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Nationale

Conditions de travail déplorables au Certa de Tizi Ouzou : Le personnel prolonge sa grève

Conditions de travail déplorables au Certa de Tizi Ouzou : Le personnel prolonge sa grève
Le personnel monte au créneau.

Le personnel du Centre d’étude, de recherche, de traitement et des addictions (Certa) du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou est en grève depuis près de six semaines. Derrière cette action se cachent des maux profonds : insécurité permanente, manque criant de personnel soignant et une absence totale de reconnaissance pour le travail colossal accompli au fil des années.

Rencontré, avant-hier, par le Jeune Indépendant, sur leur lieu de travail, le collectif des médecins et autres personnels soignants a longuement témoigné du calvaire qu’il endure sans réussir à attirer l’attention des responsables du secteur, pourtant maintes fois alertés sur la grave détérioration des conditions de travail au sein du Certa. 

Les agressions physiques et verbales, de la part des patients, qui souffrent d’addictologie et même de leurs parents, sont devenues monnaie courante. La semaine dernière, une jeune femme médecin a été blessée lorsqu’un patient a lancé un téléphone portable sur elle. Une autre femme médecin a été agressée après avoir refusé de prescrire un médicament détourné, la prégabaline, surnommée « saroukh » (missile) dans les milieux toxicomanes.

Au début de cette semaine, un individu en manque de drogue a pénétré violemment dans l’enceinte du Certa. Après avoir brisé la bouteille de verre qu’il tenait en main, il a utilisé le tesson comme arme, provoquant une panique générale parmi les personnels soignants, certains patients et d’autres personnes présentes sur les lieux pour diverses raisons. Un jeune policier, présent sur les lieux, a alors décidé d’appeler les renforts. Grâce à l’intervention rapide des éléments de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), un drame a été évité. On peut seulement imaginer les dégâts que ce forcené aurait pu causer sans cette intervention.

Les menaces verbales et les injures à l’encontre des personnels du Certa se comptent par centaines. À ces dangers quotidiens qui menacent leur intégrité physique, s’ajoute l’énorme charge de travail pesant non seulement sur les sept médecins spécialistes, mais aussi sur l’ensemble du personnel de l’institution.

En ce qui concerne les médecins spécialistes, selon nos interlocuteurs, il en faudrait au moins une dizaine. De même, les besoins en infirmières, en agents de nettoyage et en agents de sécurité sont également considérables pour garantir un fonctionnement normal de l’établissement. Pour la sécurité des lieux et des personnes, seuls trois ou quatre agents l’assurent, et dans des conditions particulièrement difficiles. L’un d’entre eux est diabétique et a été pris plusieurs fois de malaises, nécessitant une aide médicale à chaque incident. Un autre agent souffre d’hypertension et, comme le premier, il doit parfois s’allonger pour éviter un évanouissement.

Le troisième, quant à lui, est atteint d’un cancer, dont la maladie est à un stade avancé. En ce qui concerne la sécurité, les personnels du Certa, notamment les médecins, estiment qu’il serait idéal de créer un poste de police à proximité immédiate des bâtiments abritant le centre, afin d’assurer une meilleure protection des lieux et des personnes.

« À défaut de la présence policière, ont-ils suggéré, il serait nécessaire de recruter des professionnels de la sécurité. En d’autres termes, l’agent de sécurité doit posséder une force physique et mentale adéquate, car la gestion de la sécurité repose sur des critères strictement scientifiques ». Ils ont également fait savoir que leur hiérarchie n’est pas à l’écoute, et brandit même « la menace d’une réduction salariale et d’un blâme collectif », ont soutenu en chœur nos interlocuteurs, au nombre de cinq, qui ont préféré s’exprimer au nom du collectif du Certa. Et d’ajouter : « Pourtant, nous ne demandons pas l’impossible, mais simplement des conditions minimales de travail ».

Le service minimum assuré

Concernant le mouvement de grève qu’ils ont déclenché, il ne s’agit pas en réalité d’une grève totale, car ils continuent d’assurer le service minimum. Cela comprend principalement le service des urgences, assuré 24 heures sur 24, l’intervention interservices lorsque c’est nécessaire, ainsi que la prise en charge régulière des malades. Mais qu’en est-il du programme de ces médecins avant le déclenchement de cette action de protestation ? La réponse est simple : les personnels du Certa, et en particulier les médecins spécialistes, n’ont pas de repos. Selon leurs témoignages, ils travaillent sept jours sur sept.

Plusieurs fois, ils ont été réveillés en pleine nuit pour secourir un patient, parfois en dehors de l’espace du Certa. Dimanche, le médecin de service assure 65 consultations en psychiatrie et 25 en addictologie, selon leurs affirmations. Des soins sont prodigués quotidiennement à 33 patients sous méthadone. En 2023, pas moins de 38 000 patients (souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie) ont été pris en charge par cette équipe médicale. « La charge de travail nous a épuisés », ont affirmé nos interlocuteurs.

Toutefois, ce n’est pas tant la pratique médicale en elle-même qui les a épuisés, mais plutôt leurs conditions de travail, l’insécurité qui pèse sur eux comme une épée de Damoclès, ont-ils tenu à souligner. Certains interlocuteurs ont avoué que si la situation ne s’améliorait pas, ils n’auraient d’autre choix que de démissionner. « Nous préférons nous retrouver au chômage ou exercer un autre métier plutôt que de risquer nos vies », ont-ils déclaré avec regret. Néanmoins, malgré toutes ces difficultés, il reste une lueur d’espoir concernant le traitement du cas de Certa du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, qui continue de recevoir des patients de toutes les wilayas du pays.

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