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Op-Ed

5 juillet 1962, quand l’indigène chassa le roumi

5 juillet 1962, quand l’indigène chassa le roumi
Massacres de civils algériens par les troupes françaises en 1955

Soixante ans d’indépendance. Soixante ans de tiraillements entre Alger et Paris qui ne finissent pas.
Dure est à avaler la pilule de l’indépendance pour les nostalgiques, les harkis et les charognards qui ont bâti leur confort illégitime sur le dos des algériens pendant 132 ans. Les appels à la raison, à tourner la page et à regarder vers l’avenir ne finissent pas aussi. Ils proviennent de là où partent les offensantes attaques contre l’indépendance algérienne.

Comme si cette indépendance avait été usurpée, imméritée. Comme si les algériens autochtones étaient les colons des terres fertiles de la Mitidja ou des hauts plateaux constantinois véritables greniers pour garnir l’opulence des rois, princes et maréchaux de l’ancien empire. Les voix  surgissent en France à chaque célébration du 5 juillet ou le 1er Novembre pour pleurer le paradis perdu, alors que ce paradis a été un enfer pour les algériens.

Ces pleureuses qui ont érigé des murs de lamentations dans les médias français et dans des blogs sur le net ont participé, avec zèle et racisme à l’asservissement de tout un peuple, avec l’aveugle certitude qu’ils traduisaient la factice grandeur de l’œuvre civilisatrice chrétienne. Cette œuvre qui a marché sur les corps mutilés des peuples de l’Amazonie jusqu’au Vietnam a été héritée par la descendance de ces colons sanguinaires.

Au lendemain de la capitulation du Dey Hussein, l’Algérie a vu se déverser sur son sol des cortèges d’affamés, de misérables, de marginaux, des desperados, fuyant la famine, la tyrannie et l’infortune en Europe. Ils sont en fait venus spolier par le sang et le feu les terres d’un peuple cultivé et fier, raser l’identité et l’histoire d’une nation dont les imposteurs de la colonisation veulent occulter l’existence pour justifier leur abject forfait, maquillé en acte de civilisation.

Beaucoup parmi ces parvenus d’Europe étaient des hors- la-loi enrôlés au sein du corps expéditionnaire coloniale moyennant une concession de terrain ou de biens saisis par le glaive à l’autochtone. Ils semaient la terreur sous les ordres de généraux racistes dont la machine destructrice de l’algérien a duré 132 ans entamée par les Bugeaud et Saint Arnaud et achevé par les Salan, Susini et Lagaillarde.  Tout au long de leur présence, les colons regardaient l’indigène algérien comme une propriété.

Toute contestation de cette situation avilissante était inconcevable à leurs yeux tant ils étaient convaincus d’exercer un droit divin sur l’”arabe” d’Algérie. Ils n’étaient pas comptables ni de sa mort ni de sa misère. L’indigène algérien méritait son sort d’esclave puisque c’est le destin auquel il était voué par la volonté divine. L’église ainsi que les lois scélérates comme le code de l’indigénat, veillaient à légitimer l’ordre établi venu des fins fonds du Moyen-âge.

Ainsi, les revendications d’égalité, de justice réclamées par l’indigène  ont toutes essuyé une fin de non-recevoir de la France coloniale. Tout ce qui remettait en cause l’ordre établi, le régime colonial devait être broyé. Massacres, enfûmades, déportations ont été les réponses à la moindre résistance. Cette machine de répression a été l’une des plus atroces de l’histoire humaine. 

Bombardements au napalm des mechtas et douars, les exécutions sommaires, tortures inhumaines à tout prisonnier suspect, les massacres collectifs de toute population sur laquelle pesaient des « soupçons » de soutien aux moudjahidine étaient la recette civilisatrice livrée aux algériens durant la guerre de libération.

Aujourd’hui tout algérien digne de ce nom ne saurait oublier cette affreuse page de son histoire . Les générations qui sont les plus marquées par le traumatisme colonial ne sont pas seulement celles qui l’ont subi. Ces générations sont par la force du temps en voie d’extinction.

Ce sont plutôt les générations de l’Independence qui ont découvert l’étendue de l’imposture et l’horreur de la France coloniale et l’ampleur du désastre sur le pays et sur leur ascendance.
Si les colons ont légué à leurs descendance la nostalgie de l’occupation et le racisme contre l’algérien, les libérateurs du pays ont inoculé à la leur le droit à la mémoire, un pacte pour ne jamais oublier ce que fut la longue nuit coloniale.

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