Berlin 2 : Dabaiba plaide pour le retrait des combattants étrangers
Après une année et demie de la première édition , la deuxième Conférence internationale sur la crise libyenne s’est tenue ce mercredi dans la capitale allemande, Berlin, sous les auspice des Nation unies. Il a regroupé les différents acteurs concernés par cette crise qui perdure depuis 2011, notamment la Russie, la Turquie, la France et les Etats-Unis, en présence, cette fois-ci, des nouveaux dirigeants de transition libyens, représenté par le chef du gouvernement, Abdelhamid Dabaiba.
La Libye aspire, à travers cette rencontre internationale, à retrouver sa stabilité en débattant des différentes approches possibles concernant le règlement du conflit impliquant plusieurs fractions libyennes.
Dabaiba a soulevé devant les congressistes de Berlin 2 plusieurs questions d’ordre politique, sécuritaire et économique qu’il estime «incontournables» pour une issue à la crise libyenne et la relance du processus de reconstruction du pays.
Ainsi, la réunification des forces militaires libyennes, à même de resserrer les rangs et de bannir tout clivage entre les unités soutenant le maréchal Khalifa Hafter à l’est du pays et celles mobilisées du côté du gouvernement d’union nationale à Tripoli, a été au cœur de la plaidoirie du chef du gouvernement. Ce dernier a aussi mis l’accent sur l’impératif d’évacuer les mercenaires et les forces étrangères déployés sur le territoire libyen, dont le nombre total dépassent, selon l’ONU, les 20 000 combattants.
«Les étroits intérêts des puissances étrangères s’érigent en obstacle et entravent tout processus de paix dans le pays et la résolution définitive du conflit inter-libyen», a indiqué le chef du gouvernement libyen lors de son intervention au sommet.
De même, la sécurité du pays est menacée, selon Dabaiba, par la présence de groupes de migrants clandestins, lesquels affluent de tous bords, notamment des pays du Sahel, pour aller constituer une énième poche d’«éléments perturbateurs» au sud-ouest de la Libye.
«Nous appelons nos partenaires à consolider leurs efforts afin de pouvoir évacuer des migrants et autres éléments d’insécurité, qui sont une source d’inquiétude pour les Libyens», a-t-il lancé depuis cette tribune.
Le retrait des mercenaires a été également évoqué par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, lequel s’est montré, lors de ce sommet, sur la même longueur d’ondes que son homologue allemand, Heiko Mass. Ce dernier appuie ouvertement l’approche faisant état d’«un retrait par étapes ou progressif», s’inscrivant de la sorte dans la logique adoptée par Paris depuis la conférence de Berlin 1.
«L’accord de cessez-le feu du 23 octobre doit être pleinement mis en œuvre, y compris le retrait de toutes les forces étrangères de Libye», a déclaré hier M. Blinken, précisant, dans la foulée, que le Etats-Unis partage avec l’Allemagne, pays hôte des acteurs réunis, «l’objectif de voir une Libye souveraine, stable, unifiée et sûre, libre de toute ingérence étrangère». Ce qui est essentiel pour la sécurité régionale, a-t-il conclu.
Manœuvres de Hafter : quel impact sur la reconstruction de la Libye ?
En poste depuis février dernier, le chef du gouvernement Dabaiba s’est dit «convaincu» de l’évolution, dans le bon sens, de la situation sécuritaire de son pays, et ce depuis la rencontre de l’année dernière. Il a tenu à remercier toutes les parties présentes. Selon lui, le gouvernement libyen se penche d’ores et déjà, suivant une feuille de route, sur le processus de reconstruction des institutions de l’Etat et veillera à la réussite des élections générales prévues le 24 décembre prochain.
Dabaiba a, dans ce sens, appelé la communauté internationale à plus de coopération afin d’engager des mesures «coercitives» à l’encontre de toutes les parties entravant l’opération électorale et le processus de la paix en Libye. Il a affirmé que le gouvernement s’attelle, entre autres, à l’élaboration d’une loi électorale en prévision de la présidentielle et autres échéances électorales du 24 décembre 2021.
Par ailleurs, la situation économique de la Libye a été remise sur le tapis lors de ce sommet. Le représentant du gouvernement libyen a tenu à expliquer que Tripoli aura besoin, plus qu’en toute autre circonstance, d’une consolidation des efforts internationaux afin de réussir le challenge de la relance économique.
Pour ce faire, le Premier ministre libyen avait affirmé, lors de sa rencontre, le mois passé, avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, que son pays compte énormément sur l’Algérie et tend à intensifier les relations bilatérales économiques à travers un partenariat riche. C’est d’ailleurs l’objectif du forum algéro-libyen, tenu à la fin du mois de mai dernier à Alger, sanctionné par la décision de la réouverture des passages frontaliers de Ghadamès et Debdeb à l’effet de faciliter la circulation des personnes et des marchandises. Il a été aussi question de la signature de plusieurs partenariats dans divers secteurs économiques.
Cependant, l’agenda de l’instauration de la stabilité en Libye semble buter à nouveau eu égard aux derniers développements intervenus suite aux manœuvres militaires menées par Khalifa Hafter, agissant sous les ordres de ses parrains occidentaux, dans la région frontalière entre l’Algérie et la Libye. C’est d’ailleurs en réaction à ces manœuvres que Dabaiba a brandi, la menace de recourir à des mesures contre toute partie visant à prolonger l’instabilité sur le territoire libyen divisé d’Est en Ouest.
En tout cas, les congressistes de Berlin 2 ont affiché unanimement leur «optimisme» et s’accordent à dire que la Libye a pu désarmais amorcer une nouvelle étape dans le processus de paix et de stabilité, promettant le soutien nécessaire à l’effet d’accompagner Tripoli dans la reconstruction en œuvre de ses institutions.