Colloque sur l’entrepreneuriat : L’inter-territorialité et la décentralisation en question

« Entrepreneuriat et dynamique territoriale supranationale : l’inter-territorialité à l’international à l’épreuve du développement des espaces infranationaux », tel est le thème d’un colloque national de deux jours initié par la faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et dont le coup d’envoi des travaux a été donné, ce mardi, dans l’espace même de ladite faculté.
Il convient de signaler que ce rendez-vous a vu la participation de gens de science, d’universitaires et autres intellectuels, d’acteurs économiques et de personnalités politiques. Dans son discours d’ouverture, le Dr Ali Mokrane, doyen de la faculté organisatrice de l’événement, a souligné que ce colloque sur l’inter-territorialité à l’international à l’épreuve des espaces infranationaux est d’un intérêt certain, et ce tant au niveau théorique qu’au niveau empirique.
« Au niveau théorique, poursuit l’intervenant, les communications choisies, très nombreuses et pour la plupart variées, devraient nous apporter des éléments de réponse très utiles concernant les problématiques liées à l’analyse territoriale, à la coopération décentralisée et à l’inter-territorialité à l’international. Ensuite, au niveau empirique, on s’attend à ce que les thématiques traitées au cours de ce colloque national puissent nous fournir des éclairages très utiles, à travers un riche travail d’investigation sur le terrain, des recherches documentaires, une abondance d’informations et de données statistiques ».
« Le thème du colloque, ajoute le Dr Ali Mokrane, est d’actualité car dans un contexte économique mondial marqué par les difficultés financières et budgétaires des Etats, des déséquilibres macroéconomiques, des phénomènes inflationnistes, un risque majeur d’une récession économique mondiale en 2023, des incertitudes politiques et économiques, une crise sanitaire et une crise énergétique, on assiste à une remise en question du modèle ou du paradigme de développement par le haut, dont l’acteur principal est l’Etat et/ou une grande entreprise ».
Mokrane estime que, « par conséquent, l’alternative semble être le développement par le bas, et, par ricochet, les questions liées au développement local territorial et à l’inter-territorialité se posent avec acuité ». Enfin, l’intervenant estime que vu le peu de travaux consacrés au lien entre le local et le global et devant ‘’l’échec’’ des politiques nationales de développement, on assiste à un processus de globalisation qui traduit un certain nombre d’interactions, d’interdépendances et d’articulations entre les échelles locales et globales, dans le cadre d’une économie globalisée ».
L’implication des acteurs économiques
De son côté, le Pr Bélaïd Abrika, en sa qualité de président du colloque, a souligné l’impératif d’une synergie entre les différentes parties interpellées par les besoins d’une réelle dynamique économique, et ce par la prise en considération des territoires à l’échelle locale et régionale. Tout en mettant en exergue la coopération entre gouvernements, il met un accent sur celle des ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales.
Le Pr Bélaïd Abrika souligne la nécessité impérative d’impliquer les acteurs économiques pour profiter de leurs expériences sur le terrain. Le président du colloque estime que, dans ce cadre précis, il est aussi primordial de redonner aux collectivités, tant locales que régionales, leur véritable essence.
En parlant de synergie et du principe de coopération « gagnant –gagnant », le Pr Bélaïd Abrika a affirmé que « notre communauté à l’étranger est nombreuse et forte, d’où notre volonté de l’impliquer dans cette dynamique de développement ».
Dans un point de presse, le président du colloque revient sur les objectifs ciblés par ce colloque. A la question relative à la révision du code communal, qui permettra aux collectivités locales de jouer pleinement leur rôle, le Pr Bélaïd Abrika déclare qu’« en tant qu’universitaires, nous aurions voulu être invités pour participer à sa révision, et ce en exprimant nos suggestions ».
