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Culture

Colloque de l’IvrEsQ: la critique littéraire sous la loupe des critiques

Colloque de l’IvrEsQ: la critique littéraire sous la loupe des critiques

Cette fin de semaine, la revue littéraire l’ivrEscQ a organisé à la Bibliothèque nationale la deuxième édition de son colloque international. Le thème central était censé passer en revue la critique littéraire journalistique et la critique universitaire, mais sans pour autant tracer une ligne de démarcation entre les deux.

Durant deux jours, des participants émérites algériens et étrangers se sont penchés, parfois avec passion, sur la lancinante question de la critique littéraire, un exercice auquel s’adonnent autant les journalistes, que les académiciens et les chercheurs universitaires en s’appuyant sur différents outils et approches, lesquels parfois et à la fois se heurtent et se complètent.

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Dans son intervention, l’écrivain, essayiste et journaliste littéraire français Frederic Ferney, a affirmé qu’il était souvent impossible de concilier la critique journalistique et la critique académique, mais qu’il était nécessaire de les examiner avant d’appréhender une œuvre littéraire. Son collègue Charles BonnP, de l’université de Lyon, et ancien professeur à l’université Mentouri de Constantine a jugé que la critique d’une œuvre n’est cependant pas le reflet d’une société. « Si on se base sur un livre pour comprendre une société, on se trompe de méthode et de chemin », a-t-il dit.

Manel Aït Mekideche, doctorante en littérature et spécialiste de l’auteur Mohamed Dib, considère que l’auteur n’est point maître de l’idée qu’on se fait de son ouvrage. Selon elle, Mohamed Dib s’est toujours désolidarisé de ses écrits. L’auteur affirme, toujours selon elle que ses livres ne lui appartiennent plus et toute critique qui est faite de ses œuvres appartient à ceux qui la font. Dib a toujours reconnu que ses œuvres inspiraient des grilles de lectures qui le surprenaient. Les affirmations et les questionnements des participants à ce colloque ont abouti à reconnaître que la critique littéraire des départements de littérature des universités est à la fois complémentaire et indispensable à la critique journalistique. La première possède un caractère scientifique alors que la deuxième se limite, bien souvent, à une présentation de l’auteur et de son ouvrage.

Lynda Nawel Tebbani, chercheur à l’université de Lyon et chercheur associé au CRASC d’Oran a souligné, que la recherche académique ne peut être assimilée à de la critique telle que perçue par les auteurs ou les journalistes, mais qu’il s’agit, selon elle, d’un travail plus approfondi dans l’analyse de l’œuvre littéraire. Les auteurs, éditeurs et hommes de lettres présents ont estimé que l’écrivain, concentré dans la recherche d’idées, de mots et d’expressions appropriés, se trouve dans une impasse et dans la difficulté de répondre aux questions posées par le critique littéraire journalistique.
Badreddine Mili, l’ancien directeur général de l’APS, a brassé durant son exposé, le cheminement de l’écriture en Algérie depuis l’ère coloniale à travers sa nature, sa diversité et ses « urgences ». L’assistance aura remarqué durant les débats les échanges passionnés, parfois à fleurets mouchetés, entre les intervenants notamment entre les partisans d’une critique qui se soucient de la classification des œuvres selon les circonstances, le lieu ou le genre (féminine ou masculine) et de ceux qui aspirent à libérer l’oeuvre littéraire de la « ghétoisation ».

Ainsi, bien souvent, cet auteur se redécouvre et s’étonne de l’impact négatif ou positif de certains passages de son livre. Ce thème de la critique littéraire s’est élargi au cours de ce colloque sur les domaines concernant le livre, tels que l’accoutumance à la lecture, les problèmes de l’édition, de la diffusion, de la distribution et les questionnements soulevés par la gestion de bibliothèques et les métiers du libraire. Des éclairages nouveaux ont permis de mettre en lumière le rôle de ces fonctions nobles dans la promotion et le développement de l’édition.

La directrice de la revue littéraire l’ivrEscQ, Mme Nadia Sebkhi, a annoncé la tenue, en cette année 2015, du troisième colloque. On retiendra les idées forces de cette rencontre, comme « l’écrivain est aveugle dans sa création », une réflexion d’un éminent prix Nobel de littérature et aussi cette sagesse à méditer : « la lecture est à l’esprit ce que le sport est au corps. »



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