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Op-Ed

Comment indemniser les sinistrés des feux de forêts ?

Les feux de forêts que notre pays a connu cette année constituent une vraie catastrophe. En dépit du fait que le bilan final des pertes n’a pas encore été établi, on peut mesurer l’ampleur des dégâts occasionnés par ce phénomène redoutable: des milliers d’hectares de couvert végétale réduits en cendre ! Des arbres fruitiers et des oliviers calcinés, des animaux décimés. Les agriculteurs des régions touchées par les incendies ont subi un désastre et essuieront les conséquences des années durant.

En visite aux régions dévastées par les feux, les hautes autorités de l’Etat en ont tenu un discours réconfortant et rassurant envers la population sinistrée et les ont rassuré quant à la prise en charge de leur indemnisation et dans les plus bref délais

Ces indemnités peuvent être prises en charge par le fonds des catastrophes naturelles et la caisse de solidarité des collectivités locales. Toutefois, l’indemnisation ne pourra être établie qu’à la suite des investigations et expertises par les services concernés afin que les réparations ne soient versées qu’aux véritables victimes. Comment peut-on indemniser ces sinistrés ? Comment peut-on les aider à se remettre sur pieds de nouveaux ? Comment les accompagner à reprendre leurs activités ?

L’indemnisation de l’agriculture assurée ne pose aucun problème et l’opération peut se dérouler dans les meilleures conditions et les meilleurs délais. La difficulté se pose pour ceux qui n’ont pas contracté une police d’assurance pour les cultures ou le bétail qui sont sans majoritaire. Dans ce cas, l’évaluation des pertes n’est pas du tout chose aisée !

Le premier Ministre parle de la création d’un fonds spécial pour indemniser les sinistrés des feux de forêts dans toutes les régions touchées par la catastrophe. Même si les surfaces sont restreintes dans ces zones montagneuses, la majorité de la population qui y vivent, activent dans le domaine de l’agriculture. Ils pratiquent l’oléiculture, l’arboriculture, l’apiculture, l’élevage bovin et avec un degré moindre l’élevage ovin et avicole mais qui demeure l’activité quasi-dominante. Deux options ont êtes évoquées pour l’indemnisation des agriculteurs sinistrés, indemnisation par compensation et indemnisation en numéraire.
‘’ Celui qui a perdu une chèvre on lui donnera une chèvre, celui qui perdu une brebis on lui donnera une brebis et celui qui a perdu les oliviers on va lui replanter les oliviers, …’’ tel est l’esprit de l‘indemnisation par compensation

Si le remplacement les différents cheptels (ovin, avicole, apicole,…) parait en quelque sorte faisable même si la transaction d’achat et de distribution de ces bêtes peuvent être réalisées de façon opaque et incorrecte, que faire alors pour les arbres d’oliviers séculaires, qui ont nourri des générations et des générations et qui constituent pour ces populations un héritage sacré. Peut-on les remplacer par de nouvelles plantations qui ne rentreront en pleine production qu’après dix longues années ?

Que fera cet agriculteur qui ne vit que de ces oliviers ? Il croisera les bras pendant des années en attendant de triturer les premiers fruits de ces nouvelles plantations ?

Il n’est un secret pour personne que l’olivier, dans diverses régions de pays à l’instar de le Kabylie est considéré comme un patrimoine qui fait partie du décor immuable et c’est de l’olivier que dépend presque toutes les recettes financières qui constituent leurs budgets annuels assurant le ‘’fonctionnement’’ de leurs foyers, l’olivier est leur gagne-pain !

Il en est de même pour les arbres fruitiers, compenser les vergers productifs ravagés par les feux par les seules nouvelles plantations ne constitue pas un dédommagement équitable, un arbre qui produit ne pourra jamais être indemnisé de la sorte. Ceux qui préconisent cette forme de dédommagement ont-ils une idée sur les moyens à leur portée pour réaliser ces opérations dans les délais projetés ?

La plantation d’olivier et d’arbres fruitiers ne pourra se faire à la longueur de l’année pour des raisons techniques propres aux différentes espèces arboricoles, une telle opération qui se réalisera sur d’importantes surfaces et de surcroit dans les zones montagneuses prendra beaucoup plus de temps que l’on prévoit, c’est presque une mission impossible !

Se référant à des expériences de dédommagement déjà vécues dans d’autres circonstances, l’indemnisation des sinistres des feux de forêt nous laissent croire que l’opération ne se déroulera pas dans les meilleures conditions, avec l’extinction de le dernière flamme, on se désengage au fur et à mesure et les sinistrés auront toutes les peines du monde pour se voir régler. L’indemnisation par compensation si jamais elle sera appliquée durera dans le temps et risque de ne pas aboutir .

*Expert consultant en développement agricole



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