«Complot contre l’Etat » : Said Bouteflika, Toufik, Tartag et Hanoune innocentés

Lorsque la chambre criminelle près la Cour suprême a tranché en novembre dernier par un arrêt, renvoyant l’affaire et l’acceptation du pourvoi en cassation des inculpés, les observateurs s’attendaient logiquement à un autre procès. Les avocats de la défense étaient depuis cet arrêt optimistes quant à l’issue finale de ce procès. Ils avaient sans doute des raisons bien justifiées pour le croire.

Ainsi, la cour d’appel militaire de Blida a acquitté samedi les accusés Saïd Bouteflika, frère et conseiller principal de l’ex-Président déchu, les généraux Mohamed Mediène et Athmane Tartag et enfin la SG du parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, lors de la réouverture de leur procès en appel relatif à l’atteinte à l’autorité de l’Armée et au complot contre l’autorité de l’Etat.

Selon l’avocat de la défense de Saïd Bouteflika, Me Khaled Berghel, « après la lecture de l’affaire sur l’assistance par le président de cour d’appel militaire de Blida, les accusés Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène, Athmane Tartag et Louisa Hanoune ont tous été entendus et ont plaidé non coupable ».

« Le Procureur général militaire a, quant à lui, demandé l’application juste de la loi », a-t-il relevé.

Après délibération, la cour d’appel militaire de Blida a rendu sa décision, à savoir annuler le jugement en première instance et acquitter tous les accusés.

La cour d’appel militaire de Blida a décidé pour ce procès, contrairement aux précédents, de n’autoriser qu’un seul avocat par accusé.

Le 18 novembre dernier, la chambre criminelle près la Cour suprême avait rendu un arrêt concernant l’affaire de pourvoi en cassation introduit par le procureur général militaire près la cour d’appel de Blida, portant acceptation du pourvoi en cassation et renvoi de l’affaire et des parties devant la cour d’appel militaire de Blida.

Pour rappel, celle-ci avait confirmé, le 10 février passé, le jugement en première instance en condamnant Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène et Athmane Tartag à 15 ans de prison ferme, tandis que Louisa Hanoune a été condamnée à trois ans de prison dont neuf mois de prison ferme.

Les accusés étaient poursuivis pour « des faits commis dans une enceinte militaire qualifiés par la loi de crimes de complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité de l’Armée et de complot contre l’autorité de l’Etat, faits prévus et réprimés respectivement par l’article 284 du code de la justice militaire et les articles 77 et 78 du code pénal ».

A l’époque de leur arrestation, l’Algérie connaissait une effervescence politique. La rue enregistrait des manifestations presque quotidiennes. Le commandement militaire, mené par le général de corps d’armée Gaid Salah, décédé il y a un an, avait décidé de prendre en charge les principales revendications du Hirak, notamment l’annulation du cinquième mandat. Dans la foulée, le commandement militaire de l’époque a rapidement sévi en procédant aux arrestations des généraux Toufik et Tartag ainsi que du cerveau de la réunion en question, le frère de Abdelaziz Bouteflika. Ils étaient accusés de vouloir mettre en place de nouvelles structures politiques transitoires, sorte d’un Haut-Conseil appelé à diriger le pays pendant une courte période. C’est d’ailleurs à cela que l’ancien chef d’Etat, Liamine Zeroual, avait refusé d’adhérer quand il a été invité à participer à cette rencontre.

Avec la fin de ce procès inédit, le général Toufik va retrouver, même convalescent, sa liberté. Concernant Tartag, il est cité dans au moins une affaire, notamment celle de Tliba, alors que Saïd Bouteflika est poursuivi dans plusieurs dossiers impliquant des hommes d’affaires, des chefs de gouvernement et des ministres.

Mohamed K.