge sur le pourquoi de ces vacances offertes à un projet de révision qu’on disait déterminant pour l’avenir du pays. Pourquoi Bouteflika a-t-il lancé dans la précipitation ce chantier dès la fin de la présidentielle, pour en freiner subitement la cadence et le rythme depuis deux mois presque? Pourquoi aujourd’hui presque plus personne n’en parle, ni dans le camp des alliés et des partisans du clan présidentiel, ni dans le camp des opposants ?
Les universités d’été des partis politiques qui vont commencer bientôt seront peut-être l’indice qui révèlera le degré de «mobilisation» ou de «sensibilisation de ces forces politiques autour d’un projet qui nécessite un soutien conséquent.
Des universités qui auront lieu en août et en septembre, alors que les deux partis proches des sphères du pouvoir, à savoir le FLN et le RND, refusent d’organiser la moindre rencontre. Si le RND ne fait plus d’université d’été depuis dix ans, le FLN déroge cette année à la règle. S
aâdani, ardent défenseur de la révision, se mure dans un silence complice et organise une rencontre entre cadres, intellectuels et jeunes du FLN autour d’un débat sur la révision. Même les blocs parlementaires des grands partis partisans de Bouteflika n’ont voulu jouer un rôle dans cette histoire de révision.
Ni séminaire, ni symposium dans l’enceinte de l’APN ou le Conseil de la nation. Les médias lourds du secteur public évitaient délicatement d’en parler dans leurs rares émissions politiques depuis la fin des consultations. Alors, la révision de la Constitution est-elle une idée mort-née? Ou juste un artifice de Bouteflika pour, soit gagner du temps, soit atténuer les effets néfastes de la grande brouille née de la présidentielle et de son quatrième mandat?
La coordination nationale des libertés regroupée autour du MSP, du RCD, d’Ennahdha, de Jil Jadid et le mouvement de Djaballah semble l’avoir compris et refuse de s’introduire dans une logique diamétralement opposée à sa démarche, tout comme le bloc politique que dirige le malheureux candidat Benflis. Et on sait très bien que face aux incertitudes politiques et aux tiraillements entre les différentes chapelles, Bouteflika n’a pas beaucoup de chances ni d’atouts pour réaliser sa fameuse Constitution consensuelle.
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