Le conférencier a manifesté son désarroi face à la situation catastrophique du barrage de TaksebtBarrage de Taksebt Le barrage de Taksebt est un barrage de type remblai, sur la rivière de Takhoukht et son prolongement, l'oued Aissi, au niveau des communes d'Irdjen et Beni Aïssi dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il est construit entre 1993 et 2002, d'une hauteur de 76 m et d'une capacité de 180 millions m³.. Selon le Pr Bélaïd Abrika, en sus de l’élément hydrique, il est nécessaire de créer, au niveau du barrage de Taksebt, un certain ensemble d’activités d’un intérêt loin d’être négligeable. Il s’agit, entre autres, de développer l’élément économique et commercial, des activités sportives et culturelles et tant d’autres segments rentables.
De son côté, le comité organisateur du colloque a, dans un document, observé que « la coopération inter-territoriale supranationale décline la stratégie des relations étatiques à l’échelle internationale et son articulation aux territoires infranationaux. En Algérie, en plus de l’absence d’une entité régionale, les initiatives menées par les collectivités locales sont soumises au contrôle, a priori et a posteriori, des organes déconcentrés de l’administration de l’Etat.
Doit-on attendre la formation ou la création de « régions économiques » ou la régionalisation, espace de cristallisation des nombreuses potentialités de développement économiques du pays, pour enclencher un processus de coopération économique décentralisée ? Les modèles de gouvernance des nations axés sur la déconcentration et/ou la décentralisation influencent le degré d’implication des collectivités locales, des élus locaux et des acteurs de la société civile à l’origine de la coopération informelle.
Rappelons les nombreuses initiatives engagées et actions matérialisées ou organisées par la communauté des émigrés en relation avec les comités et associations villageoises. La méfiance et la défiance, les appréhensions, les pratiques clientélistes des parties prenantes, la gouvernance et la citoyenneté constituent des éléments d’une grille de lecture sur la projection des accords de la coopération décentralisée.
Les dernières mesures législatives introduites dans les codes des collectivités locales de 2012, la circulaire de 2015 et le décret exécutif de 2017 en Algérie, réglementant la coopération décentralisée, ont-elles amorcé de nouvelles dynamiques porteuses de processus conventionnels internationaux ? Le vaste domaine de la coopération à l’international mobilise des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux. Les nombreux objectifs de l’action de l’inter-territorialité à l’internationale, qui ambitionne d’amorcer la logique « gagnant-gagnant », soulève une multiplicité d’interrogations, notamment en matière de développement socio-économique, ce qui constitue le creuset de l’inter-territorialité supranationale.
Les innombrables projets de développement d’envergure internationale menés dans les pays en développement peuvent-ils faire l’objet de réflexion d’un nouvel apanage de pôle de compétitivité de l’attractivité territoriale des espaces infranationaux ?
Il faut donc une coopération économique durable et structurante qui corresponde aux objectifs de développement que devraient se fixer les régions et les collectivités locales. Il s’agit, dans ce colloque, de mettre en exergue, à travers les processus de la coopération décentralisée, la portée des dynamiques socioculturelles et économiques, substrat d’un développement territorial local durable, mais aussi d’indiquer, entre autres, la place accordée aux activités entrepreneuriales au niveau local ou régional et leurs capacités à se propulser à l’international.
La thématique de ces journées revêt un caractère particulier dans la mesure où elle vise à établir un état des lieux à propos de l’inter-territorialité, et ce dans l’optique de mieux appréhender les obstacles contraignant les projets d’envergure de la coopération décentralisée. Les participants à ce colloque sont invités à développer leurs analyses, leurs approches et leurs visions en abordant la problématique générale des dynamiques territoriales supranationales et leurs apports aux espaces infranationaux partenaires.
Les études de cas consacrées à un ou plusieurs domaines d’intervention relevant des secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la santé et de l’humanitaire, du tourisme et de l’artisanat, de l’agriculture de la jeunesse et des sports, du patrimoine et de la culture, de l’aménagement sont attendues. Il convient enfin de noter qu’il est attendu plus de 45 communications, dont certaines seront faites par des communicants venant de l’étranger, plus particulièrement de France.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